23-11-2024 03:01 AM Jerusalem Timing

D’énormes contrats militaires pour soutenir l’alliance turco-saoudienne

D’énormes contrats militaires pour soutenir  l’alliance turco-saoudienne

Les milieux politiques et économiques estiment que cette coopération turco-saoudienne dépasse le cadre de la question syrienne et concerne en réalité comment faire face à l’Iran et la Russie.

Le timing de l’exécution de cheikh  Baqer al-Nimr, deux jours après la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à Riyad, n’est pas un innocent sachant que durant cette visite il a été convenu de  créer  un conseil suprême d’alliance stratégique. 

Les milieux politiques et économiques estiment que cette  coordination et coopération bilatérales dépassent le cadre de la question syrienne et concernent en réalité des questions plus vastes et plus importantes, notamment comment faire face à l'Iran et à la Russie.

Une lecture qui explique l'escalade turque persistante contre ces deux derniers, juste avant la visite de M. Erdogan à l'Arabie Saoudite. Certes, Riyad a déjà annoncé une alliance militaire «sunnite» contre Daech: une manœuvre tactique visant à persuader les capitales occidentales à coopérer avec eux contre le groupe  takfiriste, loin de tout rapprochement avec Moscou et Téhéran qui ont coopéré avec Bagdad et Damas sur cette question.

 Il faut aussi noter que l'exécution de cheikh Nimr est tout autant une  manœuvre pour provoquer Téhéran et l’entrainer dans de  nouvelles tensions  de manière à détourner l'attention du dossier Daech et d'une solution politique concernant  la Syrie. Ce qui en soi réjouira  Ankara qui rejette toute  solution remettant en cause son rôle de puissance régionale incontournable dans des questions comme celles des Kurdes ou des turkmènes ou des groupes politiques et militaires qu’elle soutient depuis le début du conflit dans le pays.

Selon des informations citées par le quotidien libanais asSafir,  les contrats militaires convenus entre  Erdogan et chacun des princes héritiers  Mohammed ben Nayef et  le ministre de la Défense Mohammed bin Salman, s’élèvent à 2,5 milliards de dollars dans le domaine des blindés turcs , sachant  que ce chiffre a de fortes chances d’atteindre les 10 milliards dollars. ET pour cause, l’accord comprendrait  d'autres équipements militaires turcs notamment des drones espions, mais surtout  les propriétaires des usines militaires sont des proches de M. Erdogan.

Cela dit, un autre volet a été abordé lors de cette visite d’Erdogan à Riyad et qui a été introduit dans les accords militaires : la construction de plus d'un million de logements au cours des cinq prochaines années afin d’absorber la colère du peuple à cause de l'aggravation de la crise économique dans le royaume.  

Toujours selon asSafir, Ankara aurait signé un accord de coopération militaire, incluant  l'envoi de troupes turques en  Arabie saoudite, comme cela fut le cas avec le Qatar. D’autres  informations évoquent un accord sur l’achat du pétrole et du gaz  de l'Arabie : une solution à la crise énergétique dont souffre la Turquie en raison de la détérioration de ses relations avec la Russie.

Par ailleurs, des sources diplomatiques ont rapporté que le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry s’est rendu à Riyad au moment où Erdogan se trouvait à Médine. Ces sources confirment les efforts saoudiens pour une réconciliation turque avec l'Egypte, à la demande d'Ankara, de manière à préserver le rôle de la Turquie dans la prochaine période.

Selon ses sources, Riyad compte augmenter son aide financière au Caire, alors qu’Ankara aurait promis de prendre des mesures concrètes contre les Frères musulmans afin de plaire au  président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, comme elle l’a fait avec le Hamas afin de plaire à  Israël , sachant qu’Erdogan a déclaré que son pays avait besoin d’Israël  et vice versa.

En fait, Riyad souhaite à travers une  réconciliation égypto-turque pouvoir imposer son opinion sur les capitales occidentales concernant  la Syrie . Aussi, d’unifier ses groupes takfiristes avec ceux pro-Turquie et pro- Jordanie dans le but de sortir ensemble de la liste des groupes terroristes établis par l'accord de Moscou avec Washington, et dont la plupart sont en relation directe avec Ankara.