L’affaire risque de susciter quelques grincements de dents en Algérie, très chatouilleuse sur les questions de souveraineté nationale, particulièrement à l’égard de l’ancienne puissance coloniale.
Des soldats français opèrent-ils secrètement en Algérie, Libye et au Nigeria ? Oui à en croire un arrêté ministériel publié dans le très sérieux Journal Officiel, non selon un démenti formel de la Défense qui a déploré mardi une "erreur" et demandé le retrait du texte.
L'arrêté en date du 25 septembre 2015, signé du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et publié au JO le 1er octobre, porte sur l'indemnisation des risques "invalidité et décès" pour les militaires participant à l'opération Barkhane.
Cette opération antiterroriste couvre cinq pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso).
Mais l'arrêté énumère aussi une série d'autres pays, limitrophes de cette zone et eux aussi en proie à des mouvements takfiristes où l'armée française n'est a priori pas présente: Algérie, Libye et Nigeria.
Sont concernés, selon le texte, les "militaires participant à des opérations extérieures sur les territoires de la République islamique de Mauritanie, de la République du Sénégal, de la République du Mali, de la République algérienne démocratique et populaire, de la République de Côte d'Ivoire, du Burkina Faso, de la République du Niger, de la Libye, de la République du Tchad, de la République fédérale du Nigeria, de la République du Cameroun et de la République centrafricaine".
Quelque 900 soldats français sont déployés en Centrafrique dans le cadre de l'opération Sangaris et plusieurs centaines au Sénégal, au Cameroun et en Côte d'Ivoire en vertu d'accords de coopération.
L'arrêté, également signé par le ministre des Finances, Michel Sapin, et le secrétaire d'Etat chargé du Budget, Christian Eckert, stipule que sont concernés tous les soldats pour "services effectués dans le cadre de l'opération Barkhane", du 1er octobre 2014 (bien 2014 et non 2015, ce qui suggère une autre erreur) au 30 septembre 2016.
Le ministère de la Défense a opposé un démenti formel à toute présence militaire française en Algérie, Libye et au Nigeria.
"Les ministres signataires ont décidé de retirer cet arrêté dont l'objet est exclusivement de régir la situation indemnitaire des militaires français mais qui était entâché d'une erreur matérielle en tant qu'il définissait son champ d'application géographique", a-t-il annoncé dans une déclaration à l'AFP.
L'affaire risque de susciter quelques grincements de dents en Algérie, très chatouilleuse sur les questions de souveraineté nationale, particulièrement à l'égard de l'ancienne puissance coloniale.
En Libye, Jean-Yves Le Drian pointe aussi régulièrement le danger que constituent les sanctuaires takfiristes pour la sécurité du Sahel. Il avait même évoqué en septembre 2014 la nécessité "d'agir" dans ce pays avant de démentir toute intention d'y intervenir militairement. L'armée française dispose d'une base à Madama (nord du Niger) tout près de la frontière libyenne.
La France conseille également les pays (Tchad, Niger, Cameroun) engagés dans la lutte contre la secte takfiriste Boko Haram au Nigeria, notamment pour la coordination des états-majors et l'échange de renseignement. "Mais en aucun cas, nous ne mettons un pied ni même un nez de Rafale au Nigeria. A fortiori en Algérie", relève-t-on de source gouvernementale française.
Les avions français ravitaillant Barkhane peuvent survoler en revanche des pays voisins.
Avec AFP