25-11-2024 04:51 AM Jerusalem Timing

Guerre contre Daesh : l’Iran entre dans la danse, la France en sort

Guerre contre Daesh : l’Iran entre dans la danse, la France en sort

Les Russes sont là, dans les airs et désormais sur le terrain. Et les soldats iraniens aussi, dont plusieurs généraux sont morts au front.

Contrairement à ce qu’attendaient certains médias dominants, le Parlement iranien a bel et bien ratifié, le 13 octobre dernier, l’accord relatif à leur programme nucléaire civil, péniblement conclu avec les USA et les puissances occidentales. Les « observateurs » attendaient un baroud de dernière heure du clan « conservateur » ; mais la pensée magique a ses limites, surtout en un pays, République islamique dans laquelle le roi – pardon, le « Guide », Ali Khamenei en l’occurrence – a toujours le dernier mot en ce genre de débat, et pays dans lequel les étiquettes de « conservateur » ou de « progressiste » n’ont qu’un sens tout relatif.

Nous, Occidentaux, naviguant à vue en un temps court, avons parfois du mal à appréhender la politique de Perses qui, eux, forts de quelques milliers d’années de civilisation, pensent en un temps autrement plus long et n’ont que vague condescendance vis-à-vis de nos « élégances » démocratiques et de notre affect émotionnel, fondé sur l’info du jour ou la photo de la semaine ; voir, à ce titre, le feuilleton médiatico-sentimental ayant suivi le cliché d’un pauvre enfant, immortalisé sur une côte du sud de l’Europe…

Cette « victoire » iranienne est encore à mettre en regard avec la « défaite » de l’AIPAC, jusque-là tout-puissant lobby sioniste américain. C’est peu dire que ce dernier avait jeté tout son poids et ses millions de dollars dans la bataille. Pour Le Figaro, il s’agissait d’un enjeu « vital », sachant que si le lobby en question sortait vaincu de la joute, c’en serait à jamais fini de sa réputation d’invincibilité. Et c’est ce qu’il en est finalement advenu… Un peu comme si, chez nous, le CRIF était réduit à l’audience d’une amicale bouliste.

L’affaire s’est donc conclue selon un calendrier des plus précis. L’ayatollah Ali Khameini, au début fort sceptique quant à cet accord, avait néanmoins laissé toute latitude à ses plénipotentiaires de négocier ce qui pouvait l’être, estimant qu’un mauvais accord valait toujours mieux qu’une bonne guerre. L’accord est donc passé, au grand dam d’Israël et de l’Arabie saoudite – ce qui demeurera toujours une bonne nouvelle pour le monde civilisé. Sa ratification par le Parlement ne relevait donc plus, ensuite, que de la simple formalité. Ce qui fut emballé dans la minute, tel qu’expliqué plus haut.

Ensuite, les mains enfin libres, Téhéran entendait agir en Syrie de manière plus officielle. Certes, depuis le début du conflit et ce, par Hezbollah interposé, les Iraniens sont en première ligne dans la guerre contre le terrorisme islamiste. Ne leur manquait plus que l’allié russe, lequel vient de faire son retour en fanfare dans la région. Jointure faite et boucle enfin bouclée.

Du coup, et ce, à rebours de nos quelques menues sorties aériennes et quotidiennes, à peine deux par jour, les Russes sont là, dans les airs et désormais sur le terrain. Et les soldats iraniens aussi, dont plusieurs généraux sont morts au front, information désormais tenue pour officielle.

De leur côté, les Américains font comme si de rien n’était. Quant aux Français, ils persistent à faire la danse du ventre chez les Saoudiens, juste histoire de leur vendre des avions à réaction, des pédalos et des fours à micro-ondes. Une fois de plus, incapable de faire l’Histoire, la France en sort par l’entrée des artistes, alors que d’autres nations l’écrivent, elles, cette même Histoire.

Nicolas Gauthier : Journaliste et écrivain français

Source : bvoltaire