"L’incident lié à l’avion russe abattu est dû à l’ampleur des bourdes commises dans la politique extérieure du pays"..
Pomme de discorde au sein de la société turque, l’incident lié à l’avion russe abattu par la Turquie suscite de vives réactions. Nombreux sont ceux qui se prononcent contre le président Erdogan et sa politique qui menace de pousser le pays au bord du gouffre diplomatique.
"Vivement préoccupé par la politique de notre gouvernement, je suis de près le déroulement des événements alarmantes à la frontière syrienne", a relevé Kemal Kilicdaroglu, président du Parti républicain du peuple (le principal parti d'opposition en Turquie, ndlr).
"Loin de résoudre les problèmes pertinents, l'implication de la Turquie dans le conflit syrien n'a fait qu'en engendrer d'autres encore plus graves pour notre pays. J'en viens à croire que le gouvernement à venir devrait en tenir compte", a fustigé Ertugrul Gunay, ancien ministre turc de la Culture et du Tourisme.
"L'incident lié à l'avion russe abattu est dû à l'ampleur des bourdes commises dans la politique extérieure du pays", a martelé Ismail Kucukkaya, animateur de la chaîne américaine FoxTV diffusée en Turquie.
"Les Etats-Unis: cet incident ne concerne que la Russie et la Turquie. En d'autres termes, débrouillez-vous tout seuls!", a fait remarquer Fatih Portakal, animateur de l'émission d'actualité la plus regardée en Turquie.
"Poussé par une soif inextinguible de pouvoir et un machiavélisme sans bornes, le gouvernement d'Erdogan s'est enlisé dans une crise diplomatique de grande envergure avec la Russie", a souligné Mustafa Hos, ancien rédacteur en chef de l'agence NTV (viré pour avoir critiqué la politique gouvernementale, ndlr).
"Ce n'est pas par hasard si le président Poutine a mis en avant la formule "complices des terroristes". Le Conseil de Sécurité de l'Onu ne tardera pas à se lancer dans une guerre de documents, si bien que tous les crimes perpétrés par le Parti de la justice et du développement (AKP) seront dévoilés", a flagellé Gazi Caglar, journaliste du journal Bugun (partis de gauche).
"Certains affirment que l'avion russe abattu constitue un grand exploit fait par le gouvernement turc, sans tenir compte du prix fort que la Turquie sera obligée de payer pour cette confrontation avec la Russie. Tout le monde y sera impliqué", a souligné Zeynep Gurcanli, journaliste du quotidien turc Hurriyet.
"De quel droit a-t-on abattu l'avion russe? Est-ce que la sécurité de la Turquie a été mise en cause? Je suis pacifiste puisque que je me rend parfaitement compte de tout le fardeau que constitue la guerre", a martelé Nazli Ilicak, ancienne compagne de lutte du président Erdogan ayant changé de camp suite à la répression des manifestations de Gezi en 2013.
"Nos frontières fourmillent de traîtres. Tout ce qui s'est produit était inévitable dans un pays rempli de terroristes et de délinquants de tout genre", a fustigé Orhan Aydin, membre du Parti communiste de la Turquie.
Un avion russe Su-24 a été abattu mardi en Syrie. Selon les sources militaires turques, l'avion russe aurait violé l'espace aérien du pays près de sa frontière avec la Syrie. Preuves à l'appui, le ministère russe de la Défense souligne que pendant toute la durée du vol, l'avion se trouvait exclusivement au-dessus du territoire de la Syrie. De son côté, pilote rescapé a indiqué n'avoir reçu aucune sommation ni mise en garde avant que son avion soit abattu.