Yassin Salhi n’est pas le premier détenu médiatisé à se suicider en prison, entraînant de fait l’extinction des poursuites à son encontre.
Il avait décapité son patron et attaqué un site gazier en juin en Isère: Yassin Salhi, qui avait recouru à une mise en scène terroriste, s'est suicidé mardi soir dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis.
Ses actes, qui avaient brutalement rappelé l'enjeu de la sécurité des sites
industriels sensibles, s'étaient inscrits dans la liste des attentats, et
projets d'attentats, qui ont jalonné l'année 2015 en France, de l'attaque
contre Charlie Hebdo en janvier au carnage du 13 novembre à Paris.
Yassin Salhi s'est suicidé dans sa cellule du quartier d'isolement de la
maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), a-t-on appris mercredi auprès de
l'administration pénitentiaire.
Le détenu n'avait pas été repéré comme suicidaire, a-t-on précisé de même
source.
Selon une source pénitentiaire, Yassin Salhi s'est pendu avec un câble
électrique aux barreaux de sa cellule. Il est décédé à 21H15.
Ce chauffeur-livreur de 35 ans avait été placé en détention provisoire fin
juin 2015 à la suite de l'attentat perpétré à Saint-Quentin-Fallavier (Isère),
après avoir été mis en examen notamment pour assassinat en relation avec une
entreprise terroriste, enlèvement et séquestration en vue de préparer un
assassinat, destruction ou dégradation et violences volontaires.
A l'inverse d'un Mohamed Merah, des frères Kouachi, d'Amédy Coulibaly ou
des radicaux qui ont frappé Paris en novembre, Salhi a toujours contesté en
garde à vue toute motivation islamiste, invoquant un différend professionnel
avec son patron.
Mais pour la justice, le patron de son entreprise de transport, Hervé
Cornara, qu'il a avoué avoir tué, était bien une victime du terrorisme
radicale.
Yassin Salhi n'est pas le premier détenu médiatisé à se suicider en prison,
entraînant de fait l'extinction des poursuites à son encontre.
En février 2010, Jean-Pierre Treiber, accusé du double meurtre de Géraldine
Giraud et Katia Lherbier en 2004, s'était lui aussi pendu dans sa cellule avec
un drap.
Selfie macabre
Selon le récit des enquêteurs, Yassin Salhi avait quitté le 26 juin 2015 au
matin l'appartement qu'il occupait avec son épouse et ses trois enfants à
Saint-Priest (Rhône) pour se rendre au siège de son entreprise, Colicom, à
Chassieu, au sud-est de Lyon. Il avait sur lui un couteau et un fusil à pompe
factice.
Au siège de Colicom, il avait chargé son utilitaire de bouteilles de gaz en
vue d'une livraison puis attendu son employeur Hervé Cornara, avec lequel il
avait eu une vive altercation deux jours plus tôt pour une palette renversée.
Il avait fait monter son patron dans son véhicule puis l'avait assommé
avant de l'étrangler. Il s'était ensuite dirigé vers l'usine de gaz industriels
Air Products.
Une fois sur place, il avait décapité sa victime avec son couteau. Il avait ensuite pénétré sur le site où on lui avait ouvert la porte sans formalité car il était connu du personnel pour ses livraisons.
Selon les enquêteurs, il aurait alors sorti la tête de Cornora pour la
fixer sur un grillage, parachevant sa mise en scène macabre en accrochant à
proximité deux drapeaux frappés de la "chahada", la profession de foi musulmane.
Après avoir pris des photos, il les avait envoyées à un ami parti combattre
en Syrie, dont un selfie dans lequel il avait posé auprès de la victime. Puis
il avait repris son utilitaire et était entré en collision avec des bouteilles
de gaz, provoquant un explosion avant d'être maîtrisé par des pompiers arrivés
rapidement sur place et auxquels il avait lancé: "Allah Akbar".
L'attentat "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech", avait
alors estimé le procureur de Paris, François Molins, notamment par la volonté
de Salhi de "donner à son acte une publicité maximale".
L'EI ou Daech a revendiqué les attentats parisiens de novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés. Neuf auteurs des attentats sont morts mais un suspect-clé, Salah Abdeslam, reste introuvable.
Avec AFP