Poutine pourrait s’exprimer sur le crash du Su-24 lors de sa rencontre avec Abdallah II.
Un avion russe Su-24 s'est écrasé en Syrie près de la frontière turque, visiblement après avoir été abattu depuis le sol, a annoncé mardi le ministère russe de la Défense. (voir vidéo)
L'avion de combat Su-24 abattu par l'aviation turque appartient à l'armée russe mais n'a jamais quitté l'espace aérien syrien, a annoncé mardi le ministère russe de la Défense alors que la Turquie prétend que l'appareil a violé son espace aérien.
L'avion s'est écrasé dans l'extrême nord-ouest du territoire syrien, à l'ouest de la ville d'Idleb, théâtre depuis plusieurs jours de violents combats entre l'armée syrienne et des groupes takfiristes.
"Aujourd'hui, sur le territoire syrien, à cause de tirs présumés venus du sol, un avion Su-24 appartenant aux forces aériennes russes déployés en Syrie, s'est écrasé", a déclaré le ministère dans un communiqué, ajoutant qu'il "se trouvait exclusivement dans l'espace aérien syrien" et que le sort des deux pilotes restait "à définir".
"L'avion se trouvait à 6.000 mètres d'altitude. Le sort des pilotes est en train d'être déterminé. Selon des données préliminaires, ils ont réussi à s'éjecter. On étudie également les circonstances de la chute de l'avion russe. Pendant toute la durée du vol, l'avion se trouvait exclusivement au-dessus du territoire de la Syrie. Ceci est fixé par les moyens objectifs de contrôle", a ajouté le ministère, cité par Sputnik.
Un pilote tué
Selon des sources rebelles, un pilote a été tué et un deuxième est porté disparu.
Le premier pilote a été tué par des milciens qui lui ont tiré dessus alors qu'il atterrissait après s'être éjecté de l'appareil. De nombreuses vidéos circulant sur internet et publiées sur les réseaux sociaux par les rebelles syriens montrent des images présentées comme celle du pilote mort entouré de miliciens.
Réaction du Kremlin
Le Kremlin a qualifié mardi la destruction d'un chasseur-bombardier de l'armée russe en Syrie d'"incident très sérieux", tout en jugeant prématuré de tirer des conclusions.
"Il est simplement impossible de dire quelque chose sans disposer de toutes les informations", a déclaré Dmitri Peskov, cité par Reuters.
Version turque
Par ailleurs, des sources à la présidence turque, citées par l'AFP, ont rapporté qu’"un avion russe Su-24 a été abattu conformément aux règles d'engagement après avoir violé l'espace aérien turc malgré les avertissements".
Dans une déclaration publiée sur son site internet, l'état-major turc a prétendu que le chasseur-bombardier russe avait été mis en garde "dix fois en l'espace de cinq minutes".
Selon l'AFP, ces avertissements ont été confirmés par le Pentagone.
"Aux alentours de 09H20 (07H20 GMT), un avion à la nationalité inconnue a violé l'espace aérien turc, en dépit de multiples avertissements. Deux de nos avions F-16 qui patrouillaient dans le secteur sont intervenus", a indiqué l'armée.
De son côté, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s'est entretenu avec son chef d'état-major, le général Hulusi Akar, et son ministre des Affaires étrangères Feridun Siniurlioglu et a décidé de saisir l'Otan et l'ONU, ont annoncé ses services.
L’Otan "suit la situation de près"
Immédiatement après l'incident, la Turquie a convoqué le chargé d'affaires russe à son ministère des Affaires étrangères à Ankara pour protester. La Russie a riposté de même en convoquant l'attaché militaire turc à Moscou.
Saisie par la Turquie qui en est membre, l'Otan a également convoqué en urgence une "réunion extraordinaire" programmée à 16h00 GMT pour examiner les circonstances de l'incident. "L'Otan suit la situation de près", a indiqué à l'AFP un de ses responsables.
Dans la soirée de ce mardi, le chef de l'OTAN a appelé "au calme et à la désescalade"
"Nous devons tous garder la tête froide et rester calme", a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk sur son compte Twitter. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a pour sa part souligné la "nécessité d'éviter une escalade".
Depuis le début de l'intervention militaire russe pour bombarder les positions des milices takfiristes en Syrie fin septembre, les incidents de frontière se sont multipliés entre Ankara et Moscou.
A deux reprises, des chasseurs turcs avaient intercepté des avions militaires russes engagés en Syrie, sous prétexte qu’ils avaient violé leur espace aérien.
"La Russie a depuis quelque temps tiré sur la corde. Je pense que l'engagement de la Russie en Syrie constitue un défi délibéré à la Turquie (...) et à la capacité de la Turquie à jouer un rôle influent dans la région", a commenté à l'AFP Ian Shields, un ancien pilote militaire britannique expert à la Anglia Ruskin University.
La tension entre les deux pays s'est encore accrue ces derniers jours, après une série de bombardements russes qui ont, selon Ankara, visé des villages de la minorité turcophone de Syrie, les Turkmènes.
Quelques dizaines de Turcs ont manifesté devant le consulat général de Russie à Istanbul aux cris de "Russie assassin", "Russie, hors de la Syrie".