23-11-2024 03:23 AM Jerusalem Timing

Ankara à Bagdad: Retrait de troupes en échange du gazoduc qatari!

Ankara à Bagdad: Retrait de troupes en échange du gazoduc qatari!

Les forces de la mobilisation populaire ont menacé de frapper les intérêts turcs partout en Irak.

   L'Irak a donné dimanche 48 heures à la Turquie pour retirer des troupes qui ont pénétré sur son territoire illégalement, prévenant qu'Ankara devrait sinon faire face à "toutes les options disponibles" y compris un recours au Conseil de sécurité de l'ONU. 

"Dans le cas d'un non retrait de ces forces dans les 48H, l'Irak va user de son droit au recours à toutes les options disponibles", y compris en faisant appel au Conseil de sécurité, a déclaré le cabinet du Premier ministre, Haider al-Abadi, dans un communiqué.

Une source informée des discussions entre les deux parties a révélé au journal libanais al-Akhbar que la « Turquie a assuré au gouvernement irakien, via des messages codés et des médiateurs, qu’elle allait retirer la force militaire en échange de l’accord de Bagdad pour l'installation sur son territoire, d’un gazoduc qatari à destination de la Turquie».

Et de souligner qu’Ankara a promis « plus de souplesse dans le dossier de l’eau, évoquant une augmentation du quota aquatique destiné à l’Irak à partir du Tigre et de l’Euphrate ».

Version officielle turque

Dimanche, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a assuré dans une lettre adressée à Haider al-Abadi qu'il n'y aurait pas de nouveau déploiement de forces militaires turques tant que les préoccupations de l'Irak ne seraient pas prises en compte. Mais le sort des troupes déjà déployées n'a pas été précisé.

Dans sa lettre envoyée dimanche à Abadi, Davutoglu l'informe sur "le programme d'entraînement qui a été mis en oeuvre à Bashiqa depuis mars dernier et sur les missions et les activités des forces" turques qui y sont déployées, a indiqué une source au sein de son cabinet.

La veille, Davutoglu avait minimisé ce nouveau déploiement, évoquant une "rotation normale" et une opération de "renfort pour faire face à des risques de sécurité".

"Ce n'est pas un nouveau camp", avait-il poursuivi, ajoutant que "le camp de Bashika, à 30 km au nord de Mossoul, est un camp d'entraînement établi en soutien des volontaires qui combattent le terrorisme".

   "Nous avons déjà formé et nous allons continuer à former nos frères irakiens qui combattent Daech à Bashika et ailleurs", a poursuivi Davutoglu.
 
Troupes turques : informations contradictoires

La Turquie dispose de troupes dans la base de Bashiqa dans la province de Ninive pour entraîner des volontaires irakiens en vue d'une reconquête de Mossoul, deuxième ville d'Irak tombée aux mains du groupe terroriste Daech en juin 2014.

Mais les autorités du Kurdistan irakien ont de leur côté indiqué que "le gouvernement turc avait envoyé ces derniers jours les experts et l'équipement nécessaires dans le but d'agrandir le camp".

Les informations étaient contradictoires sur l’ampleur de la force militaire turque déployée. Alors que certains médias ont avancé le chiffre de 200 militaires seulement, le président de la commission de la sécurité et de la défense au parlement irakien Hakem Zamili  a confirmé au journal al-Akhbar qu’il s’agit de 1200 soldats, 25 blindés, et trois dragueurs de mines.

Selon Zamili, l’entrée de forces turques est un test en prélude à l’entrée de forces d’autres pays, comme alternative à Daech.

Il a sollicité le commandant général des forces armées d’ordonner le bombardement aérien de la force turque, ajoutant que cette force est intervenue suite à l’accord du gouvernement de la province du Kurdistan.

Pour sa part, le ministre irakien de la Défense, Khaled al-Obeidi, a  demandé le retrait des forces turques.

Rejet irakien de l’ingérence turque

Pendant ce temps, les forces de la mobilisation populaire, force paramilitaire qui participe aux combats contre les terroristes de Daech, ont menacé de frapper tous les intérêts turcs en Irak, et réclamé de la marjei’ya (plus haute instance religieuse chiite irakienne) de décréter une fatwa qui tolère de frapper les forces turques conquérantes. 

Les brigades Hezbollah d’Irak ont promis de viser les intérêts turcs partout, et menacé de combattre les Turcs comme elles le font avec les Américains et Daech.
Le chef du Parlement irakien a également menacé la Turquie de représailles de la part de certaines factions et forces « chiites » armées, rappelant la prise en otage des employés turcs. 

Par ailleurs, la commission légale au Parlement a demandé l’envoi d’un projet de loi devant le Parlement, exigeant l’annulation d’un accord conclu entre les deux pays le 27 septembre 2007, et stipulant l’entrée de forces turques sur une profondeur de 30 km dans le territoire irakien en « cas de danger tangible ».

Condamnation arabe et régionale

Réagissant à l’incursion turque, la Ligue arabe l’a qualifiée de « flagrante ». Le secrétaire général de cette ligue Nabil el-Arabi a précisé que « tout ce que l’on peut faire est de publier un communiqué de protestation, parce que la Ligue arabe ne peut stopper une intervention sur le terrain ». Et d’évoquer un accord global de la part des Nations Unies et du Conseil de sécurité pour prendre les mesures nécessaires pour stopper ces ingérences.

De son côté, la République Islamique a qualifié de mesure erronée l’incursion des forces militaires turques en Irak. Pour Hussein Amir Abdollahian, « le soutien des autres pays et la lutte contre Daech exigent une coordination complète avec le gouvernement légal irakien et son feu vert. Pour cette raison, nous considérons que des mesures pareilles portent atteinte à la sécurité de la région ».  

Traduit du site al-Akhbar