Le chef du Hamas appelle à former une direction unie de "l’Intifada".
L’avocat et le détenu palestinien, Mohammed Allan, a enfin retrouvé sa liberté mercredi soir. Après avoir frôlé la mort en raison d'une grève de la faim pour lutter contre sa détention sans inculpation, les autorités d’occupation ont libéré mercredi soir M.Allan.
Le père de Mohammed Allan, Nasser al-Din Allan, a indiqué qu'il comptait conduire son fils dans un hôpital jeudi pour lui faire passer un checkup.
Mohammed Allan, présenté par le Jihad islamique comme l'un des siens, avait été arrêté le 6 novembre 2014 "sur la base de témoignages et d'informations selon lesquels il était en contact avec un résistant du Jihad islamique en vue de commettre des attaques de grande envergure" contre l’occupation, selon les prétentions des sources sécuritaires israéliennes.
Il avait alors été placé en détention administrative, mesure extrajudiciaire qui permet à « Israël » d'emprisonner des suspects sans inculpation ni procès pour une durée de six mois renouvelables indéfiniment.
En août, il risquait sa vie en raison d'une grève de la faim débutée deux mois plus tôt.
Jusqu'alors quasiment inconnu, Mohammed Allan, avocat de 31 ans à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie occupée, est devenu le visage de la lutte contre la détention administrative.
Sa détermination à combattre ce régime d'emprisonnement avait conduit les autorités d’occupation dans une impasse politique et humanitaire. Devant son état alarmant, des comas répétés et les atteintes subies par le cerveau, la Cour suprême avait fini par suspendre sa détention administrative en août.
Une fois tiré d'affaire, il avait de nouveau été arrêté le 16 septembre par les Israéliens et replacé en détention administrative. Il avait alors repris sa grève de la faim. Mais il avait recommencé à s'alimenter au bout de quelques jours, apparemment après avoir reçu l'assurance que sa détention administrative ne serait pas prolongée en novembre.
Sa libération survient dans un contexte ou l’Intifada des jeunes Palestiniens ne cesse de prendre de l’ampleur depuis le 1er octobre.
Attaque à la voiture bélier, l'assaillant palestinien tombe en martyre
Mercredi, un jeune palestinien a blessé deux gardes-frontières israéliens dans une attaque à la voiture bélier près
d’AlKhalil Hébron en Cisjordanie occupée, avant de tomber en martyre. Il s’agit d’Ibrahim Skafi, 22 ans.
"L'un des gardes-frontières a été hospitalisé et sa vie est en danger", a souligné dans un communiqué la porte-parole de la police d’occupation Luba Samri, cité par l'AFP.
"Des policiers qui se trouvaient près du lieu de l'attaque ont ouvert le feu sur Skafi. Il a été déclaré mort sur place", a-t-elle ajouté.
Les autorités israéliennes ont remis le corps du martyr Skafi à sa famille pour qu'il soit enterré jeudi.
« Israël » a refusé de restituer les corps de certains auteurs d'attaques palestiniens à leur famille.
Selon les responsables palestiniens, après l'attaque, l'armée d’occupation israélienne a fermé l'accès au secteur et recueilli les informations vidéo des caméras de surveillance des magasins et bâtiments.
Des images diffusées en soirée par les chaînes de télévision israéliennes montrent une voiture roulant à toute vitesse et heurtant ce qui semble être un groupe d'hommes en uniforme.
L'attaque s'est produite à Halhul sur un important axe routier qui traverse la Cisjordanie du nord au sud, dans un secteur secoué récemment par de nombreuses attaques anti-occupation.
AlKhalil Hébron et ses environs sont le théâtre d'affrontements quotidiens entre jeunes Palestiniens et forces d’occupation, et d'attaques au couteau ou à la voiture bélier contre des soldats ou des colons israéliens.
Depuis le 1er octobre, début de cette Intifada (soulèvement) lancé par de jeunes Palestiniens en riposte aux agressions de l’occupation, 75 jeunes sont tombés en martyre, dont 17 enfants et deux femmes, précise le ministère palestinien de la Santé, cité par le site Palestine Today.
57 martyrs sont issus de la Cisjordanie, 17 autres de la bande de Gaza, et un martyr originaire du Néguev (territoires occupés en 1948).
Appel à former une direction unie de "l'Intifada"
Entre-temps, le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a appelé mercredi à former une direction regroupant tous les mouvements palestiniens pour mener l'"Intifada" contre l’occupation.
S'adressant à des journalistes à Gaza par vidéo-conférence depuis Doha, M. Mechaal a exhorté les Palestiniens à "former une direction opérationnelle de l'Intifada", insistant sur "la nécessité de se mettre d'accord sur une stratégie de lutte commune qui soit efficace et mette la pression sur l'occupant pour parvenir à nos objectifs".
"La responsabilité de cette direction est de dessiner une vision et des objectifs politiques nationaux précis pour l'Intifada et cela inclut la mise en échec du plan de l'occupant de diviser la mosquée Al-Aqsa", a-t-il poursuivi.
Les Palestiniens accusent "Israël" de chercher à prendre le contrôle de la mosquée d’AlAqsa à Jérusalem AlQuds occupé pour y imposer des horaires séparés pour juifs et musulmans ou une partition géographique du lieu.
M. Mechaal a encore plaidé pour "la résistance sous toutes ses formes, armée ou non (...)", en soulignant que "l'Intifada" vise à "affronter les colons et défendre les lieux saints musulmans".
"L'unité nationale est impérative pour que l'Intifada atteigne ses objectifs", a encore dit M. Mechaal.
"Nous vivons une Intifada et elle doit se poursuivre jusqu'à la libération de Jérusalem et de la Cisjordanie", a-t-il lancé.