Les atouts de force de la Turquie face à la Russie.
Suite à l’épisode du Sukhoï 24 russe abattu, la Russie, on le sait, a pris des mesures importantes de rétorsion envers la Turquie. Le Premier Ministre Turc Ahmet Davutoglu a annoncé samedi ce qui sonne comme une menace, que « ce n’était pas seulement la Turquie qui avait des intérêts économiques avec la Russie mais que c’était réciproque ». Tout en conseillant à Poutine « d’agir la tête froide ».
À quoi fait-il allusion ?
La Russie, c’est vrai, possède des intérêts économiques en Turquie. Un tiers des exportations de gaz russe, soit un flux annuel de 10 000 millions de dollars, est acheté par Ankara, ce qui rend également la Turquie dépendante de la Russie pour son énergie. Si le lien était rompu, la Turquie devrait se tourner vers l’Iran qui a tellement rapproché ses positions avec Moscou que les Turcs pourraient là aussi faire chou-blanc pour obtenir quoi que ce soit des Iraniens.
Ce que la Turquie pourrait faire, par contre, ce serait de fermer le détroit du Bosphore ce qui couperait totalement la ligne de fourniture russe vers Lattaquié en Syrie. Comme le dit Sputnik : « Les tensions entre la Russie et la Turquie à propos du Sukhoï 24 pourraient mettre en question la liberté de navigation par le détroit du Bosphore, un débouché majeur pour les bateaux russes.»
Cependant cela violerait une loi internationale. À noter qu’au cours des derniers mois l’équipement lourd russe a été livré en Syrie par les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Le détroit du Bosphore relie la mer Noire à la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles relie alors la mer de Marmara à la Méditerranée. Une dégradation plus avant des relations entre les deux pays qui gênerait ainsi la livraison d’armement et l’acheminement de troupes en utilisant ces détroits du Bosphore et des Dardanelles obligerait la Russie à le faire par Gibraltar, ce qui prend 14 jours au lieu de 4 actuellement, ou simplement par air.
En temps de paix la Turquie est obligée selon la loi de laisser des bateaux de guerre passer quel que soit leur pavillon. En cas de guerre la loi prévoit que le passage est de l’entière discrétion du gouvernement turc. Cette disposition poserait de sérieuses questions concernant l’adhésion de la Turquie à la Convention de Montreux, signée en 1936.
Affaire à suivre donc.
Algarath