Ses détracteurs s’inquiètent d’un nouveau tour de vis autoritaire.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a profité de son triomphe électoral pour relancer mercredi une réforme controversée de la Constitution destinée à renforcer ses pouvoirs.
Dans son premier discours depuis les législatives de dimanche, l'homme fort du pays a confirmé, sur un ton très ferme, sa volonté de reprendre personnellement en main les affaires du pays, confirmant les craintes de ses détracteurs qui s'inquiètent d'un nouveau tour de vis autoritaire.
"L'un des plus importants messages des élections du 1er novembre est de régler la question d'une nouvelle Constitution", a lancé M. Erdogan devant des élus locaux.
"Tous ceux qui s'opposent à la demande de notre peuple en faveur d'une nouvelle Constitution en paieront le prix dans quatre ans" lors des prochaines élections, a-t-il ajouté en pressant l'opposition de soutenir sa réforme.
Chef du gouvernement pendant onze ans (2003-2014), M. Erdogan, 61 ans, plaide depuis son élection à la présidence en août 2014 pour une réforme de la Constitution mise en place après le coup d'Etat militaire de 1980. Il souhaite le transfert de l'essentiel du pouvoir exécutif du Premier ministre au chef de l'Etat.
Lors des législatives du 7 juin, ce projet, priorité de sa campagne, avait été largement désavoué par les électeurs, au point de priver son Parti de la justice et du développement (AKP) de la majorité absolue qu'il détenait depuis 2002.
Contre tous les pronostics, l'AKP a regagné dimanche le contrôle exclusif du Parlement en totalisant 49,4% des suffrages et 317 des 550 sièges de députés.
Cette majorité absolue est toutefois insuffisante pour faire passer une réforme de la Constitution (il faut au moins les deux tiers des députés soit 367 voix) et même pour lancer un référendum constitutionnel (330 voix).
Le porte-parole de M. Erdogan a donc laissé entendre que la question pourrait être tranchée par les électeurs eux-mêmes.
"Nous rechercherons les conseils de notre peuple. Si le mécanisme pour y parvenir est un référendum, alors ce sera le cas", a indiqué Ibrahim Kalin devant la presse, jugeant que la Turquie ferait "un grand bond en avant" avec un président fort.
Avec AFP