17-04-2025 02:24 AM Jerusalem Timing

Après les attentats en France, l’hostilité contre les musulmans prolifère

Après les attentats en France, l’hostilité contre les musulmans prolifère

Les responsables des mosquées ont été appelés à ouvrir leurs portes au grand public les 9 et 10 janvier pour "un thé de la fraternité".

"Les Arabes dehors !": Le slogan scandé par une centaine de manifestants en Corse samedi est révélateur d'une hostilité de plus en plus manifeste en France à l'encontre des musulmans, après les sanglants attentats de janvier et novembre.

Salle de prière saccagée - comme vendredi sur l'île française de Corse -,
tête de sanglier accrochée aux portes de mosquées, voire même tirs ou jets de
grenade: les exactions visant les lieux de culte musulmans se sont multipliées
depuis la tuerie contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le 7 janvier.

Selon le Conseil français du culte musulman (CFCM), une instance
représentative des 5 à 6 millions de musulmans de France, le nombre d'actes
islamophobes a atteint "un sommet" en 2015.

Dans les 12 jours qui ont suivi l'attentat contre Charlie Hebdo, la police et la gendarmerie avaient enregistré 128 actes anti-musulmans, un nombre quasi équivalent au total recensé pour toute l'année 2014, selon l'Observatoire contre l'islamophobie au CFCM.

   A un rythme moindre, les déprédations et les tags hostiles à la première
communauté musulmane d'Europe se sont poursuivis toute l'année, marquée par la décapitation d'un chef d'entreprise par son employé musulman en juin et la mort de 130 personnes sous les balles de commandos terroristes le 13 novembre, en plein coeur de Paris.

Ces événements tragiques ont semblé balayer les digues et libérer la parole
raciste, qui déferle sur les réseaux sociaux. Une "cyber-haine" déplore
l'Observatoire du CFCM qui "appelle les citoyens à ne pas faire l'amalgame
entre la grande majorité des musulmans français, qui vivent en paix, avec une
infime minorité qui prône la violence et même la mort au nom de notre
religion".

Autre symptôme: la poussée dans les urnes du parti d'extrême droite Front
national, toujours prompt à condamner la pression migratoire ou la présence
trop visible selon lui des musulmans

"Chez nous, on ne vit pas en djellaba", a lancé début décembre Marion
Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du mouvement et candidate dans la
région sud de la France.

"Nous ne sommes pas une terre d'islam, et si des Français peuvent être de
confession musulmane, c'est à la condition seulement de se plier aux moeurs et
au mode de vie que l'influence grecque, romaine, et seize siècles de chrétienté
ont façonné", a martelé cette jeune figure de proue du FN, parti qui a remporté
près de 30% des voix lors d'un scrutin régional mi-décembre.

"Thé de la fraternité"

  Face à ces tensions, le président François Hollande a appelé cette semaine
à la "solidarité" et à la "fraternité".
   "Il faut de l'optimisme, y compris lorsque nous sommes touchés par des
drames, parce que ce que veulent ceux qui nous agressent, c'est nous diviser,
nous séparer", a déclaré le chef de l'Etat.

  En parallèle, le gouvernement multiplie les gestes de fermeté avec la
fermeture de trois mosquées pour cause de radicalisation ou encore son projet
de déchéance de nationalité pour terrorisme des binationaux nés français.

Le CFCM a quant à lui annoncé la mise en oeuvre d'une "certification" des
imams en espérant qu'elle permettra, même si elle n'est pas un passage obligé,
de promouvoir un "islam ouvert" face à la radicalisation.

   Il espère aussi faire renaître "l'esprit du 11 janvier". Ce jour-là, des
millions de Français étaient descendus dans les rues pour manifester contre le
terrorisme et dénoncer les amalgames entre les tueurs salafistes et les
musulmans de France.

Les responsables des mosquées ont été appelés à ouvrir leurs portes au
grand public les 9 et 10 janvier pour "un thé de la fraternité". 

"Les personnes qui viendront pourront poser toutes les questions qu'elles
souhaitent, même les plus taboues, sur notre religion, la manière de faire la
prière, autour d'un thé et de pâtisseries. Le but est d'initier un dialogue
pour mieux de se connaître et casser la méfiance", a précisé Anouar Kbibech, le
président du CFCM. 

Autre symbole, à Lens (nord) une dizaine de musulmans sont venus
symboliquement protéger l'église pendant la messe de Noël jeudi soir. Une
initiative inédite qui avait pour but de "donner une autre image des musulmans".