Seyed Hadi Afghani, politologue iranien, diplomate et ancien employé de l’ambassade iranienne au Liban, l’a explicité dans son entretien à Sputnik Persian.
L'Iran est prêt à fournir des preuves confirmant que la Turquie achète du pétrole aux combattants de Daech.
"L'Iran dispose de documents confirmant que la Turquie achète du pétrole à Daech. Nous pouvons les rendre publics. Les conseillers militaires iraniens en Syrie ont pris des photos et ont filmé des vidéos des camions-citernes qui forment un convoi se dirigeant depuis la Syrie vers la frontière turque", a déclaré le secrétaire du Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime de l'Iran Mohsen Rezaï, cité par le site d'information Tabnak.
M.Rezaï s'en est pris à la Turquie suite à une déclaration du président turc publiée dans les médias iraniens. Recep Tayyip Erdogan a annoncé avoir averti le président Hassan Rohani, lors d'un entretien, qu'il devrait s'abstenir de soutenir la Russie dans sa rhétorique antiturque. Selon M.Erdogan, sa déclaration a produit un effet sur les dirigeants iraniens, et Téhéran n'a fourni "aucun commentaire" sur la publication des preuves relatives aux liens entre la famille du président turc et les terroristes.
Or des commentaires ont suivi, et il est évident qu'ils sont contraires aux "avertissements" de M.Erdogan. Téhéran a pris une courte pause avant d'expliquer clairement quel parti il a pris dans cette situation.
Seyed Hadi Afghani, politologue iranien, diplomate et ancien employé de l'ambassade iranienne au Liban, l'a explicité dans son entretien à Sputnik Persian.
"Le problème renferme plusieurs volets. Tout d'abord, il importe de comprendre si le président Erdogan, son beau-fils et son fils étaient au courant de l'achat par la Turquie du pétrole volé à Daech. Le fait qu'ils étaient informés est prouvé par deux paquets de documents. Le premier a été présenté lors d'une conférence de presse du ministère russe de la Défense qui avait rendu publiques des photos et des vidéos fournissant des preuves probantes. D'où la réaction appropriée d'Erdogan et des autorités turques, ainsi que l'impact sur la position des alliés de la Turquie au sein de l'Otan.
"Ensuite, l'Iran dispose de ses propres documents qui confirment les preuves irréfutables présentées par les militaires russes. Ce n'est un secret pour personne que nos conseillers et instructeurs militaires se trouvent dans la proximité immédiate des lieux. En plus, nos spécialistes coopèrent avec l'armée syrienne et les combattants du Hezbollah libanais. C'est pourquoi l'échange de renseignements entre nos structures militaires et le suivi du trafic de pétrole vers la Turquie sont obligatoires pour nous. Tout cela est photographié et filmé. Le président Erdogan ne pourra pas tromper constamment le peuple turc et nier l'authenticité des documents présentés par la Russie. C'est à cette fin que Mohsen Rezaï a fait sa déclaration. Si le dirigeant turc continue de nier les choses évidentes, nous disposons de photos, de vidéos et de données GPS sur les itinéraires des convois transportant du pétrole.
"Après la publication par nos collègues russes des preuves irréfutables de la coopération entre la Turquie et Daech, il n'y a nul besoin de publier les documents en possession des militaires iraniens. Mais si besoin est, nous le ferons".
L'expert a ajouté que la destruction d'un Su-24 russe par les chasseurs turcs dans l'espace aérienne de la Syrie, et non de la Turquie, constituait la preuve la plus convaincante de la coopération entre la Turquie et Daech en matière de commerce du pétrole volé:
"Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a tout à fait raison quand il déclare qu'une des raisons les plus logiques de la destruction de l'avion militaire russe par des chasseurs turcs est la coopération entre la Turquie et Daech en ce qui concerne la vente et la revente du pétrole syrien volé, à l'heure où les avions russes bombardent les convois pétroliers. C'est pourquoi l'Iran, à l'instar de la Russie, estime qu'il est de son devoir de rendre publiques les preuves dont il dispose.
"Quant à M.Erdogan, il doit arrêter ses invectives, renoncer à ses ambitions et démissionner. J'espère bien qu'il le fera et cessera, de cette façon, d'attiser la situation dans une région agitée, cherchant à embraser une nouvelle guerre".