24-11-2024 01:15 AM Jerusalem Timing

Syrie : accusée de bombarder des civils, la Russie exige des preuves

Syrie : accusée de bombarder des civils, la Russie exige des preuves

Moscou estime aussi que l’allusion du Pentagone sur des actions au sol en Syrie ne signifie pas qu’ils vont le faire

L'armée russe a convoqué mardi les attachés militaires occidentaux pour leur demander d'apporter des "preuves officielles ou de démentir" les informations diffusées par les médias occidentaux faisant état de bombardements de civils par l'aviation russe en Syrie.

Au moment où le secrétaire a la défense américaine a annoncé que son pays a l’intention d’intensifier ses raids aériens contre Daesh et de mener d'autres "actions directes au sol" en Irak

Des preuves ou des démentis

   
"Nous avons invité aujourd'hui les attachés militaires américain, britannique, français, allemand, italien, saoudien, turc et celui de l'Otan pour leur demander de fournir des preuves officielles appuyant ces déclarations ou de les démentir", a déclaré aux journalistes le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov.
   
"On nous accuse non seulement de viser l'opposition +modérée+, mais aussi des sites civils comme des hôpitaux, des mosquées et des écoles. Selon les médias occidentaux, il y aurait des victimes civiles", a déclaré M. Antonov dans une vidéo diffusée sur le compte Facebook du ministère russe de la Défense.
   
"Malheureusement, certains responsables et hommes politiques d'un nombre de pays étrangers font des déclarations similaires", a-t-il déploré, en citant notamment les ministres de la Défense américain, britannique et français.
   
Depuis le début de son intervention en Syrie le 30 septembre, Washington et ses alliés mènent campagne contre la Russie, qui ne cache pas ses affinités avec le pouvoir syrien, et l’accablent d’accusations infondées.  

Moscou quant à elle dit viser la milice wahhabite takfiriste Daesh ainsi que son frère ennemi, le front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda, et d'autres groupes terroristes, à la demande des autorités syriennes.

"Dans le cas où les explications ne sont pas fournies et les accusations ne sont pas réfutées, nous qualifierons ces attaques antirusses d'une partie de la guerre médiatique à l'encontre de la Russie", a conclu M.Antonov.

La semaine dernière, l’OSDH, ONG basée à Londres,  a affirmé qu'au moins 13 personnes avaient été tuées par une frappe russe ayant touché un hôpital de campagne dans la province d'Idleb (nord-ouest), ce que les autorités russes ont démenti.

Cette ONG accréditée par les puissances occidentales n’évoque que très rarement les pertes humaines et matérielles causées par les frappes aériennes de la coalition internationale, menée par les Etats-Unis

50 milliards USD de pertes dans les secteurs du pétrole et du gaz
   
Or, selon le ministre syrien du Pétrole, les 50 milliards de dollars de pertes essuyées dans les secteurs du pétrole, du gaz et des mines en Syrie depuis le début du conflit en 2011, sont causées entre autre par les frappes américaines .

Les attaques des groupes "terroristes" ainsi que les frappes aériennes menées par les Etats-Unis contre les jihadistes ont notamment gravement endommagé les infrastructures, a affirmé Souleimane Abbas cité mardi par le quotidien Al-Watan.

Selon l’AFP, cette estimation représente plus du double de celle annoncée par le gouvernement en juin 2014, lorsque les autorités syriennes avaient indiqué que les industries du pétrole et du gaz avaient perdu 21,4 milliards de dollars.
 
Avant le conflit, la Syrie produisait plus de 380.000 barils par jour.
De janvier à septembre 2015, la Syrie a produit en moyenne 9.688 barils de pétrole par jour et 14,8 millions de m3 de gaz naturel par jour, selon M. Abbas.
   
Le ministère du Pétrole syrien avait indiqué qu'en septembre 2014, l'EI produisait 80.000 bpj de pétrole. Et les autorités kurdes disent produire environ 15.000 barils par jour.


USA: des raids et des actions directes?

Autres position russe remarquable: le porte-parole du Kremlin a tenu à ne pas prendre au pied de la lettre les déclarations de Washington évoquant la possibilité pour l’armée américaine d’intervenir au sol en Irak et en Syrie.

«Pour le moment, il faut juste regarder les détails et comprendre ce que le Pentagone veut vraiment dire», a déclaré Dmitri Peskov, selon l'agence d'information Tass, lors d’une allocution face aux journalistes.

Il a averti que ce qui a été déclaré dans les médias américains n’est pas l’annonce d’une opération prochaine, mais bien que les Etats-Unis considèrent en ce moment la possibilité de lancer des opérations au sol contre Daesh.

Un peu plus tôt dans la journée, le secrétaire d’Etat américain à la Défense Ashton Carter avait annoncé face au Congrès la volonté des Etats-Unis de soutenir leurs partenaires dans leur combat contre l’Etat Islamique, y compris au sol.

"Nous prévoyons d'intensifier notre campagne aérienne, y compris avec des appareils supplémentaires de la coalition et des Etats-Unis, pour cibler l'EI avec des frappes plus nombreuses et plus fortes", a déclaré Carter, devant la commission  des forcées armées du Sénat.
  

"Cela comprendra davantage de frappes contre des cibles de grande valeur de l'EI à mesure que notre renseignement s'améliore", a-t-il précisé.
"Nous ne nous interdirons pas de soutenir des partenaires capables de mener à l'occasion des attaques contre l'EI, ou de mener ces missions nous-mêmes, que ce soit par des frappes aériennes ou des actions directes au sol", a ajouté le secrétaire à la Défense.
   
M. Carter n'a pas précisé si ces actions seraient menées par des forces conventionnelles ou par des forces spéciales, mais il a répété qu'il ne soutenait pas l'idée de zones d'exclusion aérienne en Syrie.


Opérations terrestres en Irak?

 
Vendredi, M. Carter avait laissé entendre que des militaires américains pourraient de nouveau participer en Irak à des opérations terrestres contre l'EI, comme celle menée jeudi par des forces spéciales pour libérer des prisonniers du groupe jihadiste. Cette opération a coûté la vie à un soldat américain, le premier à mourir en Irak depuis 2011.
   
M. Carter a précisé que Washington se concentrerait désormais sur "trois R": Raqa, Ramadi et raids.
   
Ramadi est la capitale de la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, que les forces irakiennes tentent de reprendre à Daesh, avec l'aide des forces volontaires , le soutien des frappes aériennes de la coalition.
   
Le ministre américain de la Défense a fait cette annonce alors que la coalition militaire semble mener moins de frappes qu'auparavant en Syrie contre l'EI, ce que les responsables du Pentagone attribuent au manque de cibles et non à la campagne aérienne lancée récemment par la Russie en Syrie.

 

Sources: AFP, Sputnik