Les estimations donnent 144 sièges à Syriza (contre 149 dans le Parlement sortant), soit 154 sur 300 dans le nouveau Parlement.
Le Premier ministre grec sortant Alexis Tsipras a gagné un triple pari aux législatives de dimanche, en ramenant aisément son parti de gauche radicale Syriza au pouvoir, en reformant une coalition avec la droite souverainiste, et en se débarrassant complètement de l'aile gauche de son parti.
Avec deux tiers (66,08%) des bulletins dépouillés, Syriza était crédité de 35,43% des voix contre 28,30% au parti de droite Nouvelle Démocratie (ND), soit une avance de plus de sept points.
"Devant nous s'ouvre la voie du travail et des luttes", a tweeté M. Tsipras, avant sa réaction officielle à la télévision.
Le dirigeant de ND, Vangelis Meïmarakis, a rapidement reconnu sa défaite, et "félicité" M. Tsipras.
Malgré une forte abstention (autour de 44%), les Grecs ont donc donné une deuxième chance à M. Tsipras, qui avait fait le pari de démissionner en août après avoir perdu sa majorité au Parlement, en espérant obtenir un nouveau mandat plus solide.
Remplacé à la tête du gouvernement par la présidente de la Cour suprême Vassiliki Thanou pendant ce mois de campagne, M. Tsipras avait défini dimanche son futur gouvernement comme "un gouvernement de combat", qui "continuera avec la même détermination, le même sens du sacrifice, à mener des batailles pour défendre les droits de notre peuple".
Arrivé au pouvoir en janvier, dans un grand mouvement d'espoir d'un peuple épuisé par six ans de crise profonde, M. Tsipras, premier chef de gouvernement européen issu de la gauche radicale, avait démissionné après l'éclatement de sa majorité parlementaire lors du vote par les députés du troisième plan d'aide au pays par l'UE et le FMI en cinq ans, d'un montant de 86 milliards d'euros.
Carpe et lapin
M. Tsipras avait dû signer ce plan sous la contrainte, comme un pis-aller, explique-t-il depuis, pour éviter au pays une sortie de l'euro.
Même si l'ambiance à son QG de campagne était relativement sage dimanche après la victoire, comparativement à janvier, il pouvait être content de lui.
Car, et c'est son deuxième pari gagné, il va pouvoir reconstituer exactement la même alliance que lors de son premier mandat, avec les Grecs Indépendants (ANEL), un parti pourtant de droite souverainiste, dont la plupart des sondages prédisaient qu'il ne serait pas en mesure de revenir au parlement.
Ce mariage de la carpe et du lapin a été parfaitement réussi pendant sept mois, le leader d'ANEL, Panos Kammenos, se montrant ravi de son poste de ministre de la Défense et tenant ses troupes d'une main de fer.
"Nous allons unir nos forces, (...), nous allons continuer ensemble", a lancé Alexis Tsipras dans un discours devant les sympathisants de Syriza, avant d'être rejoint sur la tribune par M. Kammenos.
Les autres aspirants à entrer dans une coalition, le parti centriste To Potami ("la Rivière"), créé en 2014 par un ancien journaliste de télévision, Stavros Theodorakis, et le Pasok, le parti socialiste autrefois puissant, ont pris acte que M. Tsipras n'avait pas besoin d'eux, et se sont déclarés dans l'opposition.
Les estimations donnent 144 sièges à Syriza et 10 à ANEL (contre 149 et 13 dans le Parlement sortant), soit 154 sur 300 dans le nouveau Parlement.
Fortes personnalités
De surcroît, et c'est le troisième pari gagné par M. Tsipras, Unité populaire, qui rassemble les députés dissidents du Syriza dont le vote négatif en août a précipité ces législatives, n'a pas réussi à trouver assez d'électeurs pour entrer au parlement.
M. Tsipras est ainsi débarrassé de personnalités aussi fortes que l'ancien ministre de l'énergie Panayiotis Lafazanis, favorable à un retour à la drachme, ou l'ex-présidente du Parlement, la pasionaria Zoé Konstantopoulou, qui prônait de ne pas rembourser la dette du pays.
Son retour au pouvoir sera suivi avec une attention particulière par les créanciers de la Grèce, UE et FMI, mais aussi par les dirigeants politiques européens.
Dès l'annonce des premiers résultats, M. Tsipras s'est entretenu au téléphone avec Martin Schulz, le président du Parlement européen, le président français François Hollande, le chancelier autrichien Werner Faymann et le président chypriote Anastasiadis, qui l'ont félicité, selon son bureau, le dernier saluant ce "choix de stabilité".
Cette nouvelle victoire sera aussi surveillée de près en Espagne, au Portugal et en Irlande, très touchés également par la crise et où se déroulent d'importantes élections dans les prochains mois.
Par ailleurs, à la faveur de la crise des migrants, le parti néonazi Aube dorée semblait, selon les résultats partiels, conforter sa place de troisième parti du pays, avec 7,04% et 19 députés (deux supplémentaires).