"C’est visiblement la première fois dans l’histoire de l’Otan qu’un pays membre s’en prend à un établissement de l’Alliance"..
Les autorités polonaises ont entrepris une démarche sans précédent dans l'histoire de l'Otan en chassant la direction d'un centre de contre-espionnage à Varsovie lors d'un raid effectué en pleine nuit par un groupe de gendarmes militaires.
Des responsables du ministère polonais de la Défense accompagnés de gendarmes militaires ont pénétré la nuit dans les locaux du centre de contre-espionnage parrainé par l'Otan pour y installer une direction bénéficiant du soutien des nouvelles autorités du pays, rapporte le Financial Times.
D'après le vice-ministre de la Défense Bartosz Kownacki cité par le journal, ce geste avait pour but "d'assurer le fonctionnement normal des institutions d'Etat qui, malheureusement, ne fonctionnent pas toujours correctement".
Le changement radical de la direction du centre marque une tentative du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne de renforcer ses positions en plaçant ses hommes aux postes clés dans les administrations publiques, les structures commerciales et les services de sécurité.
Selon un communiqué du ministère polonais de la Défense, le raid s'est déroulé sans incident. L'ex-directeur du centre, le colonel Krzysztof Dusza, a qualifié ces actions "d'illégales". Son avis est partagé par l'ancien ministre de la Défense Tomasz Siemoniak.
"C'est visiblement la première fois dans l'histoire de l'Otan qu'un pays membre s'en prend à un établissement de l'Alliance", a indiqué M. Siemoniak.
Le chef de la diplomatie polonaise Witold Waszczykowski a pour sa part déclaré que les "employés du centre avaient auparavant été privés d'accès aux documents secrets" et qu'ils "devaient donc être remplacés".
Selon le Financial Times, le centre de contre-espionnage a été mis en place en septembre dernier conformément à un accord entre les gouvernements polonais et slovaque.