Ankara ferme ses oreilles à toutes les explications de la Russie et veut l’accuser coute que coute.
Depuis que la Russie a entamé ses frappes contre les groupuscules terroristes en Syrie, c’est surtout la Turquie qui lui cherche la puce.
En plus de multiplier ses accusations, arbitraires à vrai dire, Ankara s'est vite retourné vers l'Otan, ignorant les explications russes. Ce qui selon Moscou ne saurait cacher "ses vraies intentions" de faire intervenir l'Alliance .
Ce mardi encore, Ankara a dénoncé un double « harcèlement » de la part des avions russes contre ses appareils.
Dans le communiqué de son armée, il est question d’un MIG-29 qui aurait allumé son radar pour identifier sa cible, en signe de préparatif à tirer un missile, et ce pendant 4 minutes 30 secondes. Ceci se serait passé sur la frontière entre la Syrie et la Turquie.
Quant au deuxième harcèlement, toujours selon le texte, il aurait été provoqué par une batterie de missiles sol-air SA et qui a duré 4 minutes 15 secondes. Celle-ci est en revanche déployée en sol syrien.
Pour tout observateur avisé, les agissements russes, s’ils ont eu lieu n’ont rien d’une violation pour susciter si violemment la susceptibilité turque.
Or il est vrai que la Turquie s’est permis durant les années de crise syrienne bien des libertés dans le nord syrien, où elle s’est comportée en maitresse des lieux et en commandante des milices. Sans oublier qu’elle a joué, aux côtés des puissances occidentales et des monarchies arabes un rôle déclencheur de cette crise et déstabilisateur de ce pays.
Mais depuis le 30 septembre dernier, le président turc Reccep Tayyeb Erdogan n’arrive pas à cacher sa colère, et multiplie ses menaces. Fermant les oreilles à toute explication russe.
"Nos relations avec la Russie sont connues de tous mais si la Russie perd un ami comme la Turquie avec laquelle elle a nombre de coopérations, alors elle perdra beaucoup. La Russie doit le savoir", a-t-il martelé lors d'un point de presse télévisé en Belgique, rapporte l'AFP.
Pourtant, Moscou avait reconnu le premier incident qui lui a été attribué le dimanche 3 octobre, confirmant bien qu’un Su-30 a pénétré dans l’espace aérien turc, mais seulement pendant quelques secondes, et ce pour des raisons météorologiques.
Quant au second, celui que deux F-16 turcs ont été harcelés pendant 5 minutes et 40 secondes par un MIG-29 dont le pays n’a pu être identifié, Moscou ne l’a pas reconnu.
Récupérée par l’Otan, la version des faits est encore plus alarmante et les accusations de violation sont plus acerbes. Il est question de Su-30 et Su-24 qui ont violé l'espace aérien turc les 3 et 4 octobre, malgré les avertissements des autorités turques. « La violation de l'espace aérien de la Turquie par deux avions de combat russes ce week-end n'est "pas un accident », a estimé mardi le patron de l'Otan, Jens Stoltenberg
Les vraies intentions
Selon le représentant russe auprès de l’Otan, le fait d'ignorer les explications russes "trahit les vraies intentions" de l'Alliance.
"On a l'impression que l'incident dans l'espace aérien turc a été utilisé pour entraîner l'Otan dans la campagne informationnelle lancée par l'Occident, qui défigure et déforme les objectifs de l'opération menée par les forces aériennes russes en Syrie", a déclaré mardi le représentant russe auprès de l'Otan Alexandre Grouchko, selon Sputnik.
"De tels incidents sont généralement éclaircis par des canaux bilatéraux ou militaires", a-t-il ajouté.
"Le fait que les explications de la partie russe aient été ignorées trahit les vraies intentions des initiateurs de la convocation du Conseil (de l'OTAN le 5 novembre, ndlr)", a martelé le responsable.