Le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, avait lancé un ultimatum à Ankara et même la plus haute autorité chiite du pays, l’ayatollah Sayed Ali Sistani, s’en était exprimé sur l’affaire.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a accusé la Turquie de convoiter l’Irak, et de chercher à diviser la région de Mossoul, profitant de la conjoncture actuelle.
Cité par le site Soumariya news, Abadi a dit devant une délégation de la tribu d’AlbouHamad venue le visiter : « La position de l’Irak est claire. Nous rejetons la présence turque sur notre sol. La Turquie a des ambitions et tente de diviser Mossoul, mais ces rêves ne se réaliseront point, parce que le peuple irakien a clairement rejeté cette occupation et demandé à Ankara de retirer ses troupes ».
Effectivement, les militaires turcs récemment déployés dans le nord de l’Irak ont quitté lundi la zone, un mouvement qui pourrait permettre d’apaiser la tension entre les deux pays.
« L’armée turque s’est retirée à l’aube » du camp de Bachiqa à proximité de la deuxième ville irakienne, Mossoul, a indiqué lundi le parlementaire irakien Salem al-Chabaki. « Des témoins ont vu les soldats partir en direction de la frontière turque », a-t-il ajouté, en précisant que seuls des militaires formateurs étaient restés sur les lieux.
Le nombre exact de soldats ayant quitté ce camp où un contingent de 150 à 300 soldats et d’une vingtaine de véhicules blindés avaient été envoyés il y a dix jours, n’a pas été dévoilé. Ankara avait affirmé qu’il s’agissait de renforts dépêchés pour assurer la protection des conseillers militaires turcs chargés d’entraîner des combattants irakiens dans la lutte contre le groupe terroriste Daech (EI), qui contrôle Mossoul.
Bagdad avait protesté plusieurs jours durant, affirmant ne pas avoir donné son aval à ce déploiement et en appelant à l’ONU au nom de sa souveraineté nationale.
Un glissement
« Il y a eu un glissement des forces », a déclaré lundi le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, lors d’un entretien à la chaîne de télévision A Haber. « Nous avons fait ce qu’il était nécessaire de faire sur le plan militaire », a-t-il poursuivi, tout en précisant que les soldats turcs « continueront d’être présents là-bas ».
Selon le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, « le nombre de nos soldats à Bachiqa et dans le nord de l’Irak peut augmenter ou diminuer en fonction des besoins. Notre but est d’accroître la capacité [militaire] de l’Irak contre Daech».
L’agence progouvernementale turque Anatolie citait lundi des sources militaires affirmant qu’« une partie des troupes turques stationnées à Bachiqa étaient parties vers le nord dans le cadre d’un nouveau dispositif », parlant d’un « convoi de 10 à 12 véhicules, dont des chars », mais sans préciser le nombre des soldats concernés.
Tensions
Au nord de Mossoul, près de Dohouk dans le Kurdistan irakien, des témoins ont affirmé avoir vu du matériel militaire turc acheminé par camion vers le nord et la frontière turque. « J’ai vu ces véhicules, ils transportaient des armes lourdes avec des drapeaux turcs dessus », a dit un témoin sous le couvert de l’anonymat.
« Vers 6 h ce matin, j’ai vu des camions qui transportaient des chars et des véhicules blindés turcs vers le poste-frontière Ibrahim Khalil », qui sépare l’Irak de la Turquie dans le nord de la province de Dohouk, a raconté un autre témoin qui n’a pas voulu être identifié.
Ce déploiement a donné lieu pendant plus d’une semaine à une passe d’armes entre les deux pays, la Turquie appelant ses ressortissants à quitter l’Irak et son président, Recep Tayyip Erdogan, affirmant notamment qu’un retrait des troupes déployées à Bachiqa était « hors de question ».
De son côté, le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, avait lancé un ultimatum — non respecté — à Ankara et même la plus haute autorité chiite du pays, l’ayatollah Sayed Ali Sistani, s’en était exprimé sur l'affaire.
Après un déplacement à Bagdad la semaine dernière du vice-ministre turc des Affaires étrangères et du chef des services de renseignements turcs, le premier ministre, Ahmet Davutoglu, avait affirmé qu’un accord avait été trouvé sur une « réorganisation » du déploiement, sans en préciser les contours.
Source: AFP, al-Alam