25-11-2024 09:01 PM Jerusalem Timing

Terrorisme: l’Italie se défend d’avoir lâché la France

Terrorisme: l’Italie se défend d’avoir lâché la France

A la différence du Royaume-Uni ou de l’Allemagne, l’Italie n’a pas répondu aux demandes de soutien militaire formulées par le gouvernement français.

    L'Italie s'est démarquée de ses alliés européens,  dont la France, dans la "guerre contre le terrorisme" mais se défend avec véhémence de les avoir lâchés, affirmant face aux critiques que sa solidarité est "totale".

  Dans un éditorial plutôt sévère pour la politique étrangère italienne, le Corriere della Sera, premier quotidien du pays, a dénoncé mardi les "deux erreurs stratégiques" du chef du gouvernement Matteo Renzi, à commencer par le lâchage en rase campagne de son allié français.

 Renzi a "de fait pris ses distances avec François Hollande en lui refusant le soutien militaire que le président français lui avait demandé",  écrit le politologue et éditorialiste du journal, Angelo Panebianco.

 Faux, a rétorqué dès le lendemain le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni.
   "Je ne connais aucune demande de la part de la France à laquelle l'Italie n'aurait pas répondu", a affirmé le ministre dans une lettre ouverte, publiée également dans le Corriere della Sera.

 "Notre solidarité, en janvier comme en novembre, a été totale non seulement de la part du gouvernement mais aussi d'une grande partie de la société italienne", s'est-il encore défendu.

 A la différence du Royaume-Uni ou de l'Allemagne, l'Italie n'a pas répondu aux demandes de soutien militaire formulées par le gouvernement français auprès de ses alliés européens après les attentats du 13 novembre à Paris.

  Interrogée, l'ambassade de France en Italie indique que "les contacts se poursuivent entre les deux pays afin de déterminer l'ampleur de la réponse italienne" aux demandes de Paris. Hollande "a écrit à ce sujet à Matteo Renzi en décembre".


 En attendant, l'Italie s'efforce de jouer une autre partition, mettant en avant les "dimensions différentes de celle purement militaire dans la lutte contre le terrorisme", selon l'expression de Gentiloni.

  Les Italiens gardent en effet en mémoire le souvenir des interventions militaires, américaine en Irak et franco-britannique en Libye, et du chaos qui s'en est suivi.
   "Je n'ai aucune indulgence à l'égard de ceux qui cultivent encore l'illusion de résoudre le défi qui nous est lancé par une brillante action militaire", a ainsi écrit le chef de la diplomatie italienne.
   
   - Fortes tensions -
   
   D'autant qu'une action belliciste provoquerait immédiatement de fortes tensions dans la majorité parlementaire et dans l'opinion publique, font valoir les experts.
   A la "guerre éclair", l'Italie préfère un engagement certes militaire, mais aussi diplomatique et culturel.
   
Renzi a ainsi promis plus de 2,5 milliards d'euros pour renforcer les forces de sécurité, mais aussi pour développer la culture au sens large: à chaque euro dépensé dans la sécurité doit correspondre un euro pour la culture.

 Au risque de s'isoler et d'en payer un jour le prix, estiment Panebianco
et d'autres experts.

 Il sera par exemple bien difficile pour l'Italie de faire contre-poids à l'Allemagne, avec qui Renzi a eu une "explication" lors du dernier sommet européen de décembre, après "avoir perdu l'occasion" d'exprimer sa solidarité avec la France dont le soutien est pourtant essentiel, juge l'éditorialiste.

 "L'Italie aurait dû démontrer une solidarité plus active", juge également pour l'AFP Giampero Gramaglia, chercheur auprès de l'Institut des affaires internationales à Rome.

  L'Allemagne elle-même, autre pays peu enclin aux expéditions militaires, a en effet annoncé un renforcement de l'engagement de la Bundeswehr, en particulier au Mali, pour soulager la France après les attentats de novembre.

  L'Italie aurait pu faire la même chose au Liban, où des militaires italiens et français sont déjà engagés, estime Gramaglia.
   Le gouvernement italien se défend en mettant aussi en avant son engagement en Libye, devenue un autre pôle du groupe terroriste Daech que la France frappe en Syrie.
   Rome a confirmé sa volonté de prendre la tête d'une force d'intervention dans ce pays, en proie au chaos depuis la révolte contre Mouammar Kadhafi en 2011 dès qu'un gouvernement libyen d'union aura été formé et en aura fait la demande.
 
 Mais il s'agira essentiellement d'une mission de protection des institutions: "pas question d'aller dans cette ancienne colonie pour faire la guerre", a souligné à l'AFP le président de la commission défense au sénat italien, Nicola Latorre.