23-11-2024 03:50 AM Jerusalem Timing

Les Occidentaux doivent multiplier leurs frappes par 10 ou 20 contre Daesh

Les Occidentaux doivent multiplier leurs frappes par 10 ou 20 contre Daesh

Kilcullen estime que la méthode adoptée par les Occidentaux en Irak et en Syrie est jusqu’à présent faite de malhonnêteté et de demi-mesures

Les Etats-Unis et leurs alliés doivent multiplier leurs frappes aériennes par 10 ou par 20 s'ils veulent en finir avec l'Etat Islamique (EI), qui risque de transformer l'Europe en zone de guerilla urbaine, assure un expert reconnu en contre-terrorisme.
   
David Kilcullen est ancien colonel australien devenu conseiller en contre-insurrection du général David Petraeus, qui dirigeait les forces américaines en Irak de 2007 à 2009.
 
Il estime, dans un entretien exclusif à l'AFP, que les attentats de Paris, qui ont fait 129 morts vendredi, ont montré que l'EI prenait en Europe la dimension d'une "organisation structurée" telle que l'Ira (Armée républicaine irlandaise) ou l'organisation basque ETA en Espagne.
   
"Nous n'en sommes qu'au début, mais je pense que nous commençons à voir l'émergence d'un mouvement paramilitaire et clandestin d'ampleur en Europe occidentale", a-t-il déclaré de Washington, où il dirige aujourd'hui le centre de recherches Caerus Global Solutions.
 
"La manière dont les attentats de Paris ont été menés - avec des planques, des caches d'armes, des gens qui retournent dans la clandestinité après les attaques - tout cela ressemble plus à la définition classique de la guérilla urbaine".
   
M. Kilcullen, connu pour avoir été l'un des artisans de la stratégie américaine de formation des milices Sahwa, issues de l'insurrection sunnite contre l'armée US et qui se sont retournés -avec le soutien financier des Américains- contre al-Qaïda, estime que la méthode adoptée par les Occidentaux en Irak et en Syrie est jusqu'à présent faite de malhonnêteté et de demi-mesures.
   
"Il faut être honnête: nous affirmons que nous ne sommes pas au combat, que nous n'avons pas de soldats sur le terrain", dit-il. Mais cela est une "fiction", car "nous en avons plusieurs milliers en Irak et les 50 que l'on reconnait comme étant sur le sol syrien ne sont pas les seules forces spéciales occidentales là bas".
   
  Vraie campagne aérienne
   
M. Kilcullen rejette toute idée d'intervention au sol occidental. "C'est une illusion. Si on pense que c'est à nous de le faire, il en faudrait beaucoup plus", jusqu'à "400.000 soldats". Mais "franchement, cela ne marcherait pas, les Irakiens et les Iraniens résisteraient fortement."  
   
Il faut en revanche, estime-t-il, une "vraie campagne aérienne". "En dépit des discours, nous n'avons pas vraiment fait cela".
   
Les Etats-Unis ont effectué de 10 à 15 sorties par jour contre l'EI, comparées aux 250 frappes quotidiennes menées par l'Otan pendant la guerre du Kosovo en 1999, ou aux 110 sorties quotidiennes pendant l'invasion de l'Afghanistan deux ans plus tard.
"Ceux qui disent que la campagne aérienne a échoué devraient savoir que pour le moment, nous n'avons pas fait les choses comme il faut".
 "Je conseillerais d'augmenter un peu les forces spéciales, conseillers et pointeurs au sol, avec une augmentation radicale du soutien aérien, peut-être de 10 à 20 fois", dit-il.
   
Pour M. Kilcullen, "on traite l'EI comme une organisation terroriste, en essayant seulement de cibler des dirigeants et des positions armées".
 "Mais on devrait les appréhender comme un Etat ennemi. C'est ce qu'ils sont. Nous devons frapper les sources d'énergie, les approvisionnements d'eau, leur maitrise des champs pétroliers et des raffineries, les villes qu'ils contrôlent"."Pour moi, il n'y a pas d'alternative. Paris nous l'a montré."