Le sort du chef de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, emprisonné plusieurs fois pour ses positions anti-israélienne et anti-takfiriste, est toujours inconnu.
L'armée nigériane a commis dans la nuit de samedi à dimanche un massacre contre la communauté musulmane chiite au nord du pays.
Selon des sources locales des centaines de participants à une cérémonie religieuse dans la région de Zaria, au nord du Nigéria, ont été tués et blessés par les tirs de l'armée.
Selon le quotidien libanais AlAkhbar, le rassemblement consistait en les funérailles de l'une des victimes tuées par le groupe takfiriste Boko Haram il y a quelques jours.
Des militants nigérians ont avancé le chiffre de 450 tués. Les autorités imposent un black-out sur le nombre réel des victimes. Le vice chef du Mouvement, Cheikh Mohammad Tori, figure parmi les victimes.
Selon l’AFP, l'armée nigériane évacuait par camion les corps des victimes de l’assaut lancé contre les militants du Mouvement islamique du Nigeria (IMN).
"Selon nos informations, les dépouilles de nos membres tués autour de la maison de notre dirigeant sont en train d'être évacuées par les soldats par camion. Je ne peux pas donner le chiffre précis du nombre de morts mais c'est énorme", a déclaré le nouveau porte-parole de l'IMN Ibrahim Musa à l'AFP.
Bashir Bello, un habitant, a confirmé à l'AFP que "de nombreux militants ont été tués par balle" en voulant protéger la maison du chef et que les corps étaient évacués "par camion". Le sort du chef de l'IMN, Ibrahim Zakzaky, emprisonné plusieurs fois pour ses positions anti-israélienne et anti-takfiriste, est toujours inconnu. Le religieux nigérian a également accusé des dirigeants de l’armée d’entretenir des liens avec des dirigeants de Boko Haram.
Les forces de l’ordre ont également assiégé et pris d’assaut le domicile de cheikh Zakzaki, tuant son épouse et son fils, selon le site iranien arabophone AlAlam. Sa maison et la Husseinya ont aussi été démolies. L'information a été confirmée par Musa, et rapportée par l'AFP.
L’agence Associated Press avait pourtant fait croire que l’épouse de Zakzaki, Zeina Ibrahim était encore vivante et qu'elle lui avait fait part que "plus de 30 personnes ont été blessés dans l’assaut qui était en cours".
Des témoins cités par AlAkhbar ont précisé que les habitants ont formé des boucliers humains aux alentours du domicile de Zakzaki pour empêcher son assassinat ou son arrestation. Près de 20 d’entre eux ont été blessés par les tirs de l’armée qui a interdit leur transfert vers les hôpitaux.
En protestation à ce massacre, plusieurs manifestations dans différentes villes nigérianes ont condamné l’atrocité de l'armée et appelé l’armée à s’en prendre aux takfiristes de Boko Haram au lieu de s’en prendre à des civils désarmés.
Quant à l'armée qui s'est contentée dimanche d'évoquer "des pertes humaines", elle a accusé les fidèles chiites, qui menaient une procession, d'avoir attaqué et "tenté d'assassiner" le chef d'état-major Yusuf Buratai, dont le convoi était bloqué par la procession.
Une version démentie par l'IMN.