24-11-2024 09:28 AM Jerusalem Timing

USA: sanglante fusillade dans un centre de planning familial du Colorado

USA: sanglante fusillade dans un centre de planning familial du Colorado

Nouvelle manifestation à Chicago après la mort d’un Noir abattu par un policier.

Un centre de planning familial dans le Colorado, dans l'ouest des Etats-Unis, a été le théâtre d'une sanglante fusillade vendredi qui a duré plusieurs heures et fait trois morts, dont un policier ainsi que neuf blessés.

Les autorités ont reconnu ne pas connaître pour l'instant les motifs du tireur qui a été arrêté peu avant 17H00 locales (00H00 GMT), après plus de cinq heures d'échanges de tirs avec les forces de l'ordre.

"Je veux dire aux proches des victimes que c'est une terrible, terrible tragédie qui est survenue à Colorado Springs" vendredi, a déclaré John Suthers, le maire de la deuxième ville de l'Etat, située au sud de Denver.

"Nous avons perdu deux civils et nous pleurons la perte d'un très courageux officier", a-t-il ajouté lors d'un point presse.

D'après un communiqué de l'université de Colorado Springs, l'officier tué s'appelait Garrett Swasey et était âgé de 44 ans.

Neuf personnes dont 5 policiers ont par ailleurs été hospitalisées. "Elles sont pour l'instant en bonne condition", a précisé Catherine Buckley, porte-parole de la police de cette ville, lors de la même conférence télévisée.

S'il n'a pas encore été identifié, l'image d'un homme de large corpulence, en T-shirt blanc, cheveux rasés courts et pantalon militaire était montrée, sur laquelle on le voit de dos, menotté et emmené par des policiers.  

'Terrorisme intérieur'  

Les forces de l'ordre s'inquiètent encore de savoir si le suspect, qui a principalement agi avec un fusil d'épaule, pourrait avoir placé des explosifs dans le bâtiment, que les autorités inspectent désormais pièce par pièce.

Plus tôt, Catherine Buckley avait signalé que le tireur avait amené "des appareils", laissant entendre qu'il pourrait s'agir d'explosifs.

Des représentants de la police fédérale, le FBI, l'autorité des armes (ATF) participaient à l'intervention toujours en cours pour finir de sécuriser le bâtiment.

Les télévisions américaines ont retransmis des images de personnes évacuées à la hâte, sans manteaux, certaines en larmes, sous la neige et dans un froid glacial.

Dans les alentours, plusieurs commerces avaient été placés en confinement et leurs employés et clients avaient dû rester calfeutrés pendant des heures.

Quan Hoang, propriétaire d'un salon de manucure proche du centre de planning familial, a raconté sur la chaîne CNN être sorti de son salon après avoir vu arriver "tout un tas de voitures de police près d'une banque".

"J'ai cru qu'il s'agissait d'un braquage mais dès que je suis sorti j'ai entendu trois coups de feu", a-t-il ajouté.

"Des officiers de police m'ont dit de partir, de rentrer et de verrouiller les portes", a-t-il poursuivi.

Ni la police ni la fédération des centres de planning familial n'ont été en mesure de confirmer que c'est bien l'organisation à but non lucratif, qui reçoit des subventions publiques, qui était la cible du tireur.

Les centres de planning familial sont aux Etats-Unis les principaux à fournir des services gynécologiques: des examens préventifs, des contraceptifs mais aussi à réaliser des interruptions volontaires de grossesse.

Cela en fait régulièrement des cibles de manifestations voire d'agressions pour les opposants radicaux à l'avortement.

Récemment, ces centres se sont retrouvés au coeur d'une polémique en raison de la diffusion de vidéos qui laissaient entendre que l'organisation vendait des cellules foetales.

La chambre des représentants américaine, dominée par le camp républicain, a également tenté à plusieurs reprises de couper les fonds publics de l'organisation lors de discussions budgétaires.

