L’ancien secrétaire américain à la guerre avait autorisé la CIA et les militaires américains à avoir recours à des techniques d’interrogatoire durs.
La justice américaine a autorisé deux Américains à poursuivre l'ancien secrétaire à la guerre Donald Rumsfeld pour torture pendant leur détention en Irak par l'armée d’occupation américaine.
Une cour d'appel fédérale a confirmé lundi un jugement qui avait invalidé une décision du ministère de la Justice demandant l'abandon d'une procédure judiciaire entamée par Donald Vance et Nathan Ertell en 2006 contre Rumsfeld.
A l'époque, MM Vance et Ertell avaient informé le FBI qu'ils suspectaient leur employeur, Shield Group Security, une société de sécurité irakienne privée, de payer un cheikh irakien afin d'obtenir des contrats avec le
gouvernement.
Mais lorsque la société a commencé à douter de leur loyauté, ils ont été arrêtés par l'armée américaine et ont été emmenés au camp Cropper, près de l'aéroport de Bagdad, sans avoir le droit à un seul contact extérieur.
Là-bas, ils avaient été victimes de violences, de privation de sommeil et avaient eu à supporter des conditions extrêmes, notamment par des expositions répétées à des lumières ou des bruits puissants, censés perturber le rythme biologique.
M. Ertell a finalement été relâché six semaines plus tard, et M. Vance au bout de trois mois, sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre eux.
"Si les accusations des plaignants sont avérées, les deux jeunes civils ont eu le bon réflexe en dénonçant les agissements de la société au gouvernement américain, mais c'est finalement eux-mêmes qui auront été emprisonnés et torturés par leur propre gouvernement", souligne le texte de la décision.
"Au-delà de la privation de sommeil et des conditions extrêmes de leur détention, les plaignants affirment qu'ils ont été menacés physiquement, qu'ils ont subi de mauvais traitements et ont été agressés par leurs geôliers, des officiers américains dont l'identité reste inconnue", selon le texte.
"Ils racontent par exemple qu'on leur a fait porter une cagoule, qu'on a entouré leurs têtes de serviettes de bain, puis qu'on les a jetés contre les murs, alors qu'ils avaient les yeux bandés pendant les interrogatoires", précisent les juges.
Les magistrats ont conclu que la gravité des accusations permettait de mettre en cause Rumsfeld pour avoir autorisé des techniques d'interrogatoire assimilées à de la torture ou pour ne pas avoir mis un terme à ces pratiques, alors qu'il avait été averti par de nombreux rapports de dérives dans le traitement des détenus.
L'ancien secrétaire américain à la guerre avait autorisé la CIA et les militaires américains à avoir recours à des techniques d'interrogatoire durs.