"Les soi-disant groupes modérés servent dans la majorité des cas de couverture politique pour les crimes des extrémistes religieux", a-t-il affirmé.
L'ambassadeur de Russie en Syrie a énuméré mercredi la liste précise des milices visées par les bombardements de l'aviation russe et souligné qu'à l'exception de l'Armée syrienne libre, les combattants présentés par les Occidentaux comme "rebelles" n'étaient que des "extrémistes" et des "terroristes".
Depuis le début de son intervention militaire le 30 septembre, la Russie a annoncé vouloir frapper des "cibles" de la milice wahhabite Daesh (Etat islamique) ainsi que celle des autres groupes terroristes. (Voir Le Figaro du 1-10-2015). Elle a notamment bombardé des positions dans le gouvernorat d’Idleb, conquis par la coalition Jaïch al-Fateh, dont la colonne vertébrale est la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra et ses alliés.
Or, dès le début, dirigeants américains et européens se sont relayés pour l’accuser de concentrer ses frappes sur les zones où Daesh est absent.
Avec l'EI et le Front Al-Nosra, "tout est clair: ces organisations sont reconnues comme terroristes par tout le monde et placées sur la liste appropriée du Conseil de sécurité de l'ONU", a rappelé Alexandre Kinchtchak, rapporte l'AFP.
L'ambassadeur russe estime ensuite que les autres groupes combattant l'armée régulière ou Daesh font l'objet de "spéculations, de déformations et de tentatives de présenter ces groupes de bandits comme des rebelles, membres de la branche armée de l'opposition syrienne modérée".
Selon Alexandre Kinchtchak, "au fur et à mesure que la guerre civile en Syrie s'est radicalisée, les soi-disant groupes rebelles modérés ont été soit défaits, soit absorbés par des groupes islamistes qui sont passés au premier plan".
"Les soi-disant groupes modérés servent dans la majorité des cas de couverture politique pour les crimes des extrémistes religieux", a-t-il affirmé.
M. Kinchtchak rappelle notamment que Jaïch al-Islam, la plus importante milice dans la banlieue est de Damas, dirigé par Zahrane Allouche, un wahhabite pro saoudien, est responsable de tirs de mortiers ayant fait des centaines de victimes civiles" dans la capitale syrienne.
"Ce n'est rien d'autre que du terrorisme pur", a-t-il affirmé.
Parmi d'autres groupes visés par les frappes russes, figure également Jaïch al-Cham ("l'Armée du Levant" en arabe), "composé d'anciens militants du Front Al-Nosra (...) qui ont une réputation de coupe-jarrets et les mains plongées dans le sang jusqu'aux coudes" selon M. Kinchtchak.
L'ambassadeur évoque également comme "terroristes" les combattants d'Ahrar al-Cham, l'un des plus importants groupes rebelles et qui a tenté en 2015 de se présenter comme modéré aux yeux de l'Occident.
Ce groupe fait partie, avec les wahhabites du Front al-Nosra, de la coalition de Jaïch al-Fatah (l'Armée de la Conquête).
Mardi, le président russe Vladimir Poutine a déploré le manque de coopération des Américains lorsqu'il s'agit de préciser quelles sont les cibles à 100% terroristes, et où il ne faut pas frapper en Syrie.
La chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait la semaine passée qualifié l'Armée Syrienne libre (ASL) de "structure-fantôme".
Or depuis quelques jours, surtout depuis le parachutage d'armements et de munitions par les Américains au nord-est de la Syrie, de nouvelles appellations de milices ont vu le jour, et ont été relayées par des agences internationales et des média pro saoudiens.