Les forces israéliennes effacent les vies palestiniennes comme si elles n’avaient jamais existé – un jeune homme de 23 ans abattu à Hébron
A 22h30 la nuit dernière, mardi 27 octobre, un Palestinien qui a été identifié comme étant Hammam Said, 23 ans, a été abattu par balles à al-Khalil (Hébron) au checkpoint Gilbert, juste sous les fenêtres de notre appartement. Le jeune homme était dans le quartier H2 de Tel Rumeida, qui était tranquille à ce moment-là. On n’a entendu aucune agitation, cris ou course avant les six coups de feu qui ont soudain résonné dans les rues et aucun risque à la sécurité n’a été noté.
Immédiatement après l’incident, les forces israéliennes, qui sont postées au checkpoint 24 heures/24, ont encerclé le corps. En quelques minutes, des colons de la colonie voisine sont arrivés et ont pu s’approcher et photographier la scène. D’autres troupes sont arrivées ensuite, dont des soldats et plusieurs véhicules de la police. Une ambulance également mais Said n’a reçu aucune aide médicale, alors que les secouristes étaient à côté de l’homme qui perdait son sang et qu’ils le regardaient mourir, sans bouger.
Ensuite, Said a été dépouillé de ses vêtements, (voir vidéo) ce qui a révélé que les blessures par balles étaient toutes sur son dos. Il a été placé dans un sac et la rue a été nettoyée. A minuit, il ne restait sur les lieux aucune preuve de l’incident.
Des témoins ont rapporté n’avoir vu d’abord aucun couteau sur la scène, bien qu’un soit apparu après que les soldats ont encerclé le corps. « Je ne peux assurer qu’ils ont mis le couteau là, mais je sais que même 5 secondes après le tir, j’ai regardé, j’ai vraiment regardé, et je n’ai rien vu. J’en suis sûr à 99%. Mais après, il était là. » Le témoin a ajouté, « ça aurait été absurde qu’une attaque soit prévue à cet endroit. Il était encore à 20 mètres des soldats ou du checkpoint, en pleine nuit. Pourquoi aurait-il brandi un couteau à cet endroit-là ?»
Ce type d’exécutions extrajudiciaires est illégal en droit international et il n’y a aucune preuve qu’un avertissement ou une alerte a précédé l’assassinat de Said. Le checkpoint dispose d’une caméra installée au-dessus de la rue et l’ISM exige que les forces israéliennes divulguent la vidéo pour prouver un lien entre l’homme et le couteau soi-disant trouvé sur les lieux.
Une heure et demie après l’incident, un témoin a rapporté que « c’est comme si rien n’était arrivé, il n’y a pas de trace de sang, rien, juste un chien qui renifle le sol. La rue est étrangement calme et il y a juste le nombre normal de soldats au checkpoint. Ils ne peuvent pas ressentir une menace sécuritaire ici en ce moment. »
Une heure après l’assassinat, le véhicule d’un colon était garé sur le lieu des tirs, jouant de la musique de fête.
La mort de Said porte à 4 le nombre de morts palestiniens à Hébron en deux jours, et à 64 le nombre total de morts dans les territoires occupés de Palestine depuis le début octobre. Hébron est au centre des tensions croissantes en Cisjordanie occupée et aujourd’hui on a assisté à une répression féroce des manifestations pacifiques à Bab al-Zawwiya, avec d’innombrables grenades lacrymogènes tirées directement sur la foule dense des manifestants qui exigeaient la restitution des corps palestiniens tués par les forces israéliennes.
On prévoit qu’avec des allégations que Said avait un couteau, aucune enquête ne sera lancée, un nouveau Palestinien sera décrit comme un terroriste, et injustice finale, une nouvelle famille se verra refuser les rites légitimes de deuil.
Source : ISM – Palsolidarity