La cellule de Bourj al-Barajneh n’est pas la première et risque de ne pas être la dernière. La bataille contre Daesh au Liban se poursuit.
5 personnes interpellées, et 3 appartements perquisitionnés : tel est le bilan encore provisoire de l’enquête menée par la Sureté générale sur le double attentat suicide de Bourj al-Barajneh. Revendiquée par la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique), il a fait plus de 40 martyrs la semaine passée.
Or le Liban n’en est pas à sa première campagne d’arrestation contre les membres de ce groupuscule qui ne s’est jamais lassé de se faire une base arrière au pays de cèdres, et plus précisément dans la ville de Tripoli au nord, tout en recrutant des Libanais ou des Palestiniens, en plus des Syriens.
Parmi les suspects capturés de la cellule de Bourj al-Barajneh figure le Libanais Ibrahim Rayed, accusé d’avoir fait passer les quantités d’explosifs de la région de Aarsale à la ville de Tripoli. Il y a aussi les deux Srour, père et fils, soupçonnés d’avoir non seulement contribué à faire passer l’un des suicidaires, Ibrahim al-Jamal, le quatrième de la cellule, arrêté le 12 novembre, c’est-à-dire le jour même de l’attentat meurtrier, mais aussi d’avoir fourni de faux papiers d’identité aux membres de la cellule terroriste. Quant au cinquième , il s’agirait d’un membre d’un service de sécurité libanais impliqué dans le trafic des personnes et qui aurait lui aussi fait passer les suicidaires.
Concernant les appartements perquisitionnés, en plus de celui du camp du Bourj al-Barajneh (non loin du lieu de l’attentat) et de celui d’Achrafiyyeh (à l’est de Beyrouth), un troisième a été perquisitionné dans la ville de Tripoli. Il était utilisé pour y déposer les explosifs et abriter les éléments logistiques et les suicidaires. 150 kg d’explosifs et 3 ceintures piégées préparées, ainsi que des détonateurs et des boules d’acier y ont été retrouvés. Le pire a pu être évité.
Hormis cette cellule, il est question d’une trentaine de jeunes Libanais qui ont été capturés durant ces trois derniers mois. Ils voulaient se rendre à Raqqa, bastion de Daesh en Syrie (est) en passant par la Turquie, afin d’y suivre des cours de religion et d’y subir des entrainements militaires. Depuis l’été dernier, 2 Libanais s’étaient fait exploser dans des attentats suicide en Irak et 10 en Syrie. 15 ont été tués dans ces deux pays en combattant dans les rangs de Daesh, dont le dernier en date le fils du prédicateur libano-britannique cheikh Omar Bakri Foustok.
Les efforts des forces de sécurité ont permis d’identifier le responsable de Daesh chargé de la coordination entre le commandement général à Raqqa et les différents groupuscules au Liban et de les commanditer. Soupçonné d’être le responsable sécuritaire de Daesh au Liban, il s’appelle Abou al-Walid et serait originaire de la ville de Qousseir dans le gouvernorat syrien de Homs. Etant le bras droit du porte-parole de Daesh, Abou Mohammad al-Adnani, il pourrait être actuellement à Raqqa.
Parmi les arrêtés de Daesh, en dehors de la cellule de Bourj al-Barajneh, à signaler Ibrahim Barakate, censé être l’un de ses émirs religieux.
Il y a aussi un autre religieux, un certain Louay T., le cerveau qui confectionnait les engins explosifs pour viser les voitures de résistants et des militaires libanais dans la Bekaa centrale. Il aurait joué un rôle important pour introduire les voitures piégées dans la banlieue sud en 2014.
Le mois d’octobre dernier, l’arrestation des deux jumeaux Kaouche, Jihad et Zyad a permis d’éviter la catastrophe. Particulièrement actifs dans le camp palestinien de Aïn al-Hélwé, au sud du Liban, ils préparaient des attentats contre des personnalités politiques libanaises proches de la Resistance à Saïda, et comptaient faire exploser les processions de Aachoura.
Or le plus gros poisson n’en demeure pas moins Ibrahim al-Hujeiri, appelé al-Kahroub, (l’électrocuté) et qui a été arrêté il y a une semaine à Aarsale, d’où il est originaire. Son répertoire est bien chargé selon le communiqué de l’armée libanaise : il a à son compte plusieurs groupes formés de Libanais et syriens. Leurs activités sont innombrables. C’était eux qui tiraient les roquettes contre la région du Hermel. En aout 2014, ils avaient apporté des armes aux miliciens qui combattaient l’armée libanaise.
De plus, ils sont surveillé un juge afin de l’enlever et de demander une rançon en échange de sa libération, et ont traqué dans la ville de Aarsale les gens qui collaboraient avec les forces de sécurité libanaises. C’est ce Hujeiri et un autre syrien qui ont commandité l’attentat à la motocycle piégée qui a tué le 5 octobre dernier 5 syriens membres d’une instance de religieux de Qalamoune, proches de la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, et qui ont ensuite planifié une attaque contre une patrouille de l’armée libanaise.
Mais la plus grosse de toutes les opérations que Hujeiri avait préparée est celle d’avoir fait piéger cinq voitures pour les faire exploser contre des positions de l’armée libanaise à Tripoli.
Le but consistait à prendre le contrôle de cette ville, pour avoir accès à la mer.
Bien sur elle a été déjoué.
Sources: Traduit à partir de Assafir, al-Akhbar