Et la localité de Darayya sur le point d’être conquise par l’armée syrienne à l’ouest.
Les choses vont vite en Syrie, et surtout dans la capitale syrienne où deux événements de grande importance ont eu lieu ce vendredi.
Dans l'après-midi, il y a eu la mort du chef de l’une des plus fortes milices opérant dans la Ghouta orientale à l’est de Damas, Jaïch al-Islam, ainsi que d’autres chefs de cette milice pro saoudienne.
Au moment où un accord inédit était finalisé sur le départ d’autres milices des quartiers du sud de la capitale. Pas les moindres car il s’agit de la milice wahhabite takfiriste Daesh et du front al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda.
Jaïch al-Islam décapité
Concernant le premier événement, rapporté par le média de guerre de la Résistance, et l’agence Reuters, Zahrane Allouche était en réunion avec d'autres chefs lorsque plusieurs raids aériens ont bombardé le lieu de la rencontre, pourtant tenue en secret.
Jaïch al-Islam est financée par l’Arabie saoudite et compte plusieurs milliers de miliciens dans ses rangs.
"La mort de Zahrane Allouche est l'une des pertes les plus significatives de l'opposition", a indiqué sur Twitter Charles Lister, un des principaux experts des groupes rebelles en Syrie pour l'AFP
Parmi les tués figurent aussi le numéro deux du groupe, son chef religieux, ainsi que son porte-parole, ont rapporté les sites de coordination. Des chefs des milices "Brigade al-Rahmane" et "Ahrar al-Sham" participaient aussi à la rencontre.
Selon le correspondant d'al-Manar en Syrie, il y aurait au moins 20 chefs de milices tués durant le raid contre cette réunion, qui a eu lieu dans la ferme d'Otaya au nord de l'aéroport Marj al-Sultane, libéré depuis une dizaine de jours. Dans la soirée de vendredi, le service de média de guerre de la Résistance a diffusé les images vidéos du raid contre cette ferme.
Selon Reuters, les avions russes ont effectué 13 raids dans la Ghouta orientale ce vendredi. Il était impossible dans l'immédiat de savoir si ces raids avaient été menés par l'aviation du régime ou par la Russie, souligne l'OSDH.
Qui est Allouche
Il appartient à une famille qui s'est convertie au wahhabisme, courant takfiriste importé de l'Arabie saoudite et n'ayant aucune origine en Syrie.
Selon la chaine de télévision al-Alam, son père, Abdallah Allouche était l'un des chefs du courant wahhabite au sein de la branche syrienne de la confrérie des Frères Musulmans.
Lui même a poursuivi ses études théologiques en Arabie saoudite, avant de revenir en Syrie, où sous la couverture d'activités dans l'immobilier, avec un associé saoudien, il enrôlait les jeunes syriens pour les convertir au wahhabisme et créer des cellules terroristes. Raison pour laquelle il a été capturé en 2009 jusqu'en 2011. Date à laquelle il a été libéré dans le cadre d'une amnistye présidentielle, consentie sous la pression de l'insurrection et des parties régionales.
Selon al-Alam, Allouche est encadré par les services de renseignements saoudiens, qui lui fournissent tout l'aide logistique, militaire et financière dont il a besoin.
Il était connu pour son discours confessionnel dans lequel il stigmatisait les alaouites et les chiites. Lors du lancement des frappes aériennes russes en Syrie, il a disséminé dans plusieurs régions de la Ghouta orientale des dizaines de cages dans lesquelles il avait renfermé des familles alaouites, enlevée lors de l'attaque meurtrière contre la cité industrielle de Aadra en 2013.
Selon le correspondant d'al-Manar, l'information de sa mort a été acueillie avec un grand soulagement de la part des habitants de la capitale qu'il a essayé à plusieurs reprises d'envahir, et qui a fait des centaines de fois l'objet de tirs d'obus de mortier et de roquettes, tuant et blessant des centaines.
Sa milice fait partie de la coalition qui encercle et bombarde sans répit les deux localités chiites Noubbol et Zahra au nord-ouest d'Alep, au côté du front al-Nosra et d'autres.
Le premier accord du genre
Au sud de Damas, ce sont 4.000 personnes, dont des membres de la milice wahhabite takfiriste Daesh et du Front Al-Nosra ainsi que des civils qui sont concernés par l’accord d’évacuation conclu avec les autorités syriennes.
C’est le premier accord de ce genre impliquant Daesh, voire le plus important aussi de tous.
Selon des sources proches des négociations, citées par l’AFPce départ est l'aboutissement de négociations débutées il y a deux mois, entre le pouvoir syrien et des représentants des habitants des trois quartiers du sud de la capitale.
Selon des sources proches du dossier, l'initiative concerne le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk et les quartiers voisins de Qadam et de Hajar al-Aswad. Ce dernier district était une base de l'EI près de la capitale.
"Un accord a été trouvé pour le départ de 4.000 civils et hommes armés appartenant à différents groupes, dont l'EI et le Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda), qui refusent toute réconciliation", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale proche des négociations.
L'application de l'accord débutera en principe samedi, a précisé cette source, indiquant que ces 4.000 personnes seront transférées soit à Raqa, fief de facto de Daesh, située dans le nord de la Syrie, soit à Marea, une localité de la province d'Alep, frontalière de la Turquie, aux mains de groupes rebelles islamistes et du Front Al-Nosra.
Quatre tentatives similaires avaient par le passé échoué, a souligné la source gouvernementale.
Un autre responsable de la sécurité syrienne sur le terrain a confirmé l'accord, précisant qu'il concernait 3.567 personnes, dont 2.000 combattants, "qui appartiennent dans leur majorité à l'EI, mais aussi au Front Al-Nosra".
Démilitarisation
Jeudi, une unité de l'armée est entrée à Qadam pour récupérer l'artillerie lourde et l'équipement militaire utilisés par les miliciens, a précisé ce responsable.
Par ailleurs, 18 bus sont déjà arrivés dans ce quartier pour assurer l'évacuation de samedi, a souligné le responsable.
"Chaque combattant sera autorisé à partir avec sa famille, une valise et son arme personnelle", a précisé de son côté un représentant local de Qadam, sous le couvert de l'anonymat.
Selon le correspondant de la chaine de télévision al-Manar, les autobus étaient accompagnés de deux véhicules des Nations Unies.
Interrogée par l'AFP, une responsable de l'ONU à Damas a affirmé que son organisation n'était pas impliquée dans cet accord. Un ministère destiné la réconciliation nationale a été mis en place sein du gouvernement syrien. Concernant l’accord, il est question d’une troisième partie non identifiée qui a joue un rôle dans la médiation.
Ces accords de "réconciliation locale", prévoient généralement l'abandon par les rebelles de leurs armes, en contrepartie d'aides aux habitants bloqués à l'intérieur et vivant dans des conditions précaires.
Selon l’AFP, début avril, Daesh et le Front Al-Nosra s'étaient emparés de 60% du camp de Yarmouk avant de se replier sur 40% du territoire. Ils sont actuellement présents dans la partie sud du camp près de la localité mitoyenne de Hajar al-Aswad.
Yarmouk est un quartier du sud de la capitale syrienne. Plus de 160.000 personnes y vivaient avant le début du conflit en 2011. Aujourd'hui, près de 7.000 civils palestiniens et syriens y habitent, alors que quelque 10.000 Palestiniens ont été évacués ces dernières semaines.
Darayya : sur le point de tomber
Non loin du camp Yarmouk, dans la province sud-ouest de Damas, l’armée syrienne poursuit la conquête de la localité de Darayya qui en est à ses dernières étapes. Selon la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, elle a découvert un réseau de tunnels souterrains sur plusieurs kilomètres de longueur, qui relient les positions des milices entre elles.