17-05-2024 08:00 AM Jerusalem Timing

Des migrants désabusés inquiets de vivre dans une lointaine forêt suédoise

Des migrants désabusés inquiets de vivre dans une lointaine forêt suédoise

Nuit à 16 heures et zéro degré.

En fuyant la Syrie, Abdullah Waez rêvait de Suède mais maintenant qu'il y est, il est inquiet: autour de lui, rien que des arbres et quelques cabanes, pas de quoi se construire un avenir.

Alors, avec quelques autres, il a refusé de s'installer dans le village-vacances de Lima censé l'accueillir le temps que sa demande d'asile soit traitée.

Le calme, la proximité avec la nature, les rencontres fortuites avec les élans, très peu pour lui. Le vent qui siffle à la cime des arbres ne lui dit rien qui vaille.

"On ne comprend pas pourquoi ils nous ont amené en pleine forêt", proteste-t-il. "C'est pas notre truc!"

Dimanche soir "quand nous sommes arrivés, on était terrifiés. On ne veut pas vivre comme ça au milieu de nulle part", poursuit le jeune homme de 34 ans.

"C'est vrai que quand on a pas de voiture, on est plutôt loin du supermarché et de l'école", reconnaît Emil Perbjörs, un habitant du coi, auprès du journal local DT.

"On en a parlé avec le représentant de l'Agence des Migrations dès le début. On lui a dit qu'on ne voulait pas rester et qu'on ne quitterait pas le bus et il n'a pas protesté", explique Abdullah Waez à l'AFP.

Comme le chauffeur de bus, ce représentant est parti, laissant dans le véhicule, porte ouverte, la quinzaine de migrants qui ne voulaient pas s'installer dans les logements.

Quatre jours plus tard, l'Agence des Migrations affirmait qu'une solution avait été trouvée et que les migrants allaient rester.

Mais quelques irréductibles rassemblés autour d'un feu de camp refusaient pourtant de laisser partir le bus, demandant à être reloger ailleurs. 

Nuit à 16 heures et zéro degré 

Pour Abdullah et la cinquantaine d'autres migrants qui ont fui le Moyen-Orient ou l'Afrique de l'Est, le changement est radical.

Limedsforsen, où se trouve le village-vacances, compte à peine plus de 400 habitants éparpillés entre différents lieux-dits cachés entre les pins et les bouleaux. La nuit tombe à 16h et les températures avoisinent les zéros degrés.

Mais ce n'est pas seulement l'environnement qui les perturbe.

"Je vais rester ici mais si on nous propose un autre endroit, je serais ravi d'y aller", confie un trentenaire originaire de Damas qui se verrait bien vivre en ville.

Pour les autorités suédoises pourtant, c'est ça ou rien.

"Avec un nombre d'arrivées qui ne cesse de croître, c'est sûr que les logements que nous trouvons sont de plus en plus éloignés des villes", a reconnu une responsable de l'Agence, Maria Löfgren, soulignant que de tels cas de refus étaient très rares.

Pour réussir à loger les quelques 10.000 réfugiés qui arrivent chaque semaine, il faut ratisser large.

Le village-vacances de Lima, avec ses 19 chalets en bois à l'équipement certes moderne mais rudimentaire, convient mieux aux randonneurs et aux skieurs qui passent leurs journées dehors qu'à des réfugiés qui n'ont d'autre activité que l'attente.

"Ils traversent une crise. Ca va prendre du temps avant qu'ils s'en remettent", constate compréhensive la propriétaire des lieux, Jannica Ringue, tout en préparant le repas de ces pensionnaires pas comme les autres.

"Il faut qu'ils puissent s'intégrer et ça va être dur s'ils restent ici. Il faut qu'ils soient quelque part où la population est plus importante", confiait à DT une septuagénaire venue en voisine.

La Suède est l'un des pays d'Europe qui attirent le plus de réfugiés. Elle prévoit entre 140.000 et 190.000 demandes d'asile cette année, pour une population de 9,8 millions d'habitants.