La décision saoudienne a été exécutée par un employé saoudien, à l’insu de toutes les commissions gouvernementales internationales arabes qui supervisent l’action d’Arabsat.
Voici ci-dessous le communiqué saoudien parvenu à tous les médias et en fonction duquel la chaine de télévision al-Manar a été suspendu sur le satellite arabe Arabsat: « Le ministre saoudien de la culture et de l’information, Dr. Adel Toreifi, a ordonné la suspension de la diffusion des deux chaines al-Mayadeen et al-Manar, proches de l’Iran et du Hezbollah. Ces deux chaines avaient mené des campagnes médiatiques successives contre l’Arabie Saoudite, au cours desquelles elles ont fabriqué beaucoup de rumeurs et de mensonges lors de la tempête décisive. Les ordres de stopper la diffusion des deux chaines interviennent alors que le ministère de l’information œuvre pour lancer une chaine en langue persane, ainsi qu’un site électronique »
Le problème ne réside pas dans le communiqué. Chaque régime -- surtout quand il est à l’image du régime saoudien -- a le droit de faire ce qui convient à sa nature, son essence et ses intérêts, et surtout lorsqu’il se sent en crise, voire en état d’effondrement.
Mais le véritable problème réside dans ce qui a suivi le communiqué. L’ordre saoudien de museler une chaine de télévision libanaise, autorisée par le gouvernement libanais, et soumise aux lois libanaises, est devenu une forme d’invasion et de violation non seulement de la souveraineté libanaise, mais aussi de la souveraineté de tous les pays arabes.
Il s’agit aussi d’une infraction à toutes les lois administratives et commerciales. Sans oublier que la logique des droits de l’homme et des libertés publiques est une question qui ne peut constituer de terrain d'entente avec le régime saoudien.
Immédiatement, l’ordre saoudien a été exécuté. Comment ? Non pas par le biais de ses autorités officielles, ni via ses institutions constitutionnelles, mais par la société Arabsat. C’est ainsi que le scandale a éclaté au grand jour.
La société possède deux faces : elle est avant tout une société commerciale, mais aussi une société de coopération intergouvernementale. Elle est donc formée conjointement et solidairement entre les gouvernements des pays arabes.
En d’autres termes, Arabsat est soumise à une assemblée générale représentant tous les actionnaires qui la possèdent. Cette assemblée élit un conseil administratif pour superviser le travail quotidien d’Arabsat.
Donc, le firman saoudien a outrepassé sur le plan hiérarchique administratif, le conseil administratif d’Arabsat et son assemblée générale. Il a été exécuté directement par le directeur exécutif de la société, le Saoudien Khaled Belkhayour, conformément à l’ordre du responsable saoudien.
Toujours sur le plan administratif, le scandale s'illustre par l’ignorance totale des faits de la part du conseil administratif d’Arabsat et des membres de son assemblée générale. De plus, le Liban, membre de cette assemblée, occupe la 7ème position parmi les pays arabes, en matière de contribution financière et de possession d’actions.
Sur le plan politique, Arabsat ressemble à une agence de collaboration entre les gouvernements, soumise au mandat de la Ligue arabe, et surtout au mandat du conseil des ministres arabes de l’Information et des communications.
Le Liban est représenté dans les deux conseils, et il est parmi les pays membres qui ont contribué à la formation d’Arabsat.
La décision saoudienne a donc été exécutée par un employé saoudien, à l’insu de toutes les commissions gouvernementales internationales arabes qui supervisent l’action d’Arabsat.
Voilà comment la transgression saoudienne de la souveraineté nationale devient globale et généralisée sur tous les pays arabes. Le plus flagrant encore c’est qu’aucune partie ministérielle libanaise n’a réagi pour l’instant.
Si le mutisme étatique libanais se poursuit, ceci ouvrira la porte à une répression saoudienne qui pourra atteindre tous les médias libanais ou arabes diffusant sur le satellite Arabsat. Cette affaire ne concerne pas seulement al-Manar, mais tous les médias arabes. C’est un crime contre la liberté et le droit humain élémentaire. Et la pire riposte à ce scandale est de se contenter d’observer le silence.
Traduit du site al-Akhbar