C’est la plus grosse délégation européenne arrivée en Iran ces dernières années.
Quelque 150 entrepreneurs français emmenés par deux ministres ont entamé lundi à Téhéran une mission économique pour reprendre pied sur le marché iranien, où la concurrence sera "féroce" face aux autres groupes étrangers.
"La plus grosse délégation européenne" arrivée en Iran ces dernières années, selon le Medef, l'organisation patronale française, va jusqu'à mercredi multiplier les contacts avec les forces économiques de ce marché prometteur de 79 millions d'habitants.
La "volonté stratégique" est "de s'inscrire dans le temps long" concernant la présence économique française en Iran, a déclaré le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
Avec le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, il a à cet effet inauguré un centre "Business France" à Téhéran.
Installé dans l'enceinte de l'ambassade de France au centre de la capitale, "Business France" a pour but d'aider et conseiller les entreprises françaises souhaitant s'implanter en Iran. Quelque 70 "Business France" existent déjà à travers le monde.
C'est "l'un des leviers de la diplomatie économique" française, a affirmé M. Fekl, en exprimant le souhait que ce bureau porte "une attention particulière aux petites et moyennes entreprises".
Les groupes français font face à "une concurrence féroce", a prévenu M. Le Foll, des autres entreprises européennes ou américaines intéressées par le juteux marché iranien.
Les ministres et les délégations économiques et commerciales se succèdent en effet à Téhéran depuis la signature, le 14 juillet, de l'accord historique sur le dossier nucléaire, qui ouvre la voie à la levée des sanctions occidentales visant l'Iran.
Mais selon Yves Thibault de Silguy, vice-président de Medef International et vice-président du groupe de construction et de concessions Vinci, un "atout" de la France "est sa compétence dans le domaine de la recherche scientifique" qu'elle doit faire valoir en passant des "accords de coopération technique" avec l'Iran.
Pour M. Le Foll, le fait que la France ait été un partenaire traditionnel de l'Iran représente également un avantage. "Ce qu'on veut, c'est promouvoir et s'appuyer sur ce qui existe, sur ce qu'il faut développer et puis innover aussi dans la relation", a-t-il ajouté.
La France a vu ses échanges avec ce pays s'effondrer, de 4 milliards d'euros en 2004 à 500 millions en 2013, sous l'effet des sanctions internationales imposées à Téhéran depuis 2006 en raison de ses programmes nucléaires controversés.
Parmi les 150 entrepreneurs de la mission, figurent les représentants des plus grands groupes français des secteurs pétrolier, de l'automobile, des transports ou de l'industrie du luxe.
Contrat agricole
Invités par MM. Le Foll et Fekl à leur transmettre les messages qu'ils souhaitaient faire passer aux autorités iraniennes, plusieurs ont insisté sur la nécessité de rappeler qu'ils n'avaient jamais quitté l'Iran, même s'ils avaient dû réduire leurs activités à cause des sanctions.
D'autres ont mis en avant la propriété intellectuelle, la fiscalité, l'enregistrement des activités ou encore la reprise de la desserte aérienne entre Paris et Téhéran par Air France.
Des inquiétudes ont par ailleurs été exprimées à l'égard des lois américaines d'extra-territorialité qui pourraient frapper des entreprises françaises en Iran.
M. Fekl a pour sa part insisté sur le nécessaire "travail de fond sur les partenariats" avec le gouvernement et les entreprises locales.
Un premier contrat de coopération agricole a été signé entre M. Le Foll et son homologue iranien, Mahmoud Hodjati, qui a dit vouloir "profiter de l'expérience de la France", en particulier dans les domaines de l'élevage et de la production céréalière.
La délégation française séjourne jusqu'à mercredi en Iran et se rendra mardi à Mashhad (nord-est).
Le président iranien Hassan Rohani se rendra à Paris en novembre, a annoncé la semaine dernière le Premier ministre français Manuel Valls.
Une invitation du président français François Hollande lui avait été transmise par le chef de la diplomatie Laurent Fabius, venu fin juillet à Téhéran.
M. Fabius avait préféré venir alors sans acteurs économiques afin de ne pas donner l'impression que la France se précipitait sur le "gâteau" iranien sitôt l'accord nucléaire signé.