"Nous ne connaissons pas totalement les circonstances et les motifs de ce crime, et ne savons pas si le planning familial était la cible de l'attaque", a expliqué dans un communiqué Vicki Cowart, porte-parole de l'organisation.

Avant de dénoncer "des extrémistes (anti-avortement qui) créent un environnement toxique capable d'alimenter le terrorisme intérieur".

Nouvelle manifestation après la mort d'un Noir abattu par un policier

Par ailleurs, plusieurs milliers de manifestants défilaient vendredi à Chicago pour réclamer justice après la mort d'un jeune Noir abattu par un policier blanc, bloquant la circulation et empêchant les clients d'entrer dans les magasins particulièrement fréquentés pour les soldes du "Black Friday".

Des policiers protégeaient les entrées de grands magasins sur une avenue très commerçante, tandis que des manifestants massés sur les trottoirs empêchaient les clients d'entrer et que d'autres défilaient entre les voitures.

La police a finalement coupé la circulation pour laisser place au cortège.

"16 tirs, 13 mois", criaient des manifestants, en référence au nombre de balles reçues par Laquan McDonald, 17 ans au moment de sa mort en octobre 2014.

Et au délai de plus d'un an qu'il a fallu avant l'inculpation mardi du policier, malgré l'existence d'une vidéo montrant que l'adolescent n'avait pas une attitude menaçante avant d'être abattu.

"L'histoire ce n'est pas que lui (l'agent, NDLR) craignait pour sa vie, l'histoire c'est qu'il ne voulait pas voir ce garçon vivre", a crié un manifestant, Jared Steverson, 27 ans.

"Quand tu rentreras chez toi et que tu enlèveras ton uniforme, ils vont t'arrêter parce que tu es Noir comme moi", a-t-il lancé en direction d'un policier gardant un magasin à quelques centimètres de lui. 

Samantha Vazquez, 18 ans, justifie elle le blocage des magasins: "Ils font leurs courses. Et tout le monde se fiche que quelqu'un soit mort, que d'autres jeunes aient été abattus et personne ne fait rien".

Okunola Jeyifous était lui venu manifester avec sa femme et leurs jumeaux de neuf mois. Affirmant que la couleur de sa peau lui faisait craindre la police, ce chercheur de 41 ans à l'université de Chicago a confié à propos de ses enfants qu'il voulait les voir "vivre dans une société qui les estime et où ils se sentent aussi protégés que les autres par la loi".

Des membres du mouvement "Black Panthers" ont aussi défilé tandis que la grande figure de la lutte pour les droits des Noirs aux Etats-Unis, Jesse Jackson, a mené un autre cortège.

Chicago connaît un regain de tensions depuis que la vidéo du drame a été diffusée pour la première fois mardi. Les autorités ont appelé au calme, le pays ayant déjà été secoué depuis 18 mois par des manifestations qui ont parfois dégénéré en émeutes après la révélation d'autres cas de brutalités policières commises contre des Noirs.

De nombreux manifestants ont d'ailleurs rapproché le cas de Laquan McDonald à celui de Michael Brown, adolescent noir non armé qui avait été abattu par un policier blanc à Ferguson, dans le Missouri (centre) en 2014.

Plusieurs personnes ont été arrêtées au cours des précédentes manifestations organisées à Chicago depuis mardi.

Le président américain Barack Obama s'est lui-même dit "profondément choqué" par les images montrant Laquan McDonald se faire abattre par des tirs reçus à la tête, au cou, au thorax, aux bras, à une main, au dos et à une cuisse.

Le policier âgé de 37 ans, Jason Van Dyke, a été inculpé mardi de "meurtre avec préméditation".

Dans la vidéo, Laquan McDonald marche au milieu de la chaussée, un objet à la main. Il semble ne pas se plier au contrôle de police, sans toutefois se montrer menaçant. Au moment où l'adolescent s'écarte vers le bord de la route, le policier ouvre le feu et continue de tirer froidement tandis qu'il gît au sol.

Avec AFP