23-11-2024 03:15 AM Jerusalem Timing

L’Arabie envisage l’introduction en Bourse du géant pétrolier Saudi Aramaco

L’Arabie envisage l’introduction en Bourse du géant pétrolier Saudi Aramaco

Aramco gère la quasi-intégralité des immenses ressources en hydrocarbures du royaume.

L'Arabie saoudite envisage l'introduction en Bourse du géant pétrolier Saudi Aramco, propriété de l'Etat, a déclaré le puissant vice-prince héritier Mohammed ben Salmane à l'hebdomadaire The Economist, alors que Ryad a annoncé un déficit budgétaire record pour 2015 et une prévision pessimiste pour cette année.

"C'est quelque chose qui est à l'étude", répond Mohammed ben Salmane, jeune fils du roi Salmane, interrogé sur la possibilité d'une mise sur le marché d'actions de Saudi Aramco. "Je crois que c'est dans l'intérêt du marché saoudien et dans l'intérêt d'Aramco".

Interrogé par l'AFP, Aramco n'était pas en mesure de réagir à ces déclarations dans l'immédiat.

"Nous pensons qu'une décision sera prise dans les prochains mois", poursuit dans un entretien réalisé le 4 janvier, le prince Mohammed qui préside le principal conseil de coordination économique du royaume et supervise Saudi Aramco.

"C'est dans l'intérêt de plus de transparence, et d'enrayer la corruption, s'il y en a, qui pourrait entourer Aramco", ajoute le prince, également ministre de la Défense.

L'Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole et la compagnie nationale Aramco (pour Arabian American Oil Company) gère la quasi-intégralité des immenses ressources en hydrocarbures du royaume et est à ce titre une des premières compagnies pétrolières mondiales.

Cette annonce intervient alors que Ryad a fait état fin décembre d'un déficit budgétaire record pour 2015 (89,2 milliards d'euros) et une prévision pessimiste pour 2016 (déficit de 80 milliards d'euros), sous l'effet d'une baisse de plus de 60% des prix du brut depuis l'été 2014.

Première économie arabe, l'Arabie saoudite s'est notamment résignée à réduire les généreuses subventions sur les carburants, des mesures qui auront un impact douloureux pour une population habituée à l'Etat-providence.

Mais, assure le prince Mohammed, le royaume est "loin" d'une crise économique, car il a encore d'amples réserves et des revenus non-pétroliers en augmentation.

Des experts estiment que Ryad, chef de file de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), est en partie responsable de cette dégringolade des cours en raison de son insistance à défendre ses parts de marché plutôt que les prix. 

'Des temps difficiles' 

Selon les analystes, le royaume ne mettra sur le marché qu'un petit nombre d'actions.

"Cela génèrera un peu de liquidités pour le pays tout en permettant de donner une idée sur la valeur d'une entreprise qui sans aucun doute est l'un des plus grands groupes dans le monde", estime Ole Hansen de Saxo Bank.

Pour Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis, l'introduction en Bourse montre la détermination du royaume à régler les conséquences économiques de la chute des prix du brut.

"Ce pourrait être un très grand pas en avant et cela signifie aussi que les prix du pétrole resteront bas pendant un certain temps", ajoute cet expert.

D'autres analystes conviennent qu'une introduction en Bourse d'Aramco n'aurait qu'un impact limité sinon aucun sur le marché du pétrole.

Pour Jasper Lawler, de CMC Markets, les Saoudiens cherchent à "générer des liquidités en des temps difficiles".

Le royaume a choisi de vendre des parts dans toutes les principales entreprises publiques.

L'an dernier, il a ouvert sa Bourse aux "investisseurs étrangers habilités", permettant ainsi à des banques étrangères, des maisons de courtage, des fonds d'investissement ou des compagnies d'assurance basées hors du Golfe d'"opérer sur des actions cotées".

En novembre 2014, la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire du royaume, celle de la banque saoudienne National Commercial Bank (NCB), avait permis de lever 6 milliards de dollars.

"L'introduction en Bourse d'Aramco sera un évènement majeur qui va attirer l'attention des investisseurs vers ce marché et apporter des liquidités au royaume", souligne Christopher Dembik, de Saxo Bank.

"Envisager cette possibilité prouve d'autre part que la guerre des prix (du pétrole) pèse sur les finances du pays et sur sa capacité à investir dans le secteur pétrolier".