Le Bahreïn condamne la répression des manifestations en Syrie... mais use de violences contre ses propres opposants et reste sourd à leurs demandes.
En rythme, le concert des pays du Golfe a donné une représentation ce lundi. Derrière le maestro saoudien, aucune fausse note n'est venue rompre la condamnation unanime de "la répression en Syrie".
Le Bahreïn, en tant que membre du Conseil de coopération du Golfe a dénoncé "l'augmentation de la violence et l'usage excessif de la force" en Syrie. On oublierait presque que cet Etat a lui aussi réprimé (avec l'aide saoudienne!) une partie de son peuple qui réclamait un nouveau système politique et davantage de libertés, comme les Syriens.
Place de la perle, des mouvements dont le principal groupe d'opposition Al Wifaq, réclamaient entre autres une société plus juste et des réformes politiques et sociales.
Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa étaient alors la cible de nombreuses critiques de la part des manifestants, prêts à risquer leur vie. Mais l'entrée des chars saoudiens sur cette place, en mars dernier, a brisé en quelques heures le souffle de la contestation, qui menaçait aussi le royaume saoudien, en proie à des critiques intérieures.
Le 15 mars, le roi du Bahreïn proclamait une loi d'exception pour trois mois. Objectif: ramener le calme et étouffer tout élan contestataire à Manama.
Une monarchie toujours sur le qui-vive
Et tout frémissement de l'opinion fait peur au régime. Les docteurs de l'ONG Médecins sans frontière, par exemple, l'irritent. Ce qui explique en partie la perquisition menée dans les locaux de l'ONG fin-juillet. Un des employés bahreïnis, Saïd Mahdi, a été arrêté alors qu'il venait d'appeler une ambulance pour prendre en charge un homme grièvement blessé qui s'était présenté à l'antenne de MSF. Le régime accuse l'ONG de soutenir les contestataires et d'instiller un vent d'opposition au régime.
C'est une accusation qu'elle reprend contre la chaîne qatarie Al-Jazeera (version anglaise) qui a diffusé un documentaire sur la contestation au Bahreïn. Tout y est: jeunesse, sentimentalisme, musique et drapeaux, à l'image des montages diffusés sur la révolution égyptienne et tunisienne.
Les raisons de la colère subsistent
Le roi a bien engagé un dialogue national mais il ne convainc pas l'opposition. Le principal groupe d'opposition Al-Wifaq s'est désolidarisé d'un dialogue, virant au forum, dans lequel ses demandes étaient ignorées.
En privilégiant la minorité sunnite contre une majorité chiite, le royaume joue encore la carte de la division.
Et la loi controversée sur les naturalisations politiques de Yéménites, Syriens ou Jordaniens, ne semble pas être remise en cause par un régime qui interdit encore tout recensement communautaire.
Le résultat pourrait être alors un argument de plus pour de nombreux bahreinis qui réclament une plus grande représentativité dans les rangs du pouvoir.
Cette colère est toujours palpable au Bahreïn. Des groupes s'organisent et défient le régime. Une des vidéos datée du 25 juillet montre une arrestation musclée d'un opposant par les forces de police munies de casques blancs. Les brigades de police dépêchées pour mater la contestation n'hésitent pas à tirer sur les contestataires, souvent jeunes.
Reuters