La semaine écoulée, 2.000 combattants ont rejoint les rangs de Daesh et du Front al-Nosra depuis la Turquie, plus de 120 tonnes de munitions et 250 véhicules de différents types ont été livrés
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa famille sont directement "impliqués" dans le trafic de pétrole avec la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique-EI), a affirmé le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov, lançant mercredi de nouvelles accusations contre la Turquie qui a abattu un avion militaire russe le 24 novembre.
"Le principal consommateur de ce pétrole volé à ses propriétaires légitimes, la Syrie et l'Irak, s'avère être la Turquie. D'après les informations obtenues, la classe dirigeante politique, dont le président Erdogan et sa famille, est impliquée dans ce commerce illégal", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à laquelle, pour la première fois, étaient invités plus de 300 journalistes étrangers.
"Le cynisme du gouvernement turc est sans limite", a-t-il continué, ajoutant que la Russie "a déjà à plusieurs reprises averti du danger de flirter avec le terrorisme".
"Vous ne vous posez pas de questions sur le fait que le fils du président turc s'avère être le dirigeant d'une des principales compagnies énergétiques et que son beau-fils a été nommé ministre de l'Energie? Quelle merveilleuse entreprise familiale!", a-t-il commenté, en référence à la récente nomination au poste de ministre de l'Energie du gendre du président turc, Berat Albayark.
C'est la première fois que Moscou cite nommément le président turc et son entourage pour accuser Ankara, qui a abattu le 24 novembre un avion militaire russe au-dessus de la frontière syrienne, provoquant une crise sans précédent avec la Russie.
Preuve à l’appui, le ministère russe de la Défense a dévoile les photographies des convois de camions-citernes transportant du pétrole jusqu'à la frontière entre la Syrie et la Turquie.
Après avoir franchi la frontière turco-syrienne, les camions-citernes transportent le pétrole de l'EI vers des ports où l'or noir est ensuite acheminé vers des pays tiers en vue de son raffinage.
Antonov a indiqué que la Russie appelle Ankara à autoriser l'accès aux lieux où, selon Moscou, sont hébergés les centres du trafic de pétrole de l'EI.
Recep Tayyip Erdogan, dont le pays a rejoint l'été dernier la coalition internationale antijihadiste, avait déjà qualifié ces accusations de "mensonges et calomnies" et nie farouchement couvrir le trafic de pétrole brut organisé par l'EI, qui constitue la principale source de revenus de l'organisation jihadiste.
Moscou, qui mène des frappes aériennes sur la Syrie depuis le 30 septembre, a intensifié ses frappes contre les installations pétrolières de l'EI, autorisant les pilotes de ses avions de "tirer à vue" sur les camions-citernes dans la zone contrôlée par l'organisation terroriste.
Depuis le début de ses interventions, l'aviation russe a détruit 32 complexes pétroliers, 11 raffineries, 23 puits de pétrole et 1.080 camions-citernes transportant des produits pétroliers, a énuméré M. Antonov, faisant défiler les cartes dans l'immense salle où s'étaient réunis plus de 300 journalistes.
Signalant que Daesh possède quelque 8.000 camions citernes qui transportent chaque jour 200.000 barils de pétrole, il a indiqué que grâce à ces frappes, Moscou a réussi à réduire de moitié le chiffre d'affaires annuel des activités pétrolières de l'EI, passé de trois milliards de dollars par an à 1,5 milliard de dollars.
« Les flux financiers liés à la revente de produits pétroliers ne servent pas uniquement à enrichir la haute direction politico-militaire de la Turquie. Ils reviennent en grande partie en Syrie sous forme d’armes, de munitions et de combattants de différents types. Rien qu’au cours de la semaine écoulée, 2.000 combattants ont rejoint les rangs de Daesh et du Front al-Nosra depuis la Turquie, plus de 120 tonnes de munitions et 250 véhicules de différents types ont été livrés », a-t-il également révélé.
Toutes les informations sur les itinéraires de livraison en Syrie depuis la Turquie d'armes, de munitions et de composants d'explosifs seront présentées la semaine prochaine, a-t-il conclu.
Sources: AFP, Sputnik