23-11-2024 10:42 AM Jerusalem Timing

Boston Globe: la Russie n’est pas l’ennemi des Etats-Unis

Boston Globe: la Russie n’est pas l’ennemi des Etats-Unis

"Les principaux membres de l’establishment politico-militaire américain ont grandi à époque de la guerre froide.."

Les ennemis imaginaires sont très dangereux, car ils conduisent à des conflits inutiles et détournent l'attention des problèmes réels. Les Etats-Unis se sont forgé un ennemi de ce type en la personne de la Russie.

La campagne actuelle contre la Russie a été provoquée par ce que certains qualifient "d'agression" contre l'Ukraine, affirme Stephen Kinzer dans les pages du Boston Globe. Selon lui, Washington est également agacé par la décision du Kremlin d'aider le régime de Bachar el-Assad en Syrie. Mais les véritables raisons des sentiments antirusses sont plus profondes, estime l'analyste.

"Les principaux membres de l'establishment politico-militaire américain ont grandi à époque de la guerre froide. Ils ont passé la plupart de leur vie à croire que l'antéchrist vit à Moscou. Aujourd'hui, ils continuent à affirmer que la guerre froide n'a jamais pris fin", indique Stephen Kinzer.


Désireux de profiter pleinement des avantages obtenus suite à la chute de l'Union soviétique, les Etats-Unis ont provoqué une réaction nationaliste en Russie. Le président Vladimir Poutine en est devenu le symbole. Il est très populaire en Russie, car le peuple russe est persuadé que Poutine s'efforce de redonner au pays l'influence qu'il a perdue. Et c'est aussi pour cela que Poutine est diabolisé à Washington.

Cet été, la déclaration la plus radicale au sujet de la puissance militaire russe a été faite par le chef d'état-major interarmées, le général Joseph Dunford. Selon lui, la Russie "peut constituer une menace pour l'existence des Etats-Unis".


"Les déclarations de ce genre semblent étranges et excentriques sous plusieurs formes. Premièrement, la Russie est un pays foncièrement faible avec une économie instable. Elle n'est capable ni de rivaliser avec les Etats-Unis, ni, à plus forte raison, de nous menacer. Deuxièmement, la Russie est entourée de bases américaines, elle entend chaque jour des menaces émanant de l'Occident et elle voit des canons otaniens à ses frontières. C'est pourquoi elle a toutes les raisons de craindre pour sa sécurité. Troisièmement, en isolant la Russie, nous la poussons dans les bras de la Chine et encourageons par là-même un partenariat susceptible de créer une menace réelle pour le pouvoir et l'influence des Etats-Unis", écrit Stephen Kinzer.

D'après lui, Washington considère la Russie comme un "fauteur de troubles", car elle refuse de jouer d'après les règles américaines. Donc, il faut la punir. Cependant, estime l'analyste, il faut reconnaître que la Russie est une puissance souveraine qui ne veut pas obéir aux ordres venus de l'Occident et qui refuse de voir les Etats-Unis encourager les mouvements antirusses à ses frontières.