23-11-2024 03:01 AM Jerusalem Timing

Lorsque l’élimination de Daech passe par le partage de l’Irak aux yeux des USA

Lorsque l’élimination de Daech passe par le partage de l’Irak aux yeux des USA

« Les Etats-Unis insistent sur un agenda spécifique, celui d’effriter non seulement l’Irak, mais aussi la Syrie et les autres pays de la région », avertit un responsable irakien.

Jour après jour le monde réalise que les Etats-Unis ne sont nullement sérieux dans leur combat contre le groupe terroriste takfiriste Daech en Irak. Alors qu’ils se targuent d’avoir formé une coalition internationale pour défaire ce groupe terroriste, la réalité sur le terrain ne fait que démontrer le contraire.

Dernièrement, les responsables américains ont exposé la nouvelle « solution US » pour l’Irak : combattre Daech à Ninive et Anbar (à l’ouest) à l’aide d’une armée régionale sunnite.

Pour le président Barack Obama qui s’est prononcé il y a trois semaines lors du sommet du G20, le sénateur John McCain (président de la commission des forces armées) qui était en visite à Bagdad, le ministre de la défense Ashton Carter et John Bolton (ancien représentant américain à l’ONU) et autres, « la meilleure alternative à Daech est l’établissement d’un Etat sunnite, s’étendant de l’ouest de l’Irak et comprenant le nord et l’Est de la Syrie) ».

Ce projet ne peut donc être appliqué que par le biais d’une partie sunnite influente dans les régions irakiennes contrôlées par Daech.

Parallèlement à ces déclarations, des parties irakiennes évoquent un plan provisoire américain, qui stipule le déploiement de forces d’élite chargées de rechercher des parties locales alliées parmi les tribus irakiennes. La Maison Blanche ainsi que le chef de la diplomatie John Kerry ont réitéré hier jeudi cette position.

Sur ce point, le député de Ninive, Hanine Kaddo, a révélé que des parties influentes irakiennes soutiennent ce projet. Dans un entretien téléphonique au journal libanais al-Akhbar, celui-ci souligne que « la position du gouvernement irakien est faible face à l’intervention US dans le pays. Les membres du gouvernement veulent compter sur des forces extérieures dans le combat contre Daech, telles que la coalition kurde et d’autres forces de la coalition nationale ».

Un autre député Abdel Azim Ajmane est allé dans le même sens : « Washington veut charger des tribus alliées pour libérer Ninive et Al-Anbar. Les Etats-Unis n’ont pas encore pris la décision de débarrasser l’Irak de Daech, parce que les tribus ne sont toujours pas prêtes pour prendre le contrôle de la situation sur le terrain. Washington ne veut pas que les forces de la mobilisation populaire y prennent part ».

Pour l’instant, l’ambition US est entravée par la concurrence entre des représentants locaux de Ninive et Anbar, une concurrence qui a avorté plusieurs médiations menées par des parties régionales alliées à Washington.

De plus, une commission suprême de coordination formée récemment de politiciens irakiens compte tenir une réunion la semaine prochaine à Bagdad pour libérer les régions ouest et nord de l’Irak. Le porte-parole de la commission, le député Khaled Mofraji, a fait savoir que sa commission œuvre pour mettre en place un projet pour la libération des provinces en question, et aider les déplacés à retourner chez eux.

Rejet irakien du projet américain

Commentant les propos de McCain, le président de la commission de la sécurité et de la défense au parlement irakien Hakem Zamili, a averti que les Irakiens combattront les Américains  comme ils le font avec Daech en cas d’envoi de troupes américaines dans le pays ».

« Les Etats-Unis insistent sur un agenda spécifique, celui d’effriter non seulement l’Irak, mais aussi la Syrie et les autres pays de la région », a-t-il dit.
Et de révéler que « le Parlement irakien compte voter une loi contraignante au gouvernement, de rejeter tout déploiement de forces spéciales américaines à l’ouest et au nord du pays.

Pour leur part, « la coalition nationale » et le comité des « forces de la mobilisation populaire » ont rejeté la proposition US. Selon Hassan Abdel Hadi, membre du bureau politique des brigades « maitre des martyrs »,  « cette proposition n’est pas nouvelle et vise à partager l’Irak et à provoquer la destruction de la région. Ce jeu n’est pas étrange de la part des Etats-Unis, et derrière eux l’Entité sioniste ».

De son côté, la coalition nationale, plus grand bloc parlementaire irakien, a soutenu la position des forces de la mobilisation populaire. « Cette proposition est totalement rejetée. Nous avons plus d’une fois salué toute aide à l’Irak à l’exception de forces terrestres », a dit un député de la coalition Salim Chawki, menaçant de combattre les forces étrangères. 

Décision prise de concert ?

Au moment où le Premier ministre irakien Haydar Ibadi a écarté le recours à des forces terrestres, le chef de la diplomatie US a assuré s’être concerté avec le gouvernement de Bagdad sur ce sujet.

Selon lui, Ibadi soutient les efforts US d’envoyer « près de 200 » membres des forces des opérations spéciales en Irak.

En effet, le Premier ministre a salué toute aide étrangère, et expliqué que son gouvernement sera contraint d’approuver tout déploiement de forces spéciales en tout endroit en Irak.

Kerry qui a confirmé avoir mis au courant le gouvernement irakien de tous les détails du projet américain, a pavé la voie devant d’autres pays de l’Otan pour déployer des forces d’opérations spéciales, chargées entre autre d’entrainer la police, de récolter des renseignements et de fournir des munitions et d’autres matériels aux pays riverains de la Syrie.

Dans ce cadre, le journal US Washington Post a rapporté de responsables américains que la nouvelle force sera déployée près d’Erbil, la capitale du Kurdistan. Ces forces peuvent agir de concert avec le gouvernement irakien ou diriger des opérations d’envergure avec les peshmergas ou autres forces irakiennes.  
 
A partir du site al-Akhbar