19-04-2025 06:43 AM Jerusalem Timing

Devant le Congrès, François Hollande détaille un véritable plan de bataille

Devant le Congrès, François Hollande détaille un véritable plan de bataille

Plusieurs éléments ressortent de l’intervention du chef de l’Etat.

Le ton était ferme, voire martial. Le président Hollande a détaillé dans son allocution les mesures qui seront prises par le gouvernement pour parer au danger terroriste.

C'est un discours doublement symbolique que François Hollande a fait devant le Parlement réuni en Congrès. D'abord, il s'exprime devant toute la représentation nationale trois jours après les attentats sanglants de Paris. Ensuite, il s'agit là d'une procédure extrêmement rare qui n'intervient généralement qu'en cas de modification de la Constitution.

Après avoir participé à la mi-journée à une minute de silence nationale à la mémoire des victimes, marquée par d'émouvantes scènes de recueillement dans tout LE PAYS, le président français a fait une allocution martiale, ovationnée debout par les députés et sénateurs solennellement réunis en Congrès à Versailles.
   
Il a promis une riposte tous azimuts après les pires attentats perpétrés en France -129 morts et 350 blessés-, revendiqués par le groupe wahhabite-takfiriste Etat islamique (EI).

Les commanditaires "doivent savoir que leurs crimes, loin de faire vaciller la résolution de la France, renforcent encore notre détermination à les détruire", a déclaré M. Hollande, insistant: "il ne s'agit pas de contenir, mais de détruire cette organisation" de l'EI.


Plusieurs éléments ressortent de l'intervention du chef de l'Etat.



C'est la guerre et elle est nationale comme internationale

Pour le président, le constat est simple: la France est en guerre. Selon lui, cette guerre qui a commencé déjà il y a plusieurs années, demandera du temps. Il a fait ainsi un lien direct entre les interventions au Mali, en Syrie et en Irak, les englobant dans un ensemble plus large de guerre contre le terrorisme.

S'il estime que la France «doit augmenter les moyens» dans cette guerre, il a insisté sur le fait qu'elle ne se gagnera qu'avec une coordination internationale. D'abord au plan européen, puisque l'Europe devrait être saisie afin qu'elle apporte son aide. De même, François Hollande doit rencontrer prochainement Barack Obama et Vladimir Poutine. Enfin, le président français demandera au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution afin de lutter contre le terrorisme.

    
Une unique coalition

François Hollande a affrimé sa volonté de rassembler la communauté internationale, expliquant que «la France parle avec tout le monde, l'Iran, les pays du Golfe, la Turquie...».
   
M. Hollande doit rencontrer "dans les prochains jours" le président américain et le président russe "pour unir nos forces" et prévoit de demander au Conseil de sécurité de l'ONU de se réunir pour adopter une résolution marquant "la volonté commune de lutter contre le terrorisme".
    
Poursuite des frappes

«Nous poursuivrons ces frappes au cours des semaines à venir. Il n'y aura aucun répit et aucune trêve. Le terrorisme nous le combattons partout» a martelé le Président de la République.

Paris, qui a déjà lancé des frappes dimanche soir sur le fief syrien de l'EI à Raqa, va "intensifier ses opérations en Syrie", a annoncé le chef de l'Etat. "Il n'y aura ni répit ni trêve", a-t-il ajouté, rappelant que le porte-avions Charles de Gaulle allait appareiller jeudi pour se rendre en Méditerranée orientale, "ce qui triplera nos capacités d'action".
   
"La Syrie est devenue la plus grande fabrique de terroristes que le monde ait connue et la communauté internationale est encore trop divisée et trop incohérente. Aujourd'hui, il faut plus de frappes", a réclamé M. Hollande, dont le pays, qui participe à la coalition anti-EI en Irak, s'était refusé jusqu'à septembre à se joindre aux bombardements en Syrie, par crainte de renforcer le président Bachar al-Assad.
   
Assad "ne peut constituer l'issue du conflit syrien", mais "notre ennemi, c'est Daech" (acronyme arabe de l'EI), a déclaré M. Hollande, augurant d'une inflexion de la stratégie française qui ainsi ne met plus en priorité le départ d'Assad.
    

Etat d'urgence de trois mois

Le Président a demandé au Parlement de faire perdurer l'Etat d'urgence pendant "trois mois". Le Parlement devra aussi élargir et moderniser les moyens au service de l'Etat en cas d'Etat d'urgence.

    
Une Constitution révisée pour s'adapter à la menace terrorisme

François Hollande a été clair : «Cette guerre appelle un régime constitutionnel nouveau». Ainsi, entre autres mesures, il souhaite que la déchéance de la nationalité évolue car il devrait être possible de «déchoir quelqu'un de sa nationalité, dès lors qu'il est né Français et qu'il a une autre nationalité».
   
"Nous devons pouvoir expulser plus rapidement les étrangers qui représentent une menace d'une particulière gravité", a-t-il aussi déclaré.

Quant aux personnes fichées par les services, François Hollande saisira le Conseil d'Etat pour connaitre les options législatives dont l'Etat dispose les concernant.

Le chef de l'Etat a annoncé 8.500 nouveaux postes dans la sécurité et la justice, et estimé que "la question de la légitime défense des policiers", une antienne de la droite, devrait être "traitée" "sans délai" au niveau législatif.
   

Le Pacte de sécurité plutôt que le Pacte de stabilité

Pour le président Hollande, pas de doute, cette guerre nécessitera également plus de moyens. 5 000 emplois de policiers et de gendarmes devraient être créés d'ici 2 ans, et ces créations seront portées à 10 000 sur le quinquennat. Le ministère de la Justice disposera, lui de 2 500 personnels supplémentaires. L'armée ne subira aucune diminution d'effectifs jusqu'en 2019.

  Avec Russia Today et AFP