23-11-2024 03:07 AM Jerusalem Timing

Une invasion terrestre arabo-turco-occidentale se prépare pour la Syrie?

Une invasion terrestre arabo-turco-occidentale se prépare pour la Syrie?

De concert, le tandem John McCain et Lindsey Graham met hypocritement l’accent sur une alliance arabe sunnite contre la Syrie

Une invasion terrestre de la Syrie est entrain d’être préparée entre acteurs arabes, turc et américain, à l’instar de ce qui s’est passé au Yémen, affirme le journal libanais al-Akhbar, au moment où se multiplient les déclarations qui y font allusion.

Aussi bien Ankara, que Riad et Abu Dhabi ne cessent de marteler cette thèse. Surtout depuis que deux membres du Congrès américain l’ont  évoquée dernièrement.


La semaine passée à Bruxelles, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu n’a pas mâché ses morts, assurant que son pays allait entamer une nouvelle opération aux côtés de l’Arabie saoudite et d’un pays tierce dont il n’a pas dévoilé l’identité, pour lutter contre le terrorisme en Syrie.
Il a tenu ses propos aux côtés du patron de l’Otan, Jens Stoltenberg, assurant que les frontières de la Turquie avec les Syrie étaient elles-mêmes celles de l’Otan.

Sans tarder, l’Arabie saoudite s’est manifesté, exprimant par le biais d’un responsable du ministère des AE saoudien qu’elle soutenait l’intensification des efforts pour une coalition internationale pour soi-disant combattre Daesh en Syrie et en Irak, insistant sur la nécessite de la participation de la Grande Bretagne.

Quant aux Emirats arabes Unis, ils ont affiché leur volonté franche de faire part à un tel effort, écartant par la voix du ministre des AE, Anouar Karakech le scénario d’une intervention qui ressemble à celle qui avait été mise au pied pour libérer le Koweït de l’invasion irakienne au début des années 90 du siècle dernier.
« La coalition arabe au Yémen sous le commandement de l’Arabie saoudite est l’exemple à  suivre pour nous en tant qu’Etats », a-t-il signifié.

Avant ces déclarations turques, saoudiennes et émiraties, ce sont  les deux congressemen républicains , John McCain et Lindsey Graham, très critiques à l'égard de la politique d'Obama, qui s’étaient attardés pour exposer dans les détails ce scénario.

Lors de leur visite de deux jours à Bagdad, tous deux se sont relayés pour exposer leur proposition"
La formation d’une force de 100 mille soldats étrangers, dont la majeure partie devraient être originaires des pays arabes et musulmans, dont l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Turquie en particulier. Au côté de 20 mille militaires américains dépêchés en Syrie et en Irak pour leur prêter main forte.

Pour l’Irak seulement, les deux hommes ont réclamé une augmentation des effectifs américains pour qu'ils atteignent les 10 mille militaires, sachant que leur nombre actuel est de l’ordre de 3.500 conseillers militaires.



Arabes sunnites contre les autres

Dans les propos de McCain, l’un des soutiens avérés aux milices takfiristes en Syrie pour renverser le président syrien, et de Graham, l’accent est fortement mis sur les différences communautaires et nationalistes, quoique les turcs devraient en principe faire partie de cette forces suggérée : « la mobilisation de nos alliés arabes dans une force terrestre suggérée pour la Syrie est quelque chose de très possible sans être  facile pour autant… le fait d’isoler Assad est la seule voie pour que les pays arabes sunnites puissent soutenir la force terrestre proposée », a affirmé le premier, en allusion à une proposition qu’il avait faite auparavant : la formation d’une force européenne et arabe soutenue par 10.000 conseillers et formateurs américains.

Et Graham de poursuivre pour expliquer le rôle de ces conseillers, prenant bien soin d’être provoquant : « ils fourniront les potentialités que les arabes ne possèdent pas », a-t-il indiqué, en s’interrogeant non sans hypocrisie : «  Depuis quand une armée arabe a-t-elle effectué des manœuvres ? ».

Toujours avec autant de duplicité, Graham prend soin de faire la distinction entre le scénario proposé et les deux autres guerres, celles d’Afghanistan et d’Irak, aux résultats mitigés pour les Etats-Unis et leurs alliés régionaux.

«Cette fois-ci, il est question d’une force formée d’une armée régionale importante avec une petite force occidentale. Alors que durant les deux autres guerres il y avait des forces occidentales importantes et une force régionale très petite ».

Et de verser lui aussi dans l’approche communautaire : « à mon avis, la force qui va rester sera une force internationale et les Arabes sunnites pourront contrôler une partie de la Syrie où ils seront accueillis après le départ de Daesh ».


Grignotage du principe "no boots on the ground"

Quoique les positions de ce tandem républicain ne reflètent pas la politique de l'administration américaine démocrate,  l’AFP constate dans les positions américaines officielles un renforcement de l'implication des forces spéciales américaines en Syrie et en Irak. Lequel   «grignote un peu plus le principe du "pas de soldats sur le terrain" (no boots on the ground) posé par le président Obama ».

En effet, l'implication se fait petit-à-petit, et sa révélation avec une grande précaution, comme si elle voulait passer inaperçue, surtout en Syrie. 

Ce mardi, Washington a déclaré être "prêt à renforcer" la cinquantaine de soldats des forces spéciales envoyés dans le nord de la Syrie, et révélé qu’il a déployé une unité de forces spéciales en Irak pour des raids contre la milice wahhabite takfiriste Daesh.
   
En Syrie, "là où nous trouverons de nouvelles opportunités de développer" le groupe des forces spéciales déjà sur place, "nous serons prêts à le renforcer", a déclaré le secrétaire à la Défense Ashton Carter devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants.
   
En Irak, les Etats-Unis "sont en train de déployer" une "unité spécialisée" des forces spéciales pour "aider les forces irakiennes et kurdes peshmergas" à mener des raids sur le terrain contre le groupe Etat islamique, a-t-il ajouté.
 
Selon lui, ces forces spéciales seront à terme capables de conduire des raids, libérer des otages, obtenir du renseignement et capturer des responsables du groupe Etat islamique.
   
Cette unité de forces spéciales "sera également en position de conduire des opérations unilatérales" en Syrie, a-t-il assuré.