24-11-2024 07:43 AM Jerusalem Timing

Syrie: Fabius ne veut pas le départ du président Assad comme préalable

Syrie: Fabius ne veut pas le départ du président Assad comme préalable

Des députés français projettent une visite privée en Syrie.

La solution à la crise syrienne passe par un "gouvernement d'union nationale" incluant des éléments du régime et de l'opposition, a réitéré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, sans poser explicitement le départ du président Bachar al-Assad comme préalable, dans un entretien à plusieurs journaux européens mardi.

"Pour éviter un effondrement du système comme en Irak, il faudra conserver l'armée et d'autres piliers de l'Etat (...) Il faut à la fois des éléments du régime et des membres de l'opposition qui refusent le terrorisme", a déclaré M. Fabius dans un entretien publié par les quotidiens français Le Figaro, suisse La Tribune de Genève, espagnol El Pais, italien La Repubblica et belge Le Soir.

Interrogé sur le fait de savoir si le départ du président syrien était un préalable à la négociation, M. Fabius a répondu: "Toute discussion est vouée à l'échec si l'on dit : + Quoi qu'il arrive, le futur de la Syrie, ce sera Bachar al-Assad+. Mais si on exige, avant même que la négociation commence, qu'Assad présente ses excuses, on n'avancera pas non plus".

Evoquant la proposition russe d'une vaste coalition internationale, incluant le pouvoir syrien, contre les takfiristes de Daesh, M. Fabius a déclaré: "Moscou dit vouloir une coalition de bonnes volontés.

Pourquoi pas? Mais dans les bonnes volontés, comment inclure Bachar al-Assad ?", s'est-il interrogé, disant que Paris considérait M. Assad comme le principal responsable du chaos syrien et que voir en lui une solution relevait de "l'illusion", selon ses propres termes.

Evoquant la décision française d'effectuer des vols de reconnaissance aérienne pour éventuellement frapper des bases takfiristes de Daesh (EI), le ministre a estimé qu'il s'agissait de "légitime défense".

"Nous avons reçu des éléments précis selon lesquels des attentats contre la France et d'autres étaient en préparation par des éléments de Daesh depuis la Syrie", a-t-il dit sans plus de précisions. "Face à cette menace, nous avons pris la décision d'effectuer des vols de reconnaissance pour nous mettre en situation de frapper, si nécessaire. C'est de la légitime défense. Il n'y a pas d'incohérence : nous avons adapté notre dispositif face à une menace avérée et augmentée", a-t-il ajouté.

La France a étendu le 8 septembre à la Syrie les opérations aériennes (opération Chammal) qu'elle menait depuis un an en Irak contre Daesh, à partir notamment de la base aérienne d'Al Dhafra aux Emirats.

Des députés français projettent une visite privée en Syrie 

Par ailleurs, quelques mois après la bronca suscitée par le voyage en Syrie de quatre parlementaires français, trois députés socialistes ont à nouveau prévu de s'y rendre fin septembre, suscitant les "réserves" de leur chef de file à l'Assemblée.

Tout en reconnaissant la "liberté" d'action des députés, Bruno Le Roux a en effet exprimé devant la presse à l'Assemblée nationale sa "réserve sur ce type de voyage" et appelé à ce que "rien ne puisse donner prise à une instrumentalisation" par le président syrien Bachar al-Assad.

Les trois députés de la majorité socialiste, Gérard Bapt, président du groupe d'amitié France-Syrie, Christian Hutin et Jérôme Lambert, décrivent ce voyage prévu du 26 au 30 septembre comme "strictement privé", avec des visites à Damas, à Homs, à Lattaquié, mais aussi dans les villages d'al-Qaryatain ou de Maaloula.

Ils entendent exprimer "la solidarité des parlementaires français avec les minorités d'Orient" et évaluer "la situation humanitaire sur le terrain".

Mais ce voyage vise également, a expliqué M. Hutin sur son blog, à "manifester notre soutien à la souveraineté de la Syrie, à la défense des institutions de l'Etat syrien et à l'intégrité territoriale des frontières de la Syrie".

Les trois députés entendent rencontrer des parlementaires, des représentants des autorités ecclésiastiques ou encore le directeur des Antiquités et des musées syriens.

En mars, le déplacement de quatre parlementaires en Syrie, parmi lesquels Gérard Bapt, avait provoqué une vive polémique. L'exécutif avait affiché sa colère, notamment après la rencontre de trois membres de cette délégation avec le président syrien.

L'ex-président français Nicolas Sarkozy, aujourd'hui dans l'opposition de droite, avait traité ces parlementaires de "gugusses".

Avec AFP