Les forces des Hachd alchaabi dénoncent Obaidi en déclarant que pour chaque bataille ils sont forcés de mendier un soutien
Le moins que l’on puisse dire concernant le premier ministre irakien Haydar Obaidi est que cet homme cache bien son jeu. Deux événements cruciaux l’ont dénoncé : le premier est la nomination d'Imad Khorassan en tant que Secrétaire Général du Conseil des Ministres et le deuxième est la fuite d’une lettre adressée à Abou Mahdi Mohandess, dans laquelle ce dernier supplie Obaidi de soutenir les forces du hachd alchaabi (les forces de mobilisation formées de volontaires pour combattre Daesh) dans la lutte contre les groupes armés terroristes..
La décision de nomination de Khorassan intervient dans le contexte d’une préparation pour succéder à Obaidi au moment où il quittera son poste de premier ministre. Une nomination qui est considérée comme une forme de «coup d'Etat» qui a commencé avec la mise à la porte de Nouri al-Maliki , une marginalisation soutenue par Washington. Or, ce coup d’Etat s’est poursuivi avec une opposition aux forces des hachd alchaabi et contre les factions de la résistance notamment en imposant des restrictions dans les moyens de financement et d’aide militaire. Coup d’Etat qui s’est conclu avec ce qu’on a appelé les réformes politiques d’Obaidi et qui se sont traduites par des décisions individuelles soutenues publiquement par la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Mais aussi, ce coup d’Etat a été consacré par l’opposition de Obaidi contre toute tentative de libérer l’ouest de l'Irak par les forces des hachd alchaabi sous prétexte qu’il existe des lignes rouges américaines à ne pas violer.
D’ailleurs, la nature de la personnalité que Obaidi a choisi pour remplir la tache de SG du Conseil des Ministres ne laisse aucun doute sur ce coup d’Etat masqué : personnalité irakienne, originaire du Najaf , jouissant d’une identité américaine, Khorassan a rempli la fonction d’assistant du premier gouverneur américain de l’Irak Leji Garner après l'occupation du pays, avant de terminer sa carrière avec son successeur, Paul Bremer.
Hachd : pour chaque bataille nous sommes forcés de mendier un soutien
Il convient de souligner que cette décision intervient dans un contexte marqué par une division entre ceux qui sont pour une participation russe dans des opérations de combat contre Daech et ceux qui sont contre.. Sans compter les pressions américaines contre le Premier ministre pour qu’il fournisse des garanties de son engagement à ne pas violer la coopération avec les Etats-Unis.
Cela dit, ce qui est surprenant dans cette nomination c’est qu’elle intervient aussi dans un contexte de rumeurs selon lesquelles Obaidi compte ordonner plusieurs nominations qui concerneraient une équipe d'Irakiens formée par les Américains et qui ont travaillé durant les premières années de l'occupation US avec Bremer. Notamment, Mohammed al Bayati, au poste de conseiller de sécurité du Premier ministre. Ou Adnan Zurfi, l'ancien gouverneur de Najaf qui a été démis de ses fonctions par décision judiciaire après avoir été reconnu coupable de corruption, et promu au poste de directeur des renseignements au ministère de l'Intérieur, un poste qu'il a occupé au cours des années précédentes. Ou encore, Jabbar al-Jubouri, qui a été nommé chef des Forces de libération de Mossoul à l'insu du ministre de la Défense Khaled al-Obeidi.
La réaction de l’opposition à Obaidi n’a pas tardé. Ainsi, les députés de l’opposition ont lancé une campagne pour recueillir des signatures afin de démettre le Premier ministre de ses fonctions, l'accusant d'organiser un coup d'État contre alhachd alchaabi. Il va de soi que Obaidi ne gardera pas les bras croisés, nul ne sait quelle sera sa réaction.. Toutefois on parle d’une campagne d’assassinats probable, touchant des personnalités de l’opposition comme Hadi al-Amiri, Abou Mahdi Mohandess ou Qais al-Khazali.
Pour ce qui est des partisans d'Obaidi, ils estiment que ce dernier a les mains liées parce qu’il ne peut pas rompre avec Washington pour des raisons personnelles d'une part, mais aussi pour sauvegarder les intérêts de l'Irak de l’autre. Car l’Oncle Sam pourrait sanctionner Bagdad de différentes façons, la première serait d’ordre financier. Ils ajoutent que l’objectif principal d’Obaidi est de maintenir l'unité de l'Irak. Et cela ne peut se réaliser qu’à travers la libération de l’ouest de l'Irak : une mission impossible à exécuter par les forces du Hachd alchaabi pour des considérations sectaire, régionale et internationale, selon Obaidi.
Un constat qu’Abou Mahdi Mohandess a indiqué dans sa lettre quand il a dénoncé le faible budget accordé à « cette force militaire composée de volontaires et qui assument de graves responsabilités dans une lutte sans merci ... sans infrastructure, ni armes et ni matériel adéquat»..
De même Obaidi a demandé « de revoir la gestion actuelle de la bataille, ainsi il estime nécessaire de créer une sorte de comité d’état-major ou un commandement des opérations commun, chargé de distribuer l’argent, les armes, les munitions, selon les exigences des combats».
Il semble clair que Obaidi agit toujours en tant qu’homme fort. Son entourage rapporte qu’il jouit toujours de la couverture de la haute-instance religieuse du Najaf, ou du moins cette dernière n’a pas encore décidé de la lui retirer . Tout comme il bénéficie également d'un soutien sans précédent à la fois de Washington et de Londres. Sachant que Obaidi sait pertinemment que l’une et l’autre des parties est consciente du fait que son départ risque d’entrainer le pays dans un vide que nul ne sait combien il durera.
Et donc, la nomination de Imad Kharassan semble être une carte de joker pour les Etats-Unis qu’ils garderont jusqu’au jour où Obaidi sera forcé sous la pression de démissionner..