Le directeur général de la Sureté générale Abbas Ibrahim a personnellement supervisé le processus de l’échange.

Presqu’un an et demi après l’enlèvement de seize soldats et policiers libanais par le front al-Nosra,  l’opération de l’échange des militaires a été lancée ce mardi matin.

En août 2014, des dizaines de soldats et policiers libanais avaient été enlevés  par des miliciens wahhabites du front Al-Nosra, branche officielle d'al-Qaïda en Syrie,  et de Daesh (Etat islamique), sa branche désavouée, lors d'une incursion de ces derniers dans la région d'Aarsal, avec la complicité de Libanais, depuis la Syrie toute proche. Quatre de ces otages ont été exécutés et un cinquième est mort des suites de ses blessures

Vers 11h00 heure  locale de Beyrouth, les 3 militaires et les 13 policiers sont arrivés à bord de véhicules tout terrain d’al-Nosra de la région du Qalamoune à Wadi Hmeid (jurd d’Aarsal, au nord Est du Liban), où l’échange a eu lieu.

Seules les deux chaines de télévision, qatarie "al-Jazeera", et libanaise "MTV", ont été autorisés à couvrir l’événement dans le jurd d’Aarsal, où des dizaines de miliciens encagoulés et armés ont été déployés.

Interrogés par les médias sur place, les militaires et policiers ont exprimé leur joie pour la réussite tant attendue de la transaction de l’échange, souhaitant que leurs collègues, toujours présents aux mains de l’autre groupe terroriste Daech, soient libérés prochainement à leur tour.

"L'opération s'est terminée à midi (10H00 GMT) avec la libération", a indiqué la Sûreté Générale dans un communiqué, assurant que les autorités ne vont "ménager aucun effort pour libérer les neuf autres militaires aux mains de Daech", a-t-elle ajouté..

Un convoi de la Croix Rouge est arrivé sur les lieux de l’échange pour transporter les militaires et policiers et remettre au groupe terroriste en échange les prisonniers et prisonnières relaxés des prisons libanaises .

Parmi eux figurent Saja al-Doulaimi, une ex-épouse du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, et Ola al-Okaili, femme d'Abou Ali
al-Chichani, un ancien commandant d'Al-Nosra qui a rejoint les rangs de Daech.

Le directeur général de la sureté générale Abbas Ibrahim a personnellement supervisé le processus, qui a commencé tôt ce mardi par l’acheminement, à bord de camions, de vivres et de médicaments aux terroristes retranchés dans le jurd, comme le stipule l’accord conclu.

La Croix Rouge a également reçu de la part d'al-Nosra le corps du militaire tué peu de temps après son  enlèvement, le soldat Mohammad Hamiyé.

Par ailleurs, un couloir humanitaire a été ouvert pour permettre aux blessés d’al-Nosra de se faire soigner dans les hôpitaux d’Aarsal.

Pendant ce temps, des dizaines de citoyens se sont rassemblés sous la tente des parents des militaires à la place Riyad el-Solh, au coeur de Beyrouth, où un sit-in a été organisé depuis plusieurs mois, attendant impatiemment l’arrivée des militaires.

 

La sureté générale confirme

Dans un communiqué, la sureté générale a confirmé la fin du processus de l’échange de détenus, et indiqué que les militaires libérés sont désormais aux mains de son département.

La sureté générale a remercié « tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette opération humanitaire et patriotique». 

Pour sa part, le général Abbas Ibrahim a déclaré que « la transaction d’échange a eu lieu selon des conditions qui préservent la souveraineté du pays », assurant sa disposition à négocier avec Daech pour libérer les militaires.

Les militaires s’expriment

Une fois arrivés au village Labwé dans la Békaa, les militaires libérés ont remercié le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah et du directeur de la sureté générale Abbas Ibrahim.

L’un des militaires a martelé : « Ce qui s’est passé est une victoire pour Sayed Hassan Nasrallah ».

Après une pause au siège du commandement de la huitième légion de l’armée libanaise à Labwé, le convoi transportant les militaires a pris la route vers la capitale Beyrouth. Un accueil officiel est prévu pour les militaires au grand Sérail.

Réactions politiques

Les politiciens libanais n'ont pas tardé à commenter la nouvelle de la réussite de l'échange.

Le chef du Courant du Futur Saad Hariri a félicité les militaires pour avoir recouvré leur liberté. « C’est une bonne nouvelle pour tous les Libanais et une victoire pour la ténacité de l’armée et des forces sécuritaires face aux pressions », a-t-il écrit sur son compte Twitter, remerciant ceux qui « ont participé à la libération des militaires, notamment le Qatar ».

De son côté, le président de la rencontre démocratique le député Walid Joumblatt a remercié « ceux qui ont aidé à la conclusion de la transaction de l’échange ».

Le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berri, s’est félicité dans un communiqué du dénouement heureux de l’affaire des militaires détenus, espérant la poursuite des efforts pour libérer le reste des soldats aux mains de Daech.