Obama souffre sans doute du pire déficit de crédibilité auprès du peuple américain depuis Lyndon Johnson et Richard Nixon sur la guerre du Vietnam ou du moins depuis George W. Bush sur la guerre d’Irak.
Les États-Unis se sont infligés une telle surdose de propagande et de désinformation que leur crédibilité est aujourd’hui à la hauteur des revendications délirantes d’État islamique.
Comme la vieille histoire du petit garçon qui criait au loup, le gouvernement des États-Unis découvre – exactement au moment où sa crédibilité est la plus nécessaire – qu’il n’en a aucune. Avec tous ses programmes de soft power pour la gestion des perceptions, son financement de blogueurs citoyens et son collage de narratives longtemps après qu’elles ont été discréditées, le gouvernement étasunien est en train de perdre la guerre de la propagande contre État islamique.
Telle était la conclusion d’experts extérieurs qui ont examiné les campagnes en ligne du Département d’État visant à saper l’influence d’EI, selon un article de Greg Miller, du Washington Post, qui a écrit que l’analyse «jette un nouveau doute sur la capacité du gouvernement des États-Unis de nourrir une voix crédible contre la propagande du groupe terroriste».
En d’autres termes, même lorsque le gouvernement étasunien est en concurrence avec les effrayants coupeurs de tête d’EI, le Département d’État reste dans le déni à propos de sa perte de crédibilité – et, typiquement, ne veut pas publier les détails de l’étude critique.
Au lieu de quoi, le sous-secrétaire d’État pour la diplomatie publique Richard Stengel a insisté, affirmant que l’opération de messagerie du département «est à la hausse», tout en reconnaissant que son équipe fait face à un adversaire difficile avec EI et qu’elle doit «être tout aussi créative et innovante».
Mais le problème du gouvernement des États-Unis est beaucoup plus profond que son incapacité à contrer la propagande d’EI. De plus en plus, presque personne en dehors du Washington officiel ne croit ce que les hauts responsables étasuniens disent sur à peu près tout – et cette perte de confiance exacerbe un large éventail de dangers, depuis la démagogie de la campagne électorale de 2016 jusqu’au recrutement du terrorisme au Moyen-Orient et en Occident.
Le président Barack Obama semble vouloir tellement désespérément être l’un des habitants d’élite dans la bulle du Washington officiel qu’il continue à promouvoir des récits dont il sait qu’ils ne sont pas vrais, au mieux pour démontrer qu’il appartient à la foule des initiés. Il a atteint le point où il sort tellement de mots de sa bouche dans tous les sens que personne ne peut dire ce que ses mots signifient réellement.
En effet, Obama souffre sans doute du pire déficit de crédibilité auprès du peuple américain depuis Lyndon Johnson et Richard Nixon sur la guerre du Vietnam ou du moins depuis George W. Bush sur la guerre d’Irak. Aussi éloquent qu’il puisse être, les gens ordinaires aux États-Unis et dans le monde ne l’écoutent plus.
Rage blanche
Donc, sur le plan intérieur, lorsque le président dit aux Américains qu’un autre accord commercial – celui avec l’Asie – sera bon pour eux, y a-t-il quelqu’un, hors des pages d’opinion des journaux de l’élite et des groupes de réflexion influents, pour le croire ?
L’Amérique a maintenant une sous-classe croissante, formée d’anciens Blancs de la classe moyenne qui savent qu’ils ont été vendus puisqu’ils sont confrontés à la baisse de leur niveau de vie et à une hausse sans précédent de leur taux de mortalité. Pourtant, parce qu’ils ne font pas confiance à Obama, ces Blancs sont facilement convaincus par des démagogues que leur situation provient des programmes du gouvernement destinés à aider les Noirs et les autres minorités.
Cette rage blanche a alimenté les campagnes racistes et anti-immigrés du milliardaire Donald Trump et d’autres politiciens marginaux du Parti républicain.
Trump est en tête de la course des primaires du camp républicain (GOP) pour les prochaines présidentielles parce qu’il dit quelques choses vraies – que les riches ont acheté les processus politiques et que les accords commerciaux ont écrasé la classe moyenne –, se donnant ainsi une aura d’authenticité qui s’étend ensuite à ses commentaires les plus affreux.
Source: Mondialisation