Ce sont ces oukases des puissants qui sont en train de mener le monde au bord du précipice.
C'est le cas de le dire au regard de l'insistance et la persistance de l'Occident et de l'opposition syrienne dite «modérée» d'exiger, sans autre forme de procès, le départ du président Bachar al-Assad.
Cette exigence obsessionnelle fausse toute analyse sereine de la situation prévalant en Syrie et rend complexe l'issue du conflit.
Chercher comment terminer cette guerre (qui a fait plus de 250 000 victimes et contraint des millions de Syriens à fuir le pays) ne semble pas être la priorité de ceux qui se sont autoproclamés parrains du peuple syrien.
Or, ni Hollande ni Obama et encore moins Fabius ou Kerry ne sont mandatés pour choisir qui doit diriger la Syrie. Ce n'est pas parce que l'on crie le plus fort ou que l'on soit mieux armé que l'on a forcément raison.
Ceci dit, on ne peut manquer de relever les convulsions des Occidentaux voulant imposer leur «solution» au peuple syrien au nom duquel ils décideraient du destin de ce pays.
Aveugles, grandes et petites puissances occidentales prescrivent le dénouement qu'elles «recommandent» pour la Syrie, mais trébuchent sur un mur qu'elles ne parviennent pas à franchir.
Et pour cause! L'Occident pose mal le problème syrien, le résultat ne pouvait qu'être inapproprié.
Les dirigeants occidentaux et monarchiques qui mènent la guerre contre al-Assad se rendent-ils seulement compte des errements où ils se sont fourvoyés croyant être les seuls à détenir les remèdes à un monde malade de leurs diktats?
Faut-il sans doute attendre dix ans pour qu'ils avouent avoir fait tout faux en Syrie, comme le récent mea-culpa de Tony Blair et avant lui, Collins Powell à propos de l'Irak en 2003? Faut-il que la Syrie n'existe plus pour les détromper?
D'aucuns aussi, veulent se faire une notoriété sur le dos de la Syrie et des Syriens qui tombent chaque jour martyrs d'une guerre dont ils ne comprennent pas les raisons.
Ainsi, toute marrie d'avoir été ignorée, la semaine dernière, lors de la réunion quadripartite de Vienne [à l'invitation de Moscou], la France avait convoqué mardi dernier sa «propre» réunion sur la Syrie à Paris.
Las! Les ténors brillaient par leur absence. Les Etats-Unis se sont contentés de se faire représenter par un adjoint du département d'Etat.
Rentrée depuis belle lurette dans les rangs, la France cultive encore cette coquetterie de croire qu'elle a encore un rôle à jouer dans les affaires du monde.
Et comme tout petit qui tape du pied pour se faire remarquer, la France est la plus intraitable contre le président syrien et le traitement de la crise syrienne alors que, de fait, Paris joue les utilités.
La vérité est que l'initiative, ou l'incursion, politico-militaire russe dans le conflit syrien - considéré comme une chasse gardée des Occidentaux - a bouleversé la donne et lui a induit une autre dimension.
En fait, les choses ont changé: en trois semaines, la Russie a réussi à faire «bouger les lignes» et à sortir les terroristes de leurs tanières.
Moscou est parvenu en un mois à faire ce que n'a pu réaliser la coalition internationale menée par les Etats-Unis (une cinquantaine de pays) en plus d'un an.
La Russie est entrée directement dans le vif du sujet, quand les Occidentaux manipulaient la sémantique entre terroristes «modérés» [anti-Assad] et «radicaux» n'entrant pas dans cette catégorie. Pour Moscou, un «terroriste» reste un «terroriste» et doit être combattu et vaincu. Pas seulement Daesh/EI.
A raison, le chef de l'Etat syrien pouvait qualifier de «grande hypocrisie», la proportion des Occidentaux à définir les uns et les autres pour lesquels dit-il «le terrorisme n'en est un que lorsqu'il les touche, mais lorsqu'il nous atteint, il constitue révolution, liberté, démocratie et droits de l'homme».
C'est sans doute là que se situe le noeud gordien du problème, quand l'Occident s'arroge le droit - et lui seul - à définir les choses.
Le conflit syrien a été créé de toutes pièces, car la rébellion ça a d'abord été des mercenaires et des takfiristes recrutés à prix d'or par le Qatar et l'Arabie saoudite et, last but not least, formés et armés par l'Occident, en particulier les Etats-Unis.
Il fallait séparer le bon grain de l'ivraie. Ce que l'Occident n'a pas fait, ne s'est pas donné la peine de faire, dès lors que des groupes rebelles, jihadistes, ou terroristes [la gamme est large] poursuivent les mêmes objectifs: faire un sort à al-Assad. Les puissants n'ont que faire de partenaires, ils exigent des marionnettes.
Et comme al-Assad, nonobstant ses défauts, est loin d'être un fantoche, c'est son maintien qui fait problème. Ainsi, les Etats-Unis n'ont pas hésité à débloquer 500 millions de dollars pour former 5000 rebelles par an.
Résultat: catastrophé, le général Lloyd J Austin, chef de l'US Centcom avouait devant le Congrès que seuls 4, voire 5 rebelles syriens [équipés de pied en cap par les forces US] combattaient sur le terrain.
Dès lors, les Etats-Unis se donnent tous les droits, y compris celui de former une armée de rebelles pour combattre le régime d'un Etat souverain. Ce sont ces oukases des puissants qui sont en train de mener le monde au bord du précipice.
Source : L’expression
Par Karim Mohsen