"On a alors commencé à séparer les sunnites des chiites, pourtant il y avait des incident lors desquels les prisonniers organisaient des jugements en fonction de la charia..."
La fabrique des "cadres" de l'EI aurait été située dans le Camp Bucca sous surveillance permanente des États-Unis. Mitchell Gray, un ex-gardien de la prison de Bucca confie à Sputnik que c'est ce camp qui était le "terrain fertile" pour ce qui est aujourd'hui l'Etat islamique.
Ces cinq derniers mois, les grands médias du monde entier ne cessent de discuter des origines du groupe terroriste l'Etat islamique et cherchent à retrouver les responsables de la naissance de ce groupe.
La question la plus récurrente concerne les réelles relations entre l'EI et les États-Unis. Il est difficile d'y donner une réponse exhaustive, pourtant les révélations sur les Toyotas américaines de l'EI ou les armes fournies par Washington se trouvant entre les mains des terroristes alimentent les rumeurs.
Ainsi, en avril 2015, l’agence iranienne Fars a cité le chef d'Etat-major général de l'armée iranienne Hassan Firouzabadi qui a déclaré: "nous avons reçu des rapport attestant que des avions américains atterrissaient et décollaient des aéroports contrôlés par l'EI. Les États-Unis n'auraient pas dû livrer des armes, de l'argent et de la nourriture au groupe +Etat islamique+ pour ensuite demander pardon de l'avoir fait par erreur".
Un article publié le 26 mai 2015 dans le magazine allemand Focus rapporte qu'un document de l'Agence américaine du renseignement de la défense datant d'août 2012 avait fui dans des médias occidentaux et que le renseignement américain avait prévenu: la situation instable au Proche Orient mènerait à l'apparition de l'EI.
Les auteurs du document tirent la conclusion suivante: l'affaiblissement de Bachar el-Assad crée une atmosphère idéale pour l'Al-Qaida et lui permettrait de revenir en Irak et de s'installer à Mossoul et à Ramadi. Aujourd'hui, constate l'auteur, tout ce qui avait été prédit il y a trois ans est devenu réalité.
Pourtant, ce n'est pas la seule accusation qui apparaît dans les médias.
Ainsi, l'article publié sur RevolutionObserver.com intitulé "ISIS a US proxy" (l'EI, intermédiaire des USA?) souligne que tous les hauts dirigeants de l'EI ont été rassemblés dans le camp Camp Bucca lors de la guerre en Irak en 2004.
Mitchell Gray qui avait été gardien de prison dans le Camp Bucca dans les années 2007-2008 explique dans un entretien à Sputnik:
"Le Camp Bucca a été une sorte de prison pour tous types de personnes. Quand j'ai travaillé là-bas, le nombre de prisonniers atteignait 30.000".
"30.000 prisonniers, il y avait tout, à commencer par des membres d'Al-Qaïda, des rebelles locaux, des criminels célèbres. Les employés du département spécial (ayant surveillé la prison, ndlr) ont compris que si on ne commençait pas à isoler les prisonniers, il y aurait des problèmes avec les radicaux qui influenceraient les modérés", ajoute le gardien.
Il poursuit, "On a alors commencé à séparer les sunnites des chiites, pourtant il y avait des incident lors desquels les prisonniers organisaient des jugements en fonction de la charia et humiliaient ceux qui n'acceptaient pas l'idéologie radicale".
Et d'ajouter: "Quand je suis venu pour la première fois à Bucca, ils m’ont encouragé et m’ont dit: traite ces mecs d'une manière parfaite, car le prochain Nelson Mandela peut se trouver dans le bâtiment".
"J'ai ensuite pensé, pas le prochain Nelson Mandela, mais le premier Abu Bakr al-Baghdadi", conclut Mitchell Gray.