La décision de l’AIEA de fermer le dossier du PMD est une "victoire politique, morale et légale" de l’Iran qui a prouvé qu’il n’avait pas "menti" sur le caractère pacifique de son programme nucléaire.
Le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, a déclaré mercredi que l'Iran n'acceptait "aucune limitation" dans son programme balistique après des critiques des experts de l'ONU.
"Malgré les pressions et un climat délétère, nous avons effectué le test du missile Emad et annoncé sa portée. L'objectif était de dire au monde que la République islamique d'Iran agissait selon ses intérêts nationaux et (...) n'acceptait aucune limitation dans ce domaine", a déclaré le général Dehghan, insistant sur la caractère "conventionnel" du missile, selon le site de son ministère.
L'Iran avait procédé à ce nouvel essai de missile de type Emad le 10 octobre et quatre pays (Etats-Unis, France, Allemagne et Royaume-Uni) avaient alors demandé au Comité des sanctions des Nations unies d'enquêter.
Dans leur rapport, dont l'AFP a eu copie mardi, les experts du Comité ont conclu que le lancement du missile Emad, "d'une portée d'au moins 1.000 km et d'une charge d'au moins 1.000 kilos (...) est une violation par l'Iran du paragraphe 9 de la résolution 1929".
La résolution 1929, qui date de 2010, interdit à Téhéran de mener des activités liées aux missiles balistiques pouvant emporter des armes nucléaires.
Téhéran affirme au contraire que ses missiles balistiques sont purement défensifs, ne sont pas conçus pour transporter des armes nucléaires, et ne sont donc visés par aucune résolution de l'ONU.
La résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a entériné l'accord nucléaire conclu en juillet avec les grandes puissances, demande à l'Iran de ne pas développer pendant huit ans des missiles balistiques conçus pour transporter une tête nucléaire.
Mais elle prévoit que les autres résolutions, notamment la 1929, seront annulées lorsque le Conseil de sécurité aura reçu un rapport de la part de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) certifiant que l'Iran a rempli ses engagements dans le cadre de l'accord nucléaire. Ce qui devrait intervenir en janvier.
"Depuis l'accord nucléaire, nous n'avons retardé ni arrêté, ne serait-ce que d'une seule seconde, nos tests (de missiles), nos travaux et nos recherches", a déclaré M. Dehghan.
"Pour défendre notre pays, nous produisons toutes les armes et équipements conventionnels nécessaires", a-t-il ajouté.
L'Iran a affirmé à de nombreuses reprises qu'il ne cherchait pas à fabriquer l'arme atomique, interdit par l'islam, selon une fatwa du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
L'Iran n'a pas menti
Ce mercredi, le président iranien Hassan Rohani a affirmé que la fin des sanctions contre son pays interviendrait d'ici mi-janvier, au lendemain de la décision de l'Agence internationale de l'énergie atomique de fermer le dossier nucléaire de Téhéran, estimant que cette décision est la preuve que l'Irean n'a pas menti.
"Les derniers pas que nous devons effectuer (dans le cadre de l'accord nucléaire, ndlr) seront franchis dans les deux prochaines semaines et les sanctions seront levées durant le mois de Dey", mois du calendrier iranien allant du 22 décembre au 21 janvier, a déclaré le président Rohani.
L'AIEA a formellement refermé mardi le dossier concernant la dimension militaire passée (PMD) du programme nucléaire iranien.
Cette étape était prévue par la feuille de route adoptée en juillet dans le cadre des négociations entre Téhéran et les grandes puissances qui ont débouché à Vienne sur un accord mettant fin à plus de treize ans de tensions sur le dossier nucléaire iranien.
L'accord de Vienne est destiné à garantir la nature strictement pacifique des activités nucléaires iraniennes contre une levée des sanctions internationales.
Avant cette levée des sanctions, l'Iran doit encore exporter son stock d'uranium faiblement enrichi vers la Russie, ce qui devrait intervenir d'ici quelques jours, selon les responsables iraniens.
Il doit aussi démanteler une grande partie de ses centrifugeuses pour n'en garder que 5.060 dans le site d'enrichissement de Natanz et 1.044 dans le site de Fordo, qui ne seront toutefois pas actives. Il doit aussi modifier son réacteur à eau lourde d'Arak.
"Les chaînes des sanctions seront enlevées des pieds de l'économie iranienne et la voie sera ouverte pour une plus grande coopération avec le monde", a affirmé M. Rohani.
"Nous invitons tous les acteurs économiques dans le pays, tous les Iraniens vivant à l'étranger, toutes les sociétés étrangères qui veulent coopérer avec l'Iran de profiter de cette opportunité pour venir dans notre pays qui est le plus sûr de la région", a ajouté M. Rohani.
Le gouvernement espère la fin des sanctions et la venue des investisseurs étrangers pour relancer l'économie.
M. Rohani a également affirmé que la décision de l'AIEA de fermer le dossier du PMD était une "victoire politique, morale et légale" de l'Iran qui a prouvé qu'il n'avait pas "menti" sur le caractère pacifique de son programme nucléaire les 14 dernières années.
Avec AFP