Selon lui, les actes de ceux qui ont brûlé le Coran et les lieux de culte (musulmans) en Occident, sont également du terrorisme qui nourrit l’idéologie terroriste.
Le grand imam d'Al-Azhar, prestigieuse institution de l'islam sunnite basée en Egypte, a estimé samedi qu'il était "injuste" d'attribuer à l'islam les "crimes" commis par des groupes "terroristes" et qualifié de "terrorisme" les incidents islamophobes commis en Europe après les attentats de Paris.
Le cheikh Ahmed Al-Tayeb s'exprimait au lendemain de la prise d'otages dans un hôtel de Bamako qui a fait 21 morts selon le président du Mali, et une semaine après les attentats qui ont coûté la vie à 130 personnes à Paris. L'institution sunnite avait rapidement condamné ces deux attaques.
"Le terrorisme n'a pas de religion", a affirmé le grand imam, expliquant qu'il était "injuste" d'attribuer "à l'islam les crimes d'explosion et de destruction (...) simplement parce que ceux qui les commettent lancent +Allah Akbar+".
Son allocution, retransmise à la télévision publique, était prononcée à l'ouverture d'une réunion du "conseil des sages musulmans", une institution regroupant des dignitaires musulmans venus de divers pays, dont l'Egypte, les Emirats arabes unis et la Somalie.
Le cheikh d'Al-Azhar a également appelé à "faire la distinction entre l'islam, ses principes, sa culture et sa civilisation, et une petite minorité qui ne représente rien par rapport à l'ensemble des musulmans pacifiques".
"A ceux qui ont brûlé le Coran et les lieux de culte (musulmans) en Occident, qu'ils sachent que ces actes sont également du terrorisme (...) qui nourrit l'idéologie terroriste dont nous souffrons", a-t-il lancé, avant de préciser: "Ne répondez pas au terrorisme par un terrorisme similaire".
Depuis les attentats de Paris, des actes islamophobes ont été recensés dans plusieurs pays européens, notamment en France où une jeune femme voilée a été agressée mercredi à Marseille.
Basée au Caire, Al-Azhar condamne régulièrement les attaques de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué les attentats de Paris (130 morts), et affiche depuis des années une volonté de promouvoir un islam modéré et le dialogue avec les chrétiens.
L'institution sunnite avait appelé à engager une bataille "intellectuelle" et "idéologique" pour vaincre l'EI, proposant notamment de former des imams "modérés" pour la France et l'Europe.
A l'issue de la réunion, les membres du "conseil des sages musulmans" ont condamné dans un communiqué "toutes les formes de terrorisme", affirmant que "l'islam était innocent de ces actes terroristes" et que "les premières victimes du terrorisme contemporain étaient les musulmans".