Il soutient aussi ceux de Bourj al-Barajneh
Le Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda en Syrie, s’est distingué des autres milices opérant en Syrie, en affichant haut et fort son soutien aux attaques sanglantes, survenues vendredi à Paris, malgré l’hostilité ouverte du groupe envers Daesh (État islamique).
« Nous sommes heureux de constater qu’une secte déviante a été capable de mettre en œuvre une opération, couronnée de succès, à l’encontre des Kuffar (infidèles) », tels sont les mots figurant dans une déclaration publiée par le groupe (depuis un compte Twitter désormais supprimé) au cours du week-end, rapporte le site MEE.
Ajoutant que le Front al-Nosra aurait préféré être le groupe à l’origine desdites attaques. « Des érudits, comme Ibn Taymiyya, ont mis en lumière le principe suivant : nous choisissons le camp le mieux avisé des deux», enchaine-t-il.
Ibn Taymiyya, référence religieuse du XIII siècle constitue le père du Wahhabisme, religion d’Etat en Arabie saoudite et de Daesh.
Ahmed Shaheed, un milicien du Front al-Nosra, a dit à Middle East Eye que les attaques à Paris étaient prévisibles suite aux bombardements français contre l’État islamique en Syrie.
« Ce que vous avez vu à Paris, c’est une vengeance », a-t-il dit par le biais d’une application de messagerie sur mobile. « Alors, vous n’avez aucune raison d’être tristes. Si un pays décide d’en bombarder un autre, il doit s’attendre à des représailles. Rien de plus simple ».
Ahmed Shaheed, d’origine australienne, est, semble-t-il, basé à Alep, bien que cela n’ait pas été formellement vérifié.
Malgré la rivalité, de longue date, entre le Front al-Nosra et Daesh, il a dit qu’ils pourraient unir leurs forces contre les «tyrans ».
Un autre porte-parole d’al-Nosra qui a quant à lui salué les attaques perpétrées quelques jours plus tôt à Beyrouth, s'est toutefois démarqué de Daesh, en prétendant que sa position n’était en aucun cas une marque de soutien à Daesh.
« Je continue d’affirmer que Daesh est un groupe composé de tyrans s’apparentant aux chiens des enfers », a écrit Sheikh Abu Mariyah al-Qahtani, porte-parole du Nosra, toujours selon MEE.
« Et, ils sont ceux qui ont détruit le djihad en Irak et en Syrie. Ils sont également ceux qui ont tué les Sunnites. Mais je me réjouis de leurs frappes contre Hizbou Shaytaan (Parti du diable) », a-t-il dit, en faisant référence au Hezbollah, et à l’attentat perpétré contre le quartier de Bourj al-Barajneh dans la banlieue sud de Beyrouth et qui a fait plus de 40 martyrs.
Selon MEE, les remarques contrastaient fortement avec les déclarations émanant d’autres groupes rebelles importants combattant en Syrie, Ahrar al-Sham et Jaish al-Islam, qui ont tous deux condamné les attentats de vendredi, qui ont coûté la vie à 132 personnes. Sans apparemment condamner ceux de la banlieue sud de Beyrouth!
Pourtant, sur le terrain, ces deux milices combattent côte à côte avec le front al-Nosra , notamment dans le cadre d'une coalition baptisée Jaïch al-Fateh .
Pour justifier cette alliance, toutes deux affichent se distinguer de son idéologie et avoir avec elle un terrain commun, celui de la lutte contre le président syrien Bachar al-Assad. Des allégations peu crédibles, car toutes deux appartiennent à l’école wahhabite dont les préceptes takfiristes se permettent d’apostasier et d’éliminer les autres musulmans qui ont lecture différente de la leur de la religion sans oublier les infidèles.
Or cette milice qui a occupé au cours de cette année la majeure partie du gouvernorat d'Idleb et y fait régner le wahhabisme, à l'instar de Daesh dans le gouvernorat de Raqqa, jouit d'un traitement de faveur dans les médias occidentaux qui selon la militante Silvia Cattori passent sous silence les horreurs qu'elle commet.