"Les pays les plus pauvres de la coalition militaire se voient proposer un renforcement des relations économiques en échange de l’envoi de leurs soldats au sol".
L’opinion saoudienne est de plus en plus sceptique face à la guerre contre le Yémen. Pour éviter les débats que susciteraient de nouvelles morts parmi les soldats saoudiens, le régime fait largement appel à des troupes étrangères.
Presque huit mois déjà que l’Arabie Saoudite mène une guerre sans merci contre son voisin yéménite pour appuyer le président démissionnaire Hadi et les miliciens takfiristes faces à l’armée régulière et aux forces populaires d’Ansarullah (Houthis).
Or "ce qui ne devait être qu’une brève opération rondement menée s’est mué en une campagne douloureusement longue" au lourd bilan, écrit le site Your Middle East.
Les autorités saoudiennes se trouvent dans une position délicate.
D’une part, elles ne peuvent prendre le risque de perdre la partie et d'"alimenter davantage les voix critiques qui s’élèvent en interne contre cette guerre", lancée le 26 mars dernier avec tambours et trompettes sous le nom d’opération Tempête décisive, et dans laquelle elle est appuyée par une dizaine de pays.
De l’autre, "il serait bien trop risqué pour le roi d’Arabie Saoudite, Salmane, et pour son fils Mohamed ben Salmane, que d’autres soldats saoudiens meurent au Yémen", poursuit l’article.
C’est pourquoi ils ont adopté une nouvelle stratégie, qui consiste à faire couler le sang des autres. "Les pays les plus pauvres de la coalition militaire se voient proposer un renforcement des relations économiques en échange de l’envoi de leurs soldats au sol, dans les opérations les plus dangereuses."
C’est ainsi que le Soudan a envoyé 750 soldats en octobre. Il se serait engagé, selon un article paru alors dans Soudan Tribune, à porter ce chiffre à 10 000.
La Mauritanie a également promis le déploiement de 500 soldats et "le Sénégal en a envoyé 2 100 pour sécuriser la frontière saoudo-yéménite. Cela a été obtenu peu de temps après la promesse faite par Riyad d’investir dans l’économie sénégalaise", écrit Your Middle East.
De même, l’Arabie Saoudite a embauché 800 Colombiens, ex-membres des troupes d’élite, "avec des salaires très supérieurs à ce qu’ils pourraient gagner en Colombie".
"Le roi Salmane ne peut pas se permettre de perdre la face au Yémen", écrit encore le site d’information moyen-oriental. Surtout "s’il veut promouvoir son fils Mohammed ben Salmane comme possible successeur."
Car celui-ci, jeune trentenaire propulsé vice-prince héritier et ministre de la Défense après l’accession au pouvoir de son père, a joué un rôle de premier plan dans cette guerre.
Avec Courrier international