Les pro-Saoudiens profitent des attaques visant la présence émiratie dans le sud du pays. Amnesty pour une suspension de transferts d’armes à la coalition arabe impliquée dans des crimes de guerre.
Le groupe takfiriste Daesh a revendiqué les attaques de mardi visant le siège du gouvernement démissionnaire et celui des forces émiratis déployés dans la ville portuaire d’Aden.
Cet incident reflète les différends opposant les miliciens pro-saoudiens à ceux alliés aux Emirats.
Des parties yéménites ont pointé du doigt l’Arabie, vu que le président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi, est le premier bénéficiaire de la liquidation du Premier ministre Khaled Bahah. L’hôtel où séjournait cet homme fort des Emirats a été attaqué mardi par un kamikaze au camion piégé.
Un dirigeant du mouvement sudiste, Nasser Baqezqouz, cité par le quotidien libanais AlAkhbar, a pour sa part estimé que « l’Arabie a trompé les Emirats impliqués dans l’implantation d’Al-Qaïda et de Daesh dans le sud du pays ». Et d’ajouter: « Al-Qaïda et Daesh tissent des liens avec des agences de renseignements saoudiens, et ce, dans le cadre du conflit saoudo-émirati. »
Daesh revendique
Daesh a donc revendiqué, le mardi 6 octobre, quatre attentats-suicides à Aden, dans le sud du Yémen.
Dans un communiqué, l'organisation takfiro-wahhabite affirme avoir mené deux attaques kamikazes contre l'hôtel Al-Qasr où siège le gouvernement démissionnaire et deux autres contre des sites militaires émiratis.
Cette revendication, mise en ligne dans un communiqué de Daesh, contredit la version donnée par des responsables yéménites et de la coalition arabe qui avaient évoqué des attaques à la roquette des Houthis, et non suicides, contre les mêmes cibles ayant fait au moins 15 morts.
Amnesty: la coalition arabe impliquée dans des crimes de guerre
Sur un autre plan, Amnesty International a appelé à la "suspension des transferts de certaines armes" à la coalition sous commandement saoudien au Yémen à la suite de "preuves accablantes de crimes de guerre" qui nécessitent une "enquête indépendante".
Rappelant que la coalition est armée notamment par les Etats-Unis, Amnesty signale, dans un rapport mercredi, "de nouvelles preuves de frappes aériennes illégales, menées par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, dont certaines représentent des crimes de guerre", selon Donatella Rovera qui a dirigé une mission d'enquête au Yémen.
"Des bombes tombent nuit et jour", déplore l'organisation de défense des droits de l'Homme qui se penche en particulier sur le sort des civils dans le nord du Yémen, contrôlé par l’armée et les forces populaires d’Ansarullah.
Le document analyse 13 raids aériens de la coalition arabe contre Saada, au cours desquels quelque 100 civils ont été tués, dont 59 enfants, entre mai et juillet 2015.
Amnesty dénonce l'utilisation de bombes à sous-munitions, interdites internationalement.
"Les Etats-Unis et d'autres pays exportant des armes à une quelconque des parties en conflit au Yémen ont une responsabilité (qui consiste) à s'assurer que les transferts d'armes qu'ils autorisent ne facilitent pas des violations sérieuses du droit humanitaire internationale".
Amnesty International "appelle à une suspension des transferts (d'armes et de munitions) à des membres de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui participent à la campagne militaire" contre le Yémen, indique le rapport.
Il s'agit "d'armes et de munitions qui ont été utilisées pour commettre des violations du droit humanitaire internationale, y compris des crimes de guerre au Yémen: en particulier de la série MK (MARK) 80 et d'autres bombes, des avions et des hélicoptères de combat et les composants et pièces détachées associés".
Le rapport d'Amnesty dénonce un "mépris effroyable à l'égard des vies civiles" de la part de la coalition qui a qualifié de "cibles militaires" des villes entières comme Saada et Marran (nord du Yémen).
La coalition saoudo-américaine mène depuis le 26 mars des raids meurtriers contre différentes régions yéménites qui ont déjà fait plus de 4000 tués et des milliers de blessés.