Le pétrole parmi les principales sources de financement du groupe terroriste Etat islamique selon un député turc.
Dans une interview à l'agence Sputnik, un ancien député du Parti républicain du peuple (CHP) au parlement turc, Mehmet Ali Ediboglu, a cité le pétrole parmi les principales sources de financement du groupe terroriste takfiriste-wahhabite Etat islamique (Daech).
Selon M. Ediboglu, le trafic de pétrole constitue l'un des principaux produits vendus par les takfiristes. Ce pétrole provient en premier lieu des gisements situés en Syrie, dans la région de Raqqa.
"L'Etat islamique contrôle ces gisements conjointement avec un groupe de personnes comprenant des membres de l'entourage de Barzani (premier ministre du Kurdistan irakien, ndlr) et plusieurs hommes d'affaires turcs spécialisés dans la vente d'hydrocarbures", a déclaré l'ancien parlementaire.
Après avoir rappelé qu'un rapport à ce sujet avait été présenté au Conseil de sécurité de l'Onu, M. Ediboglu a fait savoir qu'au départ, le trafic de pétrole rapportait à Daech 800 millions de dollars par an, mais que maintenant, cette somme se situe entre 1 et 2 milliards de dollars.
"Selon certaines informations 27 hommes d'affaires turcs et irakiens sont directement impliqués dans ces activités", a indiqué l'ancien parlementaire. D'après lui, le pétrole est acheminé via la Turquie vers le littoral de la Méditerranée et de là, vers différentes régions du monde.
La Turquie affirme qu'elle n'aide pas l'Etat islamique. Mais Ankara livre des armes à l'Armée syrienne libre (ASL) et à certains autres groupes locaux qui les revendent à Daech. En Syrie, il existe un grand nombre de petits groupes islamistes que la Turquie juge "modérés" et auxquels elle apporte un soutien important.
"Ces groupes subissent une pression permanente de la part de Daech ou du Front al-Nosra et se voient donc contraints de leur vendre les armes provenant de Turquie. Il en résulte que la majeure partie de ces armes se retrouvent entre les mains de l'Etat islamique ou du Front al-Nosra", a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
D'après lui, les djihadistes n'ont pas subi de pertes graves suite aux frappes de la coalition américaine en Syrie.
"Il est très probable qu'ils soient informés d'avance des frappes planifiées par la coalition", a supposé M. Ediboglu.
Par contre, les frappes russes sont hautement efficaces, estime-t-il.
"Si la Russie poursuit ses raids et que l'opération aérienne est appuyée par des actions au sol, les terroristes subiront une défaite foudroyante", a dit l'ancien député.
A la question de savoir ce qu'il faut faire pour couper les sources de financement de l'Etat islamique, M. Ediboglu a répondu qu'il fallait en premier lieu "endiguer le flux de djihadistes se rendant en Syrie".
"Il est aussi indispensable de bloquer l'acheminement du pétrole de Daech vers l'Irak du nord où il tombe entre les mains des personnes proches de Barzani. On y trouve également des sociétés soutenues par les Américains qui, comme nous le pensons, participent à ce processus. Mais l'essentiel est de chasser les terroristes de la région de Raqqa pour leur barrer l'accès aux gisements de pétrole. Si on y parvient, l'Etat islamique sera très vite affaibli faute de recettes financières", a conclu l'homme politique turc.
Avec Sputnik