Dans un nouveau bilan de l’état d’urgence, le ministre a fait état de 2.235 perquisitions. Elles ont permis 263 interpellations qui ont conduit à 232 gardes à vue.
Les autorités françaises ont annoncé mercredi la fermeture de trois mosquées pour cause de radicalisation, une mesure sans précédent en France prise dans le cadre de l'état d'urgence instauré après les attentats de Paris.
Une vaste opération de police a visé mercredi une mosquée présentée comme salafiste de Lagny-sur-Marne, en région parisienne, entraînant la fermeture du lieu de culte.
Cette intervention d'une ampleur inédite conduira à la "dissolution définitive, en conseil des ministres et dans les meilleurs délais, de trois associations pseudo-cultuelles concernées" dans cette ville de la banlieue est, a déclaré à la presse le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
C'est la première fois que le gouvernement annonce la dissolution d'associations de type cultuel - sur la base de la loi de 1955 sur l'état d'urgence récemment modifiée - depuis les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessées.
Les deux autres mosquées fermées l'ont été la semaine dernière, à Gennevilliers, en périphérie nord-ouest de Paris, et L'Arbresle, près de Lyon (centre-est).
Leur fermeture est "provisoire", le temps que durera de l'état d'urgence, comme le prévoit la loi. Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mercredi, Bernard Cazeneuve a aussi évoqué un cas à Nice (sud-est), mais il s'agit là non pas d'une mosquée mais de "quatre salles de prière clandestines", a précisé à l'AFP son entourage.
"De telles mesures de fermetures de mosquées pour motif de radicalisation n'avaient jamais été prises auparavant, par aucun gouvernement, y compris en 2005 pendant l'état d'urgence" lié aux émeutes dans les banlieues, a assuré le ministre Cazeneuve.
Une manière de répondre au chef de l'opposition de droite et ex-président français Nicolas Sarkozy: alors qu'on lui demandait mercredi matin sur la radio Europe 1 "combien de mosquées salafistes ou radicalisées" avaient été fermées sous son mandat à l'Elysée, l'ancien chef de l'Etat avait répondu "plusieurs", sans plus de précision.
Un revolver 9mm
A Lagny, les perquisitions menées mercredi matin ont "conduit à la notification de 22 interdictions de sortie du territoire", "à neuf mesures d'assignation à résidence d'individus radicalisés", ainsi qu'à la saisie d'un revolver 9 mm "chez un individu qui a été aussitôt placé en garde à vue", selon Bernard Cazeneuve.
C'est, a-t-il précisé, chez les "dirigeants" de la mosquée de Lagny qu'a été saisi le revolver ainsi que des documents sur le jihad et "un disque dur dissimulé". Une madrassa (école coranique) non déclarée a aussi été découverte.
Les avoirs de l'imam Mohamed Hammoumi, qui présidait une des associations mises en cause et officiait dans cette mosquée jusqu'en décembre 2014 lorsqu'il s'est installé en Egypte, avaient été gelés par un arrêté en avril.
Par ailleurs, dans un nouveau bilan de l'état d'urgence, le ministre a fait état de 2.235 perquisitions. Elles ont permis 263 interpellations qui ont conduit à 232 gardes à vue.
De même, 334 armes ont été saisies dont 145 armes longues et 34 armes de guerre. "En 15 jours nous avons donc saisi un tiers du volume des armes de guerre habituellement récupéré en une année", s'est félicité le ministre de l'Intérieur.
Selon le ministre, "330 assignations à résidence ont été prononcées à l'égard d'individus suivis par les services de renseignement essentiellement pour des activités en lien avec la mouvance islamiste radicale".
"Nous serons d'une fermeté totale contre tous ceux qui prêchent la haine en France", a réaffirmé devant l'Assemblée M. Cazeneuve, assurant que 65 imams ou prédicateurs avaient été expulsés depuis mai 2012, dont 34 pour la seule année en cours. Contre 19 sous le mandat de Nicolas Sarkozy (2017-2012), a-t-il tenu à préciser.
Les fermetures de mosquées sont diversement reçues dans les rangs musulmans. Certains responsables soulignent que, avec 2.500 lieux de culte, l'islam manque déjà de salles de prière en France, et préfèrent que les imams et prédicateurs de haine soient ciblés, plutôt que les lieux eux-mêmes.