Une cinquantaine de familles étaient parvenues à fuir lors des combats autour du complexe abritant le siège du gouvernement, dans le quartier de Hoz.
Des dizaines de familles que le groupe terroriste Daech (EI) utilisait comme boucliers humains à Ramadi ont pu s’échapper du centre de cette ville irakienne où les forces progouvernementales progressent vers les terroristes.
Les forces irakiennes traquent les derniers miliciens qui défendent Ramadi, une ville à 100 km à l’ouest de Bagdad dont la perte représenterait un nouveau revers pour EI.
Des responsables de la province d’Al-Anbar, dont dépend Ramadi, ont indiqué qu’une cinquantaine de familles étaient parvenues à fuir lors des combats autour du complexe abritant le siège du gouvernement, dans le quartier de Hoz.
« Les habitants de Ramadi qui étaient détenus par EI dans le centre-ville se sont échappés du complexe et se sont dirigés vers les unités militaires à Tal Mchahideh », dans l’est de la ville, a déclaré le porte-parole du conseil provincial Eid Ammach al-Karbouli.
Il a indiqué qu’il s’agissait en majorité d’enfants, de femmes et de personnes âgées qui ont brandi des linges blancs au moment où ils approchaient des forces de sécurité.
Un autre responsable du conseil provincial a dit qu’une famille avait été exécutée par EI lundi alors qu’elle essayait de fuir.
Ibrahim al-Fahdawi, qui dirige une commission de sécurité à Khaldiya, à l’est de Ramadi, a parlé de la fuite de 50 familles. Des bus devaient les emmener dans un camp, loin des combats, a-t-il dit.
Au lendemain de leur entrée dans le centre de Ramadi, les forces antiterroristes irakiennes progressaient lentement vers le complexe administratif.
« Les forces sont maintenant sur le point d’entrer dans la zone de Hoz », a indiqué à l’AFP un général de brigade.
Étape clé
La prise de ce bâtiment marquerait une étape clé dans la reconquête totale de cette ville conquise en mai par EI. Le porte-parole des forces antiterroristes a prédit mardi qu’elle serait achevée en trois jours.
Ils continuent de « purger » les quartiers résidentiels où une grande quantité d’explosifs et de munitions ont été abandonnés par EI.
La semaine dernière, des responsables militaires estimaient qu’il ne restait pas plus de 300 combattants de l’EI dans la ville.
« La chute de Ramadi est inévitable […] mais la bataille va être difficile », a estimé mardi le porte-parole de la coalition, le colonel Steve Warren.
Selon lui, des milliers de civils se trouvaient toujours dans la ville.
Devant l’avancée des troupes irakiennes, certains terroristes tentent de fuir la ville par des tunnels, ont indiqué des responsables.
« Des dizaines de combattants de EI se sont retirés du centre-ville en direction de Sufiya et Sichariyah », des quartiers de l’est de Ramadi, le long de la vallée de l’Euphrate, a précisé Ibrahim al-Fahdawi, chef de la sécurité dans le secteur de Khaldiya.
Avec la perte de Ramadi, la ville de Fallouja, un autre fief de Daech, se retrouverait de plus en plus isolée, ce qui pourrait affecter les approvisionnements du « califat » autoproclamé en juin 2014.
Ils « sont à bout »
En raison des opérations successives menées par les forces irakiennes et leurs alliés avec le soutien de la coalition, la part du territoire irakien contrôlé par EI a chuté de 40 % l’an dernier à 17 %, a affirmé la semaine dernière le ministre de la Défense Khaled Al-Obaidi.
L’entrée dans le centre de Ramadi est le dernier fait d’armes des forces irakiennes qui tentent depuis des mois de reprendre le contrôle de la vaste province sunnite d’Al-Anbar.
« Je pense que [les djihadistes de] EI sont à bout. La ville est encerclée depuis un moment », souligne David Witty, un colonel des forces spéciales américaines à la retraite et ancien conseiller pour les forces antiterroristes irakiennes.
La reprise de Ramadi est susceptible de redorer le blason de l’armée fédérale, qui avait été fortement critiquée pour son humiliante déroute face à EI. « Elle pourrait avoir une forte valeur symbolique et renforcer la résistance locale contre EI », estime David Witty.
L’objectif ultime de Bagdad est la reprise totale des territoires perdus en 2014, en particulier la deuxième ville du pays, Mossoul